Invité par le Pape François le vendredi 14 mai, le Président de la République Démocratique du Congo et actuel Président de l’Union africaine : Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, a pris la parole lors d’une conférence internationale organisée par le Saint-Siège sur le thème : “nouveau départ dans la perspective du développement humain”.
L’intention du Pape François en organisant cette conférence était d’offrir l’opportunité d’explorer et de discuter des voies de solutions aux problèmes qui concernent en particulier les profondes inégalités qui se creusent de plus en plus entre les pays du Nord et ceux du Sud, dans les domaines financier, technologique et du changement climatique pour définir les contours d’un nouveau départ pour un développement collectif durable.
La conférence a pris comme exemple la République Démocratique du Congo, un pays aussi grand que l’Europe occidentale, riche en ressources naturelles mais dont la majorité de la population vit dans une pauvreté dégradante et sans droits. Une situation créée par plus de 50 ans de dictatures brutales (Mobutu Sese Seko et plus tard Joseph Kabila) en connivence avec une myriade de groupes armés et du groupe terroriste Forces Démocratiques de Libération du Rwanda – FDLR qui occupent de vastes territoires dans les provinces orientales pleines de minéraux précieux et rares.
Le contrôle minier et du territoire exercé par ces forces négatives a leur permis de devenir extrêmement riches grâce au marché noir des minerais, exercé ensemble aux hauts responsables du gouvernement et de l’armée républicaine. La présence de ces groupes armés et terroristes oblige la population à vivre dans un climat infernal de violence et de terreur et empêche un réel développement socio-économique du Congo.
Le président Thisekedi a partagé avec le Saint-Père et les invités de la conférence internationale son leadership visionnaire et unificateur qui tente de résoudre les maux historiques du Congo, pour lancer une Renaissance du géant africain et pour inverser la situation actuelle avec l’objective d’offrir un avenir digne à la population.
Le président congolais a souligné le choix courageux de confier les ministères clés du nouveau gouvernement à des femmes congolaises, considérées comme les personnes les plus aptes et les plus capables pour enfin pouvoir transformer en richesses réelles le potentiel des ressources naturelles du Congo. Des femmes qui ont reçu le mandat de contribuer activement à réaliser rêve de plus de 86 millions de Congolais de vivre dans la paix et la prospérer.
Pour atteindre ces objectifs ambitieux, le président Tshisekedi a illustré sa politique de la Renaissance basée sur trois axes fondamentaux: placer les citoyens congolais au centre des choix politiques et économiques; une croissance économique inclusive et respectueuse de l’environnement qui améliore les conditions sociales de la population; la création d’une société unie débarrassée des divisions ethniques actuelles qui alimentent les conflits internes et le risque de nouvelles guerres panafricaines avec les pays voisins. Le Congo de 1996 à 2004 a connu deux guerres panafricaines pour le contrôle de ses ressources naturelles auxquelles ils ont participé tour à tour: l’Angola, le Tchad, le Congo Brazzaville, l’Éthiopie, le Rwanda, le Zimbabwe, l’Ouganda.
Ces trois axes fondateurs impliquent la mise en œuvre de réformes sociales et économiques radicales, le renforcement de la démocratie et des droits de l’homme, une administration efficace libérée du cancer de la corruption, un État de droit où règne la justice. Un gouvernement qui prépare l’avenir de ses jeunes citoyens par une éducation de qualité et la protection de la santé, la protection de l’environnement, la promotion des nouvelles technologies.
Un accent particulier a été mis sur l’objectif de créer une diplomatie régionale visant à surmonter la haine ethnique et les situations de conflit avec les pays voisins pour initier l’intégration régionale et les partenariats économiques, comme l’espérait le Pape François lors de la rencontre historique avec le président rwandais Paul Kagame qui s’est tenue à la Palais apostolique, Rome le 20 mars 2017.
