Pape François : lors du conclave de 2005, ils m’ont utilisé pour bloquer l’élection de Ratzinger

In this Jan. 13, 2007 file picture, Pope Benedict XVI shakes hands with archbishop of Buenos Aires, Cardinal Jorge Bergoglio during their meeting at the Vatican. On Wednesday, March 13, 2013, Bergoglio was elected pope, the first ever from the Americas and the first from outside Europe in more than a millennium. He chose the name Pope Francis. (AP Photo/L'Osservatore Romano)

Dans le livre-entretien “Le Successeur”, le Pape François se souvient de Benoît XVI. En répondant au journaliste espagnol Javier Martínez-Brocal, il révèle également avoir reçu 40 voix lors du Conclave de 2005. “Ils m’ont utilisé” pour essayer d’empêcher que Joseph Ratzinger ne soit élu Pape, reconstruit le Pontife dans le livre qui sera publié mercredi 3 avril, mais un chapitre a été anticipé par le journal espagnol ABC dans l’édition en kiosque le dimanche de Pâques.

“Dans ce conclave – confie François – on m’a utilisé. Avant de continuer, je dis une chose. Les cardinaux jurent de ne pas révéler ce qui se passe en conclave, mais les papes ont la permission de le faire. Il s’est avéré que j’ai reçu quarante voix sur cent quinze dans la Chapelle Sixtine. C’était suffisant pour empêcher la candidature du cardinal Joseph Ratzinger, car s’ils avaient continué à voter pour moi, il n’aurait pas réussi à obtenir les deux tiers nécessaires pour être élu Pape”.

À la question de savoir s’ils n’auraient pas pu choisir Bergoglio de toute façon, “ce n’était pas l’idée de ceux qui sont derrière les votes”, répond-il. “La manœuvre consistait à mettre mon nom, bloquer l’élection de Ratzinger et ensuite négocier un troisième candidat différent. Ensuite, on m’a dit qu’ils ne voulaient pas d’un pape étranger”. En résumé, “c’était une manœuvre tout à fait légale”, commente François. “L’idée était de bloquer l’élection du cardinal Joseph Ratzinger. Ils m’utilisaient, mais ils envisageaient déjà de proposer un autre cardinal. Ils ne pouvaient pas encore s’accorder sur qui, mais ils étaient sur le point de prononcer un nom”.

À la question de savoir quand cela s’est produit, le Pape actuel explique: “Le Conclave a commencé le lundi 18 avril 2005. L’après-midi, il y a eu le premier vote. Cette opération a eu lieu au deuxième ou au troisième vote, le mardi 19 au matin. Quand je m’en suis rendu compte l’après-midi, j’ai dit à un cardinal latino-américain, le colombien Darío Castrillón: ‘Ne plaisantez pas avec ma candidature, parce que maintenant je dis que je n’accepterai pas, d’accord? Laissez-moi ici’. Et c’est là que Benoît a été élu”.

Bergoglio raconte aussi que Joseph Ratzinger “était mon candidat”. “C’était le seul qui aurait pu être Pape à ce moment-là”, observe-t-il. “Après la révolution de Jean-Paul II, qui était un Pape dynamique, très actif, entreprenant, voyageur… il fallait un Pape qui maintienne un équilibre sain, un Pape de transition”.

François réitère qu’il a été très heureux de l’élection de Ratzinger, comme il l’a dit lors de sa première conférence de presse lors du vol de retour de Rio de Janeiro. “Et c’est vrai”, confirme-t-il. “Si ils avaient choisi quelqu’un comme moi, qui a tant de problèmes, je n’aurais pas pu faire grand-chose. À ce moment-là, ça n’aurait pas été possible. Je suis parti heureux. Benoît XVI a été un homme qui a accompagné le nouveau style. Et ce n’était pas facile pour lui, hein? Il a rencontré beaucoup de résistance au Vatican”. Et avec cette élection, pour François, le Saint-Esprit a dit à l’Église: “Ici je commande. Il n’y a pas de place pour des manœuvres”.