Appel des évêques italiens pour arrêter les massacres à Goma, où la population civile subit des violences de la part de l’armée en retraite

«Nous lançons notre appel pressant pour que le massacre à Goma et dans les autres régions de la République Démocratique du Congo en proie à la violence cesse : ça suffit ! » affirme la Présidence de la Conférence Épiscopale Italienne (CEI), qui dénonce « un massacre qui fait principalement des victimes parmi les civils, sans épargner les enfants, y compris les nouveau-nés, les femmes et les personnes sans défense».

La CEI exprime sa proximité avec la population et avec ceux qui sont engagés dans une crise humanitaire sans précédent, reprenant les paroles du Pape François : « J’exhorte toutes les parties en conflit à s’engager pour la cessation des hostilités et pour la protection de la population civile de Goma et des autres zones concernées par les opérations militaires ». Le Pape a également invité « les autorités locales et la communauté internationale à un engagement maximal pour résoudre le conflit par des moyens pacifiques ».

La CEI rappelle que, depuis 1991, elle a soutenu des interventions en République Démocratique du Congo pour un montant de 136 millions d’euros et, grâce aux fonds du 8xmille, elle a financé 1 236 projets en réponse aux urgences et pour le développement socio-économique : « Pour faire face à cette nouvelle urgence, il a été décidé d’allouer un million d’euros. Notre engagement en faveur de la promotion de la dignité humaine et d’un avenir de paix ne faiblira pas ».

La ville de Goma, située à l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), paie un prix extrêmement élevé pour sa richesse minière, qui en fait un territoire très convoité. Après avoir été récemment libérée du groupe M23, la ville a été le théâtre de violences de la part des troupes gouvernementales en retraite, aggravant encore une situation humanitaire déjà précaire.

Lors de leur retrait, les forces armées congolaises (FARDC) ont été accusées de graves exactions contre la population civile. Selon des témoignages recueillis, des soldats ont perpétré des pillages, des viols et d’autres formes de violence, plongeant la population dans la terreur et l’insécurité. Ces actes ont exacerbé la crise humanitaire, déjà aggravée par les affrontements entre les FARDC et le M23.

Les hôpitaux locaux, comme Bethesda et Kyeshero, sont surchargés, avec plus de 3 000 blessés hospitalisés en raison des récents combats. Les structures sanitaires manquent de fournitures médicales, obligeant de nombreux patients à partager des lits ou à s’allonger à même le sol. Le manque de médicaments essentiels et les interruptions des chaînes d’approvisionnement compliquent encore davantage la réponse sanitaire.

Les déplacés, réfugiés dans des centres d’accueil improvisés à Goma, craignent de rentrer chez eux par peur de nouvelles violences et d’abus sexuels. Malgré les appels à la normalité lancés par les rebelles du M23, de nombreux habitants ne se sentent pas en sécurité en raison des signalements continus de violences sexuelles et d’assassinats.

La communauté internationale a exprimé son inquiétude face à l’escalade du conflit et aux graves violations des droits de l’homme. Le Conseil de Sécurité des Nations Unies a condamné les actions du M23 et a souligné le soutien du Rwanda au groupe rebelle, soulevant ainsi la crainte d’un conflit régional plus vaste.

Dans ce contexte, la population de Goma se retrouve piégée, confrontée à une crise humanitaire d’une ampleur alarmante. Il est essentiel que la communauté internationale intensifie ses efforts pour protéger les civils et garantir l’accès à l’aide humanitaire, tout en travaillant à une solution politique durable au conflit.

Sante Cavalleri