Au cours de cette réunion, le Saint-Père a présenté la nouvelle politique étrangère pour la région des Grands Lacs et l’objectif du Saint-Siège d’aider à transformer le désert en jardin non seulement au profit de la population rwandaise mais pour tous les peuples de la région. Depuis mars 2017, l’Église Catholique au Burundi, au Congo, au Kenya, au Rwanda, au Soudan du Sud, en Tanzanie et en Ouganda promeuve le renforcement de la démocratie, la défense des droits de l’homme, le travail de réconciliation nationale et régionale et la consolidation de la paix pour le bénéfice des peuples.
Lors de la rencontre, le Pape François a rappelé au Président rwandais que ‘”il est concrètement possible de vivre et de travailler ensemble lorsque la dignité de la personne humaine et le bien commun sont placés au centre de toute décision politique et économique”.
La dernière rencontre physique entre le Saint-Père et le Président de la République Démocratique du Congo a eu lieu au début de la pandémie COVID19, en janvier 2020. Décrite par le historique quotidien catholique français La Croix comme “chaleureuse”, la rencontre a jeté les bases d’un chemin commun pour la paix et le développement des populations congolaises et régionales. Lors de la visite officielle de Tshisekedi, la révision de l’accord-cadre de mai 2016 (qui régit les relations entre l’Église catholique et la République démocratique du Congo) a été signée. La révision de l’accord-cadre renforce la protection de l’œuvre de paix du Saint-Siège dans le grand pays africain.
Le Président de la République, Félix Tshisekedi, afin de pouvoir atteindre les objectifs fixés pour transformer le Congo d’un désert de désespoir et de mort à un jardin d’amour et de paix, a été contraint d’entreprendre une campagne militaire dans les provinces orientales de Ituri et Nord Kivu, pour libérer la population opprimée par la violence primordiale et la barbarie des gangs armés et des terroristes FDLR rwandais. Tshi Tshi Beton (le surnom populaire de Thisekedi) a imposé un état de siège aux deux provinces, plaçant temporairement l’administration publique et la justice sous le contrôle strict de l’armée républicaine: les FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo).
Ces dernières semaines, les premiers succès militaires des FARDC contre des bandes armées mineures ont été enregistrés. Certains d’entre eux se sont rendus, d’autres ont été anéantis. Le vendredi 14 mai, les unités spéciales des FARDC, en collaboration avec les unités de l’armée ougandaise, ont lancé une offensive sur les positions détenues par les rebelles CODECO / URDPC, dans le village d’Ala à Djugu et dans la région de Nyakunde, territoire de Irumu (Ituri).
Le groupe rebelle, composé principalement par des miliciens appartenant au groupe ethnique Lendu (appartenant au groupe ethnique régional des Hutu) a été plusieurs fois accusé par les Nations Unies d’être l’auteur de nombreux massacres contre le groupe ethnique Hema (appartenant au groupe ethnique régional Tutsi) que a aggravé un conflit ethnique qui a débuté en 1999. Les deux groupes ethniques représentent 40% de la population totale de la province d’Ituri.
À l’heure actuelle, la tactique militaire adoptée par le gouvernement de Kinshasa est de neutraliser le réseau des bandes armées mineures créées par les FDLR afin de faire face par la suite à la campagne militaire contre un groupe terroriste qui compte de 14 à 18000 miliciens, une forte pénétration dans le tissu social et économique de l’est du pays et le soutien inconditionnel de la junte militaire burundaise au pouvoir illégalement depuis 2015. Les gouverneurs militaires des provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu ont lancé une invitation à tous les groupes armés à « prendre avantage de l’état de siège pour désarmer volontairement ».
Les deux gouverneurs militaires ont un passé de chefs de mouvements rebelles contre Kinshasa survenus pendant la Seconde Guerre Panafricaine (1998 – 2004) qui ont par la suite abandonné la lutte armée pour s’intégrer dans l’armée républicaine et contribuer au projet de relance de leur pays. Tous deux ont une longue expérience des tactiques de guérilla qui leur permet désormais d’avoir un avantage tactique militaire sur les groupes armés qui infestent les provinces orientales du Congo.
Fulvio Beltrami