La première visite d’un Secrétaire d’État du Saint-Siège dans la Principauté de Monaco. Parolin: “coopération au niveau de la communauté internationale”

À l’occasion du 40e anniversaire de la Convention signée entre le Saint-Siège et la Principauté de Monaco, le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’État du Saint-Siège, se rend en visite à Monaco, du 17 au 19 juillet.
Point culminant de cette visite inédite pour le cardinal et diplomate italien, un programme religieux avec une messe pontificale en la Cathédrale de Monaco, édifice romano-byzantin perché sur le Rocher, avant, dans l’après-midi, de rencontrer prêtres et fidèles du diocèse, et de célébrer l’office des Vêpres.

Depuis la signature au Vatican de cette Convention de 1981, le Saint-Siège et la Principauté ont conservé des relations très privilégiées, s’appuyant sur une histoire et des caractéristiques similaires. Les deux micro-États souverains, d’une superficie de 0,44 km2 pour le Vatican et de 2 km2 pour Monaco, ont pour religion d’État le catholicisme. Une évidence pour le Saint-Siège, une originalité pour Monaco. Le catholicisme inscrit comme tel dans l’article 9 de la Constitution de Monaco est en effet un fait unique au monde, que Monaco partage avec la seule République de Malte, autre micro-État.
Mais la confessionnalité de l’État monégasque va au-delà des différents accords passés. «Elle est dans l’ADN des institutions monégasques», explique par exemple le vicaire général de Monaco, Mgr Guillaume Paris, sur la chaîne YouTube officielle du diocèse. Concrètement, cela signifie que la cité-État monégasque contribue à l’entretien et aux activités de l’Église. L’instruction religieuse fait partie des matières enseignées dans les écoles, aussi bien privées que publiques, de la Principauté. Monaco et le Saint-Siège ont aussi la même position concernant l’avortement, dans la mesure où les deux États défendent à valeur égale la vie de la mère enceinte et de l’enfant à naître.

Entretien de Vatican News avec le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’État du Saint-Siège

Éminence, pourquoi est-ce important de manifester par votre visite la proximité du Saint-Siège à la Principauté, à l’occasion des 40 ans de cette Convention?

J’étais très honoré d’accepter l’invitation des autorités monégasques, du Prince, car il me semble important de souligner cet anniversaire qui a permis d’élever le diocèse de Monaco au rang d’archidiocèse. Il manifeste les bonnes relations qui existent entre la Principauté et le Saint-Siège et l’estime et l’appréciation manifestées par le saint Pape Jean-Paul II, qui avait à l’époque rédigé ce document.

Je souhaite aussi souligner le processus de croissance de l’Église monégasque, malgré le fait qu’elle soit petite d’un point de vue territorial, elle est importante.

Du point de vue du Saint-Siège, comment regardez-vous cette exception que représente Monaco aujourd’hui dans le paysage européen, ce statut rare, d’État officiellement catholique?

Nous la regardons d’abord comme un héritage du passé, mais aussi comme une opportunité. Ma présence ici veut dire que l’on apprécie encore cette formule, qui permet d’un côté la collaboration très constructive avec l’État dans la distinction et l’autonomie de chaque réalité. La collaboration, et en même temps, la reconnaissance du rôle public de la religion. C’est important dans un monde où l’on a tendance à reléguer la religion dans la vie privée, et à dire qu’elle n’a pas de rapport avec la vie sociale. Or, elle a une contribution à apporter, surtout au niveau des principes et valeurs, et dans l’attention aux plus vulnérables et aux plus pauvres, sans toucher à la liberté religieuse.

Sur quels sujets le Saint-Siège collabore-t-il étroitement avec la Principauté?

Sur le plan des valeurs tout d’abord, faire comprendre qu’elles sont la base de la vie sociale et politique. Ensuite, vient la coopération au niveau de la communauté internationale. Monaco a plusieurs projets pour les pauvres et vulnérables, l’Afrique, le Moyen-Orient. Nous pouvons établir des partenariats et collaborations en ce sens, et j’espère que cette visite puisse lancer ce processus.

Le Pape aime beaucoup parler des périphéries, Monaco est bien un centre économique. Mais c’est la vocation de l’Église que d’être présente dans tous les milieux sociaux. L’Église monégasque est petite territorialement mais doit sensibiliser la société sur les valeurs de l’Évangile.