C’est ce 24 juillet que s’est tenue la première prière musulmane à Sainte-Sophie, le musée d’Istanbul tout juste reconvertie en mosquée. Lors de cette prière du vendredi, le président turc Recep Tayyip Erdogan était présent et a récité une sourate du Coran. L’édifice, à nouveau religieux, sera divisé en cinq espaces de prières, dont deux réservés aux femmes.
Dans le cadre de la crise sanitaire mondiale, contrôles et cliniques mobiles sont prévues au sein du site jusqu’alors très visité par les touristes. Musée depuis 1935, Sainte-Sophie avait été construite comme une basilique byzantine en 537 avant de devenir une mosquée en 1453.
Propagande politique
Pour Francesco Mazzucotelli, professeur spécialiste de l’Histoire de la Turquie et du Proche-Orient à l’Université de Pavie, la décision de R. T. Erdogan “s’avère parfaitement cohérente avec la propagande politique que le président turc à la tête de l’Akp, (son Parti de la Justice et du Développement) mène depuis des années”.
“Les inquiétudes exprimées par le Pape et le Patriarche de Constantinople sont liées à la dimension religieuse et sont légitimes et compréhensibles, mais c’est flagrant de voir comme les réactions partagées ces dernières semaines révèlent la projection idéologique qui est fait de ce lieu qui, cycliquement, évoque les nostalgies liées à deux empires différents. C’est là que s’arrête la religion et commence la politique” selon le professeur italien, “surtout à la politique qui s’auto-définit comme ‘identitaire’ et qui, avec ses déclarations irritées, ne fait que faire le jeu de Erdogan” estime le chercheur qui appelle à avoir une “réflexion plus large et plus profonde” notamment sur la “muséification” de certains espaces, comme ceux qui étaient dédies à la prière mais “l’élément de culte” a été retiré.