De nouvelles révélations publiées par le quotidien Il Giornale jettent une lumière encore plus troublante sur le procès qui a conduit à la condamnation du cardinal Angelo Becciu pour sa gestion des fonds du Saint-Siège. Parmi les documents déposés à l’ONU par le financier Raffaele Mincione, apparaissent des messages compromettants échangés en 2023 entre Francesca Immacolata Chaouqui et Genevieve Ciferri. Dans ces conversations, les deux femmes discutent explicitement de l’objectif d’empêcher l’acquittement de Becciu en appel, prévu pour le 22 septembre prochain, tandis que d’autres messages disculpant le cardinal et prouvant que le procès a été téléguidé de l’extérieur ont conduit le promoteur de justice vatican Alessandro Diddi (photo) à ouvrir un dossier.
Ce qui choque, c’est que l’enquête soit menée par celui-là même qui, dès le départ, a omis ces messages, aujourd’hui publiés uniquement parce qu’ils ont été déposés par la défense de Mincione dans son recours pour violation des droits humains auprès des organes de l’ONU. Mais Diddi, déjà en audience il y a deux ans, s’était dit étranger à l’affaire, bien qu’il ait échangé activement des messages avec Mme Ciferri, au lieu de renoncer logiquement à son rôle dans le procès.
Quoi qu’il en soit, les nouveaux documents confirment l’existence d’une stratégie visant à fabriquer de fausses accusations contre Becciu, impliquant Mgr Alberto Perlasca et le commissaire de la Gendarmerie, Stefano de Santis. Perlasca, ancien chef du Bureau des investissements de la Secrétairerie d’État, d’abord mis en examen, est devenu par la suite principal témoin à charge, après avoir rédigé un mémoire en 2020 à l’instigation de Chaouqui.
Bien qu’il ait été innocenté en 2021, son témoignage s’est révélé incohérent à l’audience, truffé de contradictions et d’amnésies. En novembre 2022, Chaouqui a envoyé un message à Perlasca lui demandant de ne pas révéler son rôle, suggérant que l’émergence de son implication serait difficile à justifier. Peu après, une discussion de 126 messages entre Ciferri, Chaouqui et Diddi a été déposée par le promoteur lui-même : seuls huit messages étaient lisibles, suscitant de nouvelles interrogations.
Le 13 janvier 2023, Chaouqui et Ciferri ont été interrogées séparément. La première a nié toute machination, la seconde a demandé conseil à Chaouqui sur ce qu’elle devait dire, craignant que les messages ne soient déclassifiés. Dans l’un des messages, Chaouqui déclarait clairement que l’objectif était d’empêcher l’acquittement de Becciu. La défense du cardinal a demandé l’accès intégral aux messages, mais le promoteur a refusé, affirmant qu’une enquête était en cours.
Le 14 mai 2024, Ciferri a reçu une convocation du promoteur pour être interrogée. Elle s’est immédiatement tournée vers Chaouqui, qui semblait déjà savoir de quoi il s’agirait. Dans leurs conversations transparaît l’inquiétude de faire en sorte que les messages ne soient pas considérés comme crédibles. Chaouqui, surnommée la “Papesse”, a également parlé du pape François, affirmant que tout était fait pour le bien de l’Église.
Ces révélations ont conduit Mincione à demander au promoteur d’entamer des poursuites pour faux témoignage contre Chaouqui. Des hypothèses de subornation de témoin et de trafic d’influence émergent également, liées à un supposé échange d’argent entre Ciferri et Chaouqui. Un enregistrement audio de 77 secondes, détenu par Mincione, pourrait démontrer l’implication du commissaire De Santis, qui aurait suggéré à Chaouqui comment orienter le témoignage de Perlasca.
L’appel contre la condamnation de Becciu est prévu pour le 22 septembre. On suppose que le pape pourrait intervenir pour rétablir la dignité d’un Becciu innocent, qui a toujours rejeté toutes les accusations, demandant seulement que la vérité soit révélée.
Giancarlo Cavalleri