Vatican : les migrants au cœur du prochain Synode des évêques en 2022 ?

Ceux qui imaginaient que le rejet du sujet des prêtres mariés dans l’Exhortation “Chère Amazonie” signaleraient le début d’une phase conservatrice du Pontificat de François doivent être déçus. Les 6 et 7 février dernier s’est tenue la première réunion du XVè Conseil ordinaire du Secrétariat général du Synode des évêques, présidée par le Pape François. Le Conseil a réfléchi, entre autres choses, “aux conséquences du phénomène migratoire en acte dans différentes régions de la planète” a fait savoir la Salle de presse du Saint-Siège.

“En raison des guerres, des inégalités économiques, de la recherche de travail et de terres plus fertiles, des persécutions religieuses, du terrorisme, de la crise écologique, etc., de nombreuses personnes sont contraintes de se déplacer d’un pays à l’autre. Les effets sont souvent dévastateurs”, explique le communiqué.

La tragique situation des migrants

“Les gens sont désorientés, les familles détruites, les jeunes traumatisés et ceux qui restent à la maison sont voués au désespoir. Parfois, ces personnes souffrent dans les camps de réfugiés et certaines finissent même en prison. Les femmes et les jeunes sont contraints de se prostituer; ils sont victimes d’abus physiques, sociaux et sexuels. Les enfants sont séparés de leurs parents et privés du droit de grandir dans la sécurité d’une famille unie”.

Face à cela, le Conseil du Synode rappelle que “l’Église, tout en déplorant les raisons d’un mouvement de population aussi massif, est appelée à offrir réconfort, consolation et accueil à tous ceux qui souffrent d’une manière ou d’une autre. Elle s’identifie aux pauvres, aux petits et aux étrangers, considérant comme faisant partie de sa mission prophétique l’engagement d’élever sa voix contre l’injustice, l’exploitation et la souffrance”.

L’Église, en même temps, “apprécie les gouvernements et les organisations non gouvernementales qui manifestent leur intérêt et s’engagent à aider ceux qui sont contraints de se déplacer. Elle soutient ceux qui tentent d’initier des politiques favorables à l’accueil de ces personnes dans leurs communautés. Elle espère que les gouvernements locaux feront face aux situations qui obligent les gens à quitter leur domicile. Elle demande de la vigilance contre la traite et un engagement à promouvoir la fin des conflits qui causent tant de souffrances”. Ainsi, cette réunion a fait ressortir ce thème comme un sujet possible de réflexion pour le prochain Synode ordinaire en 2022 au Vatican.

L’Exhortation post-synodale, complément littéraire du Document final

Au sujet du célibat des prêtres, l’opinion de l’archevêque de La Plata (Buenos Aires, Argentine) Víctor Manuel Fernández, théologien de confiance du cardinal Bergoglio à l’époque, a été entendue : “certaines personnes progressistes, lors du Synode, regrettent que les attentes aient été concentrées sur les prêtres mariés au lieu de regarder, plus largement, les besoins de l’Amazonie. Il s’agit d’offrir plus d’autorité aux laïcs et aussi de les accompagner, afin qu’ils puissent prendre les rênes de l’Église amazonienne”.

Pour l’archevêque, toutefois, “nous ne devons pas dire, comme certains médias l’ont dit, que François a fermé la porte ou a exclu la possibilité d’ordonner des hommes mariés. En effet, dans l’introduction, François limite la portée de son document”. Le prélat argentin souligne que le fait que “pour la première fois, une Exhortation apostolique ne constitue pas une interprétation du Document final du Synode ou une limitation de son contenu. C’est seulement un cadre complémentaire à ce document”, l’Exhortation le complétant “sans l’annuler”. Il s’agit d’une “grande nouveauté, qui malheureusement n’a pas été remarquée”.

Mgr Fernández a aussi dit apprécié le point de vue littéraire du texte, “peut-être le plus beau que Français ait écrit. Il est aussi significativement prophétique, en partie inhabituellement dur dans sa critique sociale”. Il reflète “les douleurs et l’angoisse de François” et avertit qu’il serait une erreur de “faire taire la voix prophétique de ce texte pour la société, la politique et les mouvements sociaux”.