“Je pense au cardinal Casaroli, célèbre à juste titre pour son regard ouvert pour soutenir, avec un dialogue sage, les nouveaux horizons de l’Europe après la guerre froide – et Dieu ne plaise que la myopie humaine referme ces horizons qu’il a ouverts !” Ce sont les paroles du Pape François au Consistoire pour la création de vingt nouveaux cardinaux, présidés par lui à Saint-Pierre. Le discours n’abordait pas directement la question de la guerre en Ukraine, mais cette allusion a suffi à préciser son orientation en faveur d’une paix issue de négociations et donc bien distincte de celles des belligérants de plus en plus rigides dans leurs positions. poussés dans ces dangereux retranchements par la politique expansionniste de l’OTAN et par l’envoi d’armes par les pays membres de l’Alliance atlantique.
Casaroli était le protagoniste de la realpolitik voulue par Paul VI, qui l’avait envoyé en mission au-delà du rideau de fer, obtenant le réveil de l’église orientale jusque-là dans des conditions de captivité et faisant entre Une autre élection possible comme pape du cardinal polonais Karol Wojtyla, qui malgré sa méfiance vis-à-vis des interlocuteurs communistes, s’est toutefois retrouvé en fait à le confirmer en nommant Casaroli, son secrétaire d’État.
Casaroli a pu initier le dialogue du Saint-Siège avec Moscou et Pékin, basé sur la reconnaissance mutuelle et le respect institutionnel, qui au cours des 40 dernières années a conduit à des pas en avant incommensurables mis aujourd’hui en danger par la guerre en Ukraine.
Francesco a également rappelé l’activité pastorale de Casaroli à la prison pour mineurs Casal del Marmo et la recommandation que le futur cardinal avait reçue de saint Jean XXIII de “ne jamais abandonner ces enfants”.
“Un cardinal aime l’Église, toujours avec le même feu spirituel, tant pour traiter les grandes questions que pour les petites; à la fois en rencontrant les grands de ce monde, et les petits, qui sont grands devant Dieu”, a commenté le pape, citant également un pasteur italien qui connaissait par cœur non seulement les noms de tous les paroissiens mais aussi ceux de leurs enfants et de tous animaux de compagnie que pourraient avoir les familles qui lui sont confiées.
“Combien d’exemples de ce type – a observé François – pourraient être apportés! Je me souviens du Cardinal Van Thuân, appelé à paître le Peuple de Dieu dans un autre scénario crucial du XXe siècle, et en même temps animé par le feu de l’amour du Christ pour prendre soin de l’âme du geôlier qui veillait sur la porte de sa cellule”.
Comme annoncé, le Card. Giovanni Angelo Becciu (qui était autrefois le représentant du Vatican à Cuba, où il avait contribué à la détente), personnellement invité par François à la cérémonie après avoir été exclu des deux derniers Consistoires à la suite du procès qui l’impliquait et de qu’il quitte désormais grâce à son innocence prouvée, que l’on s’apprête à voir officiellement reconnue dans la sentence du procès pour le Palais de Londres, étant donné que, n’en ayant commis aucun, aucun crime ne pouvait lui être imputé malgré l’insistance persécutrice du promoteur de justice Alessandro Diddi.
“Chers frères et sœurs – le Pape recommandait ce soir aux nouveaux et anciens cardinaux – revenons avec le regard vers Jésus : Lui seul connaît le secret de cette humble magnanimité, de cette douce puissance, de cette universalité attentive aux détails. Le secret du feu de Dieu, qui descend du ciel, l’illumine d’un extrême à l’autre et qui cuit lentement la nourriture des familles pauvres, des migrants ou des sans-abri. Jésus veut jeter ce feu sur la terre aujourd’hui aussi ; il veut la rallumer sur les rives de nos histoires quotidiennes. Il nous appelle par notre nom, chacun de nous, nous regarde dans les yeux et nous demande : ‘Vous nouveaux cardinaux et je demande ce soir à chacun de vous cardinaux, puis-je compter sur vous ?'”.
S.I.