L’ONU inquiète pour les réfugiés syriens dans un Liban en crise entre économie en berne, crise politique et reconstruction du port à l’arrêt

Le Liban traverse une période sociale et politique difficile. Le pays vit une profonde crise économique, accentuée par la dévaluation de la monnaie locale et aggravée par l’impasse politique et la pandémie de Covid-19. Un tableau bien sombre. Le gouvernement a en effet démissionné en août dernier, après l’explosion dévastatrice dans le port de Beyrouth. Depuis, la classe politique et les institutions n’ont pas trouvé d’accord pour former un nouvel exécutif.

La capitale libanaise était considérée la Montecarlo de l’Orient jusqu’aux années 2000. Une ville dynamique, berceau de la civilisation phénicienne.En août dernier, la gigantesque déflagration a provoqué la destruction du port et de la partie nord-est de Beyrouth. Le bilan de cette catastrophe est très lourd : 204 morts, environ 7000 blessés et 300 000 déplacés. Une explosion qui a entraîné aussi une crise économique encore plus grave. Le port commercial de la capitale contribuant à 70% du revenu du pays, son arrêt a augmenté le chômage et aggravé les dommages économiques.

Une situation qui s’ajoute à la pandémie en cours et à l’énorme dette qui, en 2020, a atteint les 93 milliards de dollars, et à la perte de la valeur de la monnaie locale qui a appauvri tous les salaires.C’est dans ce contexte que le problème de l’accueil des réfugiés syriens sur le territoire libanais continue de subsister.

Ainsi, le nouveau représentant de l’UNHCR au Liban, Ayaki Ito, a exprimé son inquiétude quant à la grande vulnérabilité et les difficiles conditions de vie des réfugiés syriens. En décembre dernier, le rapport annuel de l’ONU à ce sujet a révélé que 89% de ces déplacés vivaient sous le seuil de pauvreté extrême. “Nous sommes aussi préoccupés par les tensions entre réfugiés syrien et Libanais” a ainsi déclaré le représentant. “Nous avons déjà constaté quelques incidents, et tous souffrent de l’économie en berne” alerte-t-il.

Après l’explosion, le gouvernement n’a mis en place aucun programme de reconstruction, qui a été confié uniquement à des investisseurs étrangers, en particulier français, et à des organisations internationales et ONG. A ce jour, seule une petite partie du port fonctionne et les marchandises sont redirigées vers d’autres zones du Liban et vers le port turc de Mersin. La reconstruction des structures portuaires sont pourtant une nécessité pour relancer les activités commerciales du pays, ainsi que pour faire renaître ce symbole de l’identité nationale dans la capitale.

De nombreux jeunes libanais se sont mis au travail pour proposer des projets de reconstruction du port. Des personnalités, comme le chanteur franco-libanais Mika, ont lancé des collectes de fonds. L’Union européenne a fait don de 30 milliards d’euros, la Turquie fournit main d’oeuvre et moyens matériels, et diverses associations ont recruté des bénévoles pour nettoyer la zone des débris et réduire ainsi la dégradation environnementale.La situation est actuellement très grave et tendue, et on y alerte sur une “explosion sociale” imminente, avec de lourdes répercussions sur la sécurité intérieure. Dans ce contexte, il est urgent et nécessaire qu’un nouveau gouvernement soit formé pour mettre en place des solutions à la situation, en faisant une série de réformes économiques et administratives.

Stefano Recchia