La grande foi de Ratzinger qui l’a soutenu dans la lutte pour défendre la dignité des frères. Homélie de François pour son prédécesseur (S. Izzo)

“La conscience du Pasteur qu’il ne peut pas porter seul ce qu’en réalité il ne pourrait jamais supporter seul et, par conséquent, sait s’abandonner à la prière et au soin des personnes qui lui sont confiées” a été évoquée par le Pape François dans son homélie pour les obsèques de son prédécesseur Benoît XVI sur une place Saint-Pierre bondée par la foule des fidèles. « C’est le Peuple fidèle de Dieu qui, rassemblé – a commenté François – accompagne et confie la vie de ceux qui ont été leur berger. Comme les femmes de l’Evangile au tombeau, nous sommes ici avec le parfum de la gratitude et l’onguent de l’espérance pour lui montrer, une fois de plus, l’amour qui ne se perd pas ; nous voulons le faire avec la même onction, la même sagesse, la même délicatesse et le même dévouement qu’il a su donner au fil des ans”.
“Nous voulons dire ensemble: ‘Père, entre tes mains nous remettons son esprit’. Benoît, ami fidèle de l’Époux, que ta joie soit parfaite en entendant définitivement et pour toujours sa voix !”

“‘Père, entre tes mains je remets mon esprit’ – a rappelé le Pape – sont les dernières paroles que le Seigneur a prononcées sur la croix ; son dernier soupir – pourrions-nous dire – capable de confirmer ce qui a caractérisé toute sa vie : une remise continue entre les mains de son Père. Des mains de pardon et de compassion, de guérison et de miséricorde, des mains d’onction et de bénédiction, qui l’ont poussé à se livrer aussi entre les mains de ses frères. Le Seigneur, ouvert aux histoires rencontrées en chemin, s’est laissé ciseler par la volonté de Dieu, assumant toutes les conséquences et les difficultés de l’Evangile au point de voir ses mains blessées par amour : “Regardez mes mains”, disait-il à Thomas, et il le dit à chacun de nous. Des mains blessées qui se tendent et ne cessent de s’offrir, afin que nous connaissions l’amour que Dieu a pour nous et que nous y croyions.”

“‘Père, entre tes mains je remets mon esprit’ – a expliqué le pape François – est l’invitation et le programme de vie qui inspire et veut façonner le cœur du berger comme un potier, jusqu’aux mêmes sentiments du Christ Jésus. Dévouement reconnaissant du service au Seigneur et à son peuple qui naît d’avoir accepté un don totalement gratuit : « Tu m’appartiens… tu leur appartiens », murmure le Seigneur ; ‘tu es sous la protection de mes mains, sous la protection de mon cœur. Reste dans le creux de mes mains et donne-moi les tiennes. C’est la condescendance de Dieu et sa proximité capable de se mettre entre les mains fragiles de ses disciples pour nourrir son peuple et dire avec lui : prenez et mangez, prenez et buvez, ceci est mon corps qui s’offre pour vous”.
“Dédicace priante – a poursuivi le Pontife dans son homélie – qui se façonne et s’affine en silence entre les carrefours et les contradictions auxquels le Pasteur doit faire face et l’invitation confiante à s’occuper du troupeau”.

“Comment le Maître – a observé Jorge Mario Bergoglio qui a succédé au Pape décédé dans cette lourde tâche – porte sur ses épaules la lassitude de l’intercession et l’usure de l’onction pour son peuple, surtout là où la bonté doit lutter et où les frères et sœurs voient menacées leur dignité”.

Salvatore Izzo