Ceux qui gèrent les affaires publiques doivent toujours être inspirés par la conviction que « la paix est le fruit de la justice », car l’harmonie « se réalise lorsque chacun s’engage non seulement pour ses propres intérêts et sa propre vision, mais dans l’intérêt de tous, pour construire des ponts, favoriser les accords et les synergies, unir les forces afin de vaincre toute forme de misère morale, économique, sociale, et promouvoir la paix et la concorde ». Tel est l’avertissement du pape François dans son discours adressé à quelque 300 représentants institutionnels, de la société civile et du corps diplomatique réunis au Palais présidentiel de Jakarta, où le Pontife a été accueilli par le chef de l’État, Joko Widodo.
Hier, à son arrivée, François a immédiatement rencontré, dans le bâtiment de la Nonciature qui l’héberge, un total de 40 personnes parmi des orphelins, des personnes âgées, des pauvres et des réfugiés accompagnés par ceux qui les assistent quotidiennement : les sœurs dominicaines, le Service Jésuite des Réfugiés et la Communauté de Sant’Egidio. En particulier, Vatican News rapporte qu’il y avait également des « pauvres qui vivent dans la rue, qui collectent les déchets et les recyclent, appelés les hommes des chariots », ainsi que des réfugiés de Somalie et du Sri Lanka, ces derniers étant partis il y a des mois sur un bateau en direction de l’Australie, mais l’embarcation a chaviré en mer et ils ont survécu par miracle.
François pensait certainement à leurs mésaventures et aux souffrances des jeunes conscrits qui perdent la vie dans une guerre absurde en Ukraine, ainsi qu’au peuple palestinien soumis à Gaza et en Cisjordanie à ce qui est certainement un génocide perpétré avec le silence complice de l’Occident, lorsqu’il a évoqué « l’émergence de conflits violents dans diverses régions, qui sont souvent le résultat d’un manque de respect mutuel, de la volonté intolérante de faire prévaloir à tout prix ses propres intérêts, sa propre position ou son propre récit historique partiel, même lorsque cela implique des souffrances sans fin pour des collectivités entières et débouche sur de véritables guerres sanglantes ».
François a dénoncé l’absence trop fréquente « d’un engagement réel et prospectif pour construire la justice sociale », ce qui entraîne que « une partie considérable de l’humanité est laissée en marge, sans les moyens d’une existence digne et sans défense face à de graves et croissants déséquilibres sociaux, qui déclenchent des conflits aigus ».
Il a également loué l’Indonésie, qui offre au monde l’exemple d’un taux de natalité élevé, avec des familles – a-t-il observé spontanément – qui ont « trois, quatre, cinq enfants » et « qui continuent d’avancer, alors que dans d’autres parties du monde, la solution aux déséquilibres, a-t-il stigmatisé, consiste à ‘limiter les naissances, à limiter la plus grande richesse qu’un pays possède’ ».
Sante Cavalleri