“Que d’erreurs commises dans l’histoire de l’évangélisation en voulant imposer un modèle culturel unique ! Le pape François l’a rappelé dans sa catéchèse lors de l’audience générale. “Parfois, a-t-il observé, la violence n’a même pas été abandonnée pour faire prévaloir son point de vue. Pensons aux guerres. L’Église s’est ainsi privée de la richesse de tant d’expressions locales qui portent en elles la tradition culturelle de populations entières. Mais c’est l’exact opposé de la liberté chrétienne!”.
Il s’agit de ne pas refaire les mêmes erreurs aujourd’hui. Tout d’abord, prendre note du contexte dans lequel nous devons annoncer l’Évangile, c’est-à-dire le connaître et le respecter. Et considérant, par conséquent, que la culture « est par sa nature même en constante transformation. Pensez à la façon dont nous sommes appelés à proclamer l’Évangile en ce moment historique de grand changement culturel, où une technologie de plus en plus avancée semble avoir la prédominance. Si nous faisions semblant de parler de foi comme cela se faisait dans les siècles passés, nous risquons de ne pas être compris par les nouvelles générations”, a précisé François.
“La liberté de la foi chrétienne, la liberté chrétienne, n’indique pas une vision statique de la vie et de la culture, mais une vision dynamique, une vision dynamique de la tradition, une tradition qui grandit, grandit, grandit – mais toujours avec la même nature”, a dit le Pape Bergoglio: “Le Seigneur nous a libérés de l’esclavage et nous a mis sur le chemin pour marcher en toute liberté”. C’est pourquoi “l’uniformité comme règle de vie n’est pas chrétienne, l’unité l’est”.
Malheureusement, les fondamentalistes, qui sont contre “toute nouveauté évangélique”, étaient déjà là à l’époque de saint Paul et se sont scandalisés lorsque l’Apôtre a dit que “pour ceux qui adhèrent au Christ, il n’est plus important d’être juif ou païen”. Au lieu de cela, même aujourd’hui “seule ‘la foi qui fonctionne par la charité compte'”.
“Les détracteurs de Paul, ces fondamentalistes qui étaient arrivés, l’ont attaqué – a reconnu François – pour cette nouveauté, arguant qu’il avait pris cette position par opportunisme pastoral, c’est-à-dire pour “plaire à tout le monde “, en minimisant les exigences reçues de sa tradition religieuse la plus proche. Le même discours des fondamentalistes d’aujourd’hui, l’histoire se répète. Comme nous pouvons le voir, la critique de toute nouveauté évangélique n’est pas seulement de nos jours, mais a une longue histoire derrière elle. Cependant, Paul ne reste pas silencieux. Il répond – a poursuivi le Pape – avec parrhesia en disant: “Est-ce peut-être le consentement des hommes que je cherche, ou celui de Dieu? Ou est-ce que j’essaye de plaire aux hommes? Si j’essayais encore de plaire aux hommes, je ne serais pas un serviteur du Christ!’ Déjà dans sa première Lettre aux Thessaloniciens, il s’était exprimé en des termes similaires, disant que dans sa prédication il n’avait jamais utilisé des paroles de flatterie, ni eu des intentions de cupidité (…). Il n’avait pas non plus cherché la gloire humaine”.
“Pour saint Paul, accepter la foi, c’est renoncer non pas au cœur des cultures et des traditions, mais seulement à ce qui peut entraver la nouveauté et la pureté de l’Évangile. Car la liberté obtenue pour nous par la mort et la résurrection du Seigneur n’entre pas en conflit avec les cultures, avec les traditions que nous avons reçues, mais introduit en elles une liberté nouvelle, une nouveauté libératrice, celle de l’Évangile. La libération obtenue avec le baptême, en effet, nous permet d’acquérir la pleine dignité d’enfants de Dieu, de sorte que, tout en restant bien enracinés dans nos racines culturelles, nous nous ouvrons en même temps à l’universalisme de la foi qui pénètre chaque culture, il reconnaît les germes de vérité présents et les développe, portant à la plénitude le bien qu’ils contiennent”.
Dans son incarnation, Jésus-Christ “s’est uni d’une certaine manière à tout homme”, a affirmé François, citant le Concile Vatican II. “D’où le devoir de respecter l’origine culturelle de chaque personne, en la plaçant dans un espace de liberté qui n’est restreint par aucune imposition dictée par une seule culture prédominante”.
“Ceci – a conclu le Pape – c’est le sens de nous appeler catholiques, de parler de l’Église catholique : ce n’est pas une dénomination sociologique pour nous distinguer des autres chrétiens ; catholique est un adjectif qui signifie universel. Cela signifie que l’Église a en elle, dans sa nature même, une ouverture à tous les peuples et à toutes les cultures de tous les temps, car le Christ est né, est mort et est ressuscité pour tous”.