Goma libérée : le Mouvement M23 et la nouvelle ère de démocratie pour le Congo (Jalel Lahbib)

Goma est enfin libre! Dans la nuit du 26 janvier 2025, le Mouvement M23 a pris le contrôle total de la capitale du Nord-Kivu, une conquête stratégique qui marque un tournant décisif dans la lutte du peuple congolais pour la démocratie et l’État de droit.

La population, lassée des violences incessantes et de l’oppression du gouvernement central de Kinshasa et de l’armée FARDC, a accueilli les combattants du M23 comme des libérateurs. Dans les rues de Goma, un vent d’espoir souffle : la fin d’une ère de corruption et d’abus semble enfin proche.

Ces derniers mois, la situation au Nord-Kivu était devenue intenable. Les FARDC, l’armée officielle de la République Démocratique du Congo, se sont rendues coupables de violences indiscriminées, de pillages et d’abus envers la population civile. L’absence d’un État fonctionnel a laissé place à un système kleptocratique qui a affamé la population, tandis que les richesses minières de la région étaient exploitées par des puissances étrangères en connivence avec les élites de Kinshasa.

La situation s’est aggravée davantage avec l’arrivée de troupes étrangères, principalement des soldats burundais, kényans et tanzaniens, qui étaient censés défendre Goma mais se sont révélés inefficaces face à l’avancée du Mouvement M23. Le gouvernement central, incapable de garantir la sécurité des citoyens, s’est retiré honteusement de la ville.

Le point de bascule a été atteint lorsque le M23 a conquis Saké, une localité stratégique à quelques kilomètres de Goma. Les FARDC ont tenté une contre-offensive avec au moins vingt chars, mais les combattants du M23, bien entraînés et équipés de missiles antichars fabriqués aux États-Unis, ont repoussé l’attaque avec succès, démontrant leur supériorité tactique et stratégique.

L’attaque sur Goma a commencé par la prise de l’aéroport international, une infrastructure stratégique pour le contrôle de la ville. Conscientes de leur infériorité militaire et de l’absence de soutien populaire, les FARDC ont abandonné leurs positions sans réelle résistance. Avant de se retirer, cependant, les soldats du gouvernement se sont livrés à des crimes contre la population civile, pillant des banques, des magasins et des habitations privées. De nombreux civils ont été tués, un dernier acte de brutalité qui a encore renforcé la haine de la population locale envers le gouvernement central.

L’avancée du M23 a été accueillie avec joie par les habitants de Goma, qui ont vu dans les combattants du mouvement non seulement des libérateurs, mais aussi une force capable de rétablir l’ordre et la justice.

Avec la prise de Goma, le M23 a immédiatement instauré un gouvernement provisoire, une étape cruciale vers la création d’un système politique fondé sur la Démocratie et l’État de droit. Le mouvement a déclaré que son objectif était de libérer non seulement le Nord-Kivu, mais aussi le Sud-Kivu, mettant fin à l’oppression du gouvernement central. Ce n’est qu’après avoir consolidé le contrôle des provinces orientales que le M23 se dirigera vers Kinshasa, déterminé à apporter le changement à toute la République Démocratique du Congo.

Le gouvernement provisoire a déjà annoncé des mesures pour garantir la sécurité de la population et commencer la reconstruction des infrastructures détruites par le conflit. Parmi les priorités figurent la restauration des services essentiels, la protection des ressources naturelles de la région et la création d’opportunités économiques pour les habitants locaux.

Les provinces orientales de la RDC, riches en minerais tels que le coltan, l’or, les diamants et le cuivre, sont depuis les années 1960 au centre d’une lutte géopolitique impliquant de nombreux acteurs internationaux. Les États-Unis, la Belgique, la France, la Russie, la Chine, le Kenya, l’Angola, le Rwanda, l’Ouganda, la Tanzanie et l’Afrique du Sud ont tous des intérêts économiques et stratégiques dans la région, agissant souvent en collusion avec le gouvernement de Kinshasa ou contre lui pour exploiter les ressources locales au détriment de la population. La lutte du M23 ne vise pas seulement un gouvernement corrompu, mais aussi le néocolonialisme qui continue d’appauvrir l’une des régions les plus riches de la planète.

Le M23 s’oppose fermement à cette exploitation et s’engage à protéger les richesses du Congo au bénéfice du peuple congolais. Il entend collaborer avec les puissances étrangères mais par le biais d’accords équitables qui pourraient développer la RDC et sortir la population de l’horrible réalité de la pauvreté absolue. Actuellement, les accords d’exploitation des ressources naturelles congolaises sont exclusivement à l’avantage des puissances étrangères, des politiciens de Kinshasa et des généraux des FARDC.

Le Mouvement M23 se présente comme une force populaire, née de la nécessité de mettre fin à des décennies d’injustices et d’abus. Sa mission est claire : construire un État congolais fort, démocratique et respectueux des droits de ses citoyens. Contrairement aux FARDC, le M23 a démontré qu’il était une force disciplinée, respectueuse de la population civile et déterminée à apporter la paix et la stabilité dans la région.

La conquête de Goma représente un moment historique, non seulement pour le Nord-Kivu, mais pour toute la République démocratique du Congo. Elle est le signe que le changement est possible et que le peuple congolais n’est plus disposé à tolérer l’oppression et la corruption.

Le Mouvement du 23 Mars (M23) est né en 2012, composé principalement d’anciens membres du groupe rebelle Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP), qui avaient précédemment signé un accord de paix avec le gouvernement de Kinshasa le 23 mars 2009. Lorsque le gouvernement n’a pas respecté les engagements pris, notamment l’intégration des combattants du CNDP dans l’armée nationale et la protection des communautés locales, les membres du CNDP ont fondé le M23 pour poursuivre leur lutte.

Au fil des années, le M23 a gagné le soutien de nombreuses communautés locales, qui voient dans le mouvement une alternative au gouvernement central corrompu et inefficace. Malgré les accusations de soutien par des puissances étrangères comme le Rwanda et l’Ouganda, le M23 a toujours réaffirmé sa nature de mouvement congolais, né pour défendre les intérêts du peuple et promouvoir la démocratie.

La prise de Goma par le Mouvement M23 est un événement d’une portée historique qui pourrait marquer le début d’une nouvelle ère pour la République démocratique du Congo. Le peuple du Nord-Kivu a clairement exprimé son soutien au mouvement, le considérant comme le seul espoir pour un avenir meilleur. Avec un gouvernement provisoire déjà en place et des objectifs clairs pour l’avenir, le M23 se prépare à apporter le changement non seulement dans les provinces orientales, mais dans tout le pays.

Alors que le monde observe, le M23 se dresse comme un symbole de résistance et d’espoir, une force déterminée à rétablir la justice et la démocratie dans une terre trop longtemps dévastée par les conflits et l’exploitation. La lutte est loin d’être terminée, mais pour le peuple de Goma, l’avenir n’a jamais semblé aussi prometteur.

Jalel Lahbib