Le pape François suit avec espoir le travail de la diplomatie (pas seulement vaticane) pour arrêter les massacres insensés autant qu’atrocement criminels des guerres actuelles, à commencer par le conflit israélo-palestinien et celui de l’Ukraine, et manifestement il est déconcerté par les positions et propositions glaçantes véhiculées avec emphase par les médias occidentaux, comme bloquer l’aide alimentaire au peuple palestinien pour ne pas exposer les soldats israéliens au risque ou faire intervenir les armées des pays de l’OTAN pour vaincre la Russie, manifestement en train de gagner au Donbas.
“Je me demande si vous pensez vraiment que vous construisez un monde meilleur”, a-t-il demandé aujourd’hui à l’Angélus, “de cette manière, pensez-vous vraiment que vous parviendrez à la paix ? Assez, s’il vous plaît ! Disons tous : assez, s’il vous plaît ! Stop ! J’encourage la poursuite des négociations en vue d’un cessez-le-feu immédiat à Gaza et dans toute la région, afin que les otages puissent être libérés immédiatement et retrouver leurs proches qui les attendent avec impatience, et que la population civile puisse accéder en toute sécurité à l’aide humanitaire dont elle a un besoin urgent. Et s’il vous plaît, n’oublions pas l’Ukraine tourmentée, où tant de gens meurent chaque jour. Il y a tant de souffrance là-bas”.
S’adressant aux fidèles rassemblés sur la place Saint-Pierre, François a également rappelé que “le 5 mars est la deuxième Journée internationale de sensibilisation au désarmement et à la non-prolifération”. “Combien de ressources, s’est-il exclamé depuis la fenêtre de la troisième loggia du Palais apostolique, sont gaspillées dans les dépenses militaires qui, en raison de la situation actuelle, continuent malheureusement d’augmenter !
Pour sa part, le Souverain Pontife a souhaité ardemment que la communauté internationale comprenne que le désarmement est avant tout un devoir. Le désarmement, a-t-il souligné, est un devoir moral. Mettons-nous cela dans la tête. Et cela demande le courage de la part de tous les membres de la grande famille des nations de passer de l’équilibre de la peur à l’équilibre de la confiance”. Après l’Angélus, François a adressé “un salut affectueux aux jeunes Ukrainiens que la Communauté de Sant’Egidio a convoqués sur le thème “Vaincre le mal par le bien. La prière, les pauvres, la paix”. Chers jeunes, merci pour votre engagement en faveur de ceux qui souffrent le plus de la guerre. Merci !
Dans la brève catéchèse précédente, qu’il est revenu lire en personne alors qu’il se remettait de la grippe, le Pape a exhorté les fidèles à “faire en nous et autour de nous plus de maison et moins de marché”.
“Ne faites pas de la maison de mon Père une place de marché”, a déclaré le pape, citant l’Évangile d’aujourd’hui qui raconte l’expulsion des marchands du Temple, lorsque Jésus renverse les banques des changeurs et remet radicalement en question l’utilisation de la religion “comme une place de marché”, une vision pour laquelle on ne peut être juste avec Dieu qu’en achetant un agneau à consommer “sur les braises de l’autel”.
“Acheter, payer, consommer, puis chacun chez soi” est la dynamique qui décrit bien le marché, a expliqué François. Dans le temple comme maison, c’est le contraire : “on va à la rencontre du Seigneur, pour s’unir à Lui et à ses frères et sœurs, pour partager les joies et les peines”. C’est un changement de relation : de la distance à la proximité, où “les étals” cèdent la place à la “table familiale”, où les prix deviennent des étreintes et les pièces de monnaie des “caresses”.
En effet, le marché “crée une barrière entre Dieu et l’homme et entre frère et frère, alors que le Christ est venu apporter la communion, la miséricorde et la proximité”. L’invitation du Pape Bergoglio est donc de faire des “gestes fraternels” qui rompent le “silence gênant, isolant, parfois même hostile, que l’on rencontre dans tant d’endroits”. “Demandons-nous donc, a-t-il exhorté les fidèles présents aujourd’hui, “avant tout, comment est ma prière ? Est-elle un prix à payer ou un temps d’abandon confiant, où je ne regarde pas l’heure ? Et comment sont mes relations avec les autres ? Est-ce que je sais donner sans attendre la réciprocité ? Est-ce que je sais faire le premier pas pour briser les murs du silence et les fossés de la distance ? On peut y parvenir en s’appuyant sur la Vierge Marie qui est la clé pour “faire maison” avec Dieu et autour de nous.
Sante Cavalleri