Le pape François demande la libération des six religieuses enlevées en Haïti. L’évêque : “Prenez-moi à leur place”

Lors de l’Angélus, le pape François a lancé un appel pour la libération des six religieuses de la congrégation de Sainte-Anne qui ont été enlevées vendredi dernier à Port-au-Prince, la capitale d’Haïti. Les religieuses ont été prises en otage par des hommes armés qui ont bloqué un bus dans lequel elles voyageaient avec d’autres passagers. Tous ont été enlevés, y compris le chauffeur.

J’ai appris avec douleur la nouvelle de l’enlèvement en Haïti d’un groupe de personnes, dont six religieuses, et je prie pour l’harmonie sociale dans le pays”, a déclaré François.
Je prie pour que tout le monde mette fin à la violence, qui cause tant de souffrances à cette chère population”.

L’enlèvement, confirmé par un communiqué de presse de la Conférence des Religieux d’Haïti, est également vivement dénoncé par Monseigneur Pierre-André Dumas, évêque d’Anse-à-Veau et de Miragoâne, qui condamne “avec vigueur et fermeté ce nouvel acte haineux et barbare, qui ne respecte même pas la dignité de ces femmes consacrées qui se donnent corps et âme à Dieu pour éduquer et former les jeunes, les plus pauvres et les plus vulnérables de notre société”.
Dans cette note, l’évêque demande la libération des otages et la fin de “ces pratiques ignobles et criminelles”. Il invite ensuite “toute la société haïtienne à s’unir pour former une véritable chaîne de solidarité autour de toutes les personnes kidnappées dans le pays, pour obtenir leur libération et assurer leur retour rapide et en toute sécurité auprès de leurs familles et de leurs proches! Dumas se propose même comme otage à leur place.

En Haïti, on attend le déploiement de plus d’un millier d’agents kenyans dans le cadre d’une mission internationale de maintien de la paix dirigée depuis Nairobi. Un accord a été conclu pour aider à lutter contre la criminalité, tandis que des manifestations contre l’insécurité ont été organisées dans le pays. Les habitants de Port-au-Prince, la capitale d’Haïti, ont érigé des barricades pour se défendre contre la violence des gangs qui règnent sur la ville et qui ont attaqué le quartier de Solino ces dernières heures pour y faire des raids et y semer le chaos. Des colonnes de fumée se sont élevées dans le ciel et de nombreux habitants ont appelé les stations de radio pour demander de l’aide. On estime que les gangs contrôlent jusqu’à 80 % de Port-au-Prince et qu’ils sont soupçonnés d’avoir tué près de 4 000 personnes et d’en avoir enlevé 3 000 autres l’année dernière.

Jeudi, le quartier de Solino, au sud de Port-au-Prince, a été le théâtre de violents échanges de coups de feu entre gangs rivaux et en particulier un groupe armé du quartier voisin de Bel-Air. Les affrontements auraient fait une vingtaine de morts, selon le responsable local d’une organisation de défense des droits de l’homme.
D’autres quartiers de la capitale, tels que Carrefour Péan et Delmas 24, ont également été la cible d’attaques de gangs. Dans les rues de Port-au-Prince, les habitants ont érigé des barricades pour se protéger (photo). Depuis plusieurs semaines, les enlèvements se multiplient à Port-au-Prince. La semaine dernière, un médecin et un juge de paix ont été enlevés avant d’être libérés après le versement d’une rançon.

Irina Smirnova