RDC. Le gouvernement déclare Persona Non Grata le porte-parole de la MONUSCO en défense des partenaires commerciaux FDLR dans le secteur pétrolier (Fulvio Beltrami)

Le 13 juillet dernier, lors d’une conférence de presse, Mathias Gilmann, porte parole de la mission de maintien de la paix de l’ONU au Congo : la MONUSCO avait clairement exposé une vérité qui dérange, affirmant que le déploiement d’une grande partie des moyens de la MONUSCO et de l’armée congolaise dans la lutte contre le M23 a eu des implications négatives pour d’autres régions où opèrent d’autres groupes armés. Il a ajouté que les Nations Unies devaient insister sur l’urgence de parvenir à une réduction de l’escalade de la crise du M23 par le biais d’accords de paix pour permettre aux Casques bleus onusiens de la MONUSCO de se concentrer sur d’autres groupes armés. Bien que le nom n’ait pas été mentionné, la référence de Mathias Gilmann au groupe terroriste rwandais FDLR était évidente pour tout le monde.

Quinze jours après les déclarations faites par Gilmann, Kinshasa le 28 juillet l’a déclaré PERSONA NON GRATA l’invitant à quitter le pays au plus vite. La décision a été communiquée par une note verbale du ministre congolais des Affaires étrangères Christophe Lutundula rendue publique seulement aujourd’hui, mercredi 03 août. « Le gouvernement congolais appréciera grandement que des dispositions aient été prises pour que M. Mathias Gillman quitte le territoire dans les meilleurs délais. Le gouvernement estime que la présence de ce fonctionnaire sur le territoire national n’est pas apte à favoriser un climat de confiance mutuelle et une telle sérénité indispensable entre les institutions congolaises et la MONUSCO ».

Cette expulsion intervient dans un contexte de tensions autour de la présence de la mission des Nations Unies dans le pays. Des affrontements et des incidents se sont produits dans différentes villes du Nord-Kivu depuis le 27 juillet, faisant 36 morts et près de 170 blessés (dont trois Casques bleus : deux Indiens et un Marocain), selon un nouveau bilan établi mardi. Les manifestations violentes et les attaques contre les bases militaires de la MONUSCO au Nord-Kivu ont été organisées par l’armée congolaise, la faction politique des mobutistes et les terroristes rwandais FDLR par le biais d’associations xénophobes et anti-tutsi du Nord-Kivu et la complicité du gouvernement congolais. Divers policiers congolais ont activement participé aux violences et aux pillages aux côtés de jeunes hooligans et d’infiltrés terroristes des FDLR.

Mathias Gilmann a toujours agi de manière exemplaire au Congo, dans le plus grand respect des autorités et avec un grand dévouement à la mission de défense de la population civile victime des 140 groupes armés qui sévissent dans l’est du Congo depuis 20 ans. Le régime dictatorial de Joseph Kabila (tombé en 2019) n’a jamais sérieusement combattu ces groupes armés qui ont occupé de vastes territoires des provinces de l’Est, riches en minerais et en hydrocarbures.

La persistance de la situation d’instabilité a permis au groupe terroriste FDLR de conquérir de vastes territoires de l’Est et incorporer progressivement la plupart des autres groupes armés congolais et étrangers, créant ainsi un réseau criminel. Les FDLR sont un groupe armé inscrit sur la liste internationale des groupes terroristes, créée par la France en 2000 en regroupant ce qui restait des forces rwandaises HutuPower qui avaient commis le génocide au Rwanda en 1994 et se sont ensuite réfugiées au Congo voisin, à l’époque Zaïre.

Comme indiqué dans un récent rapport de l’ONU, les FDLR sont devenues une holding mafieuse qui gère des millions de dollars par mois grâce à la vente illégale d’or, du coltan, de diamants, du charbon forestier, de culture de marijuana et d’autres activités illégales. Les bénéfices sont réinvestis dans l’économie du Nord-Kivu, transformant les FDLR en l’un des principaux acteurs économiques de la région en concurrence féroce avec les entrepreneurs congolais d’ethnie tutsie et les entrepreneurs rwandais opérant au Nord-Kivu, notamment à Goma, la capitale.

Les FDLR contrôlent à 100% l’immense parc des Virunga où se situent les gisements pétroliers mis aux enchères le 28 juillet par le président Félix Tshisekedi, malgré les protestations des associations environnementales internationales et les effets négatifs dévastateurs avérés sur la faune et la flore qu’ils entraîneront la destruction de la forêt tropicale et l’extinction des gorilles des montagnes du Congo.

Alors que le parc des Virunga est un écrin en or que le gouvernement de Kinshasa et les multinationales européennes, américaines, russes et chinoises sont prêts à exploiter sans aucune hésitation environnementale, le président Félix Tshisekedi avait tenté en mai 2021 d’éliminer le groupe terroriste FDLR en lançant une grande opération militaire au Nord-Kivu et décrétant l’état d’urgence. Initialement, l’opération militaire devait être menée avec l’appui de la MONUSCO, du Rwanda et de l’Ouganda. Pour mieux gérer les opérations, Tshisekedi avait placé ses généraux de la plus grande confiance au contrôle de l’administration, suspendant les responsables civils.

Un an après le début de opérations militaires le groupe terroriste FDLR n’a non seulement jamais été attaqué mais s’est renforcé grâce à l’armée congolaise qui a concentré ses énergies contre le groupe armé tutsi M23, ennemi direct des FDLR. Les généraux fidèles ont trahi leur président en s’alliant à la faction mobutiste et aux terroristes rwandais, empêchant l’intervention militaire du Rwanda et de l’Ouganda.

Face à l’échec politique et militaire au Nord-Kivu et sous la forte pression des généraux et des mobutistes, Tshisekedi a choisi de s’associer aux terroristes FDLR, les transformant d’ennemis en partenaires commerciaux pour la future exploitation pétrolière des Virunga. Opération confiée au ministre des Hydrocarbures Didier Bidimbu et à un ami de la famille présidentielle qui agit au nom de la Première Dame Denise Nyajkeru Tshisekedi. On parle d’une ronde de bénéfices égale à plus de 19 millions de dollars par mois pour les activités minières qui seront partagées entre les multinationales, la présidence, les mobutistes, les généraux et les terroristes FDLR.

En avril dernier, Mathias Gilmann avait demandé au gouvernement de Kinshasa un plus grand engagement dans la lutte contre le groupe terroriste islamiste ougandais ADF (Alleance Democratic Forces). Une demande qui est tombée dans le vide absolu. Pire encore, les généraux de l’armée congolaise ont contraint en mai le président à mettre fin à la collaboration militaire avec l’Ouganda, alors que les unités des soldats ougandais connaissaient d’excellents succès contre les ADF.

Ce groupe islamiste, vaincu en 2014, a été revitalisé par les FDLR en 2016 et utilisé pour mener des opérations de nettoyage ethnique dans les localités du Nord-Kivu de Beni, Bunia, Butembo et Lubero. Le nettoyage ethnique, qui a tué plus de 6 000 civils et contraint près de 2 millions de personnes à devenir des réfugiés, sert aux FDLR à prendre le contrôle total de vastes zones riches en minerais et à les peupler de réfugiés hutus rwandais qui leur sont fidèles dans le but de créer un état dans l’état non déclaré.

L’abandon de la lutte contre les ADF et la rupture de l’alliance avec l’armée ougandaise démontrent l’influence des terroristes FDLR sur l’armée congolaise et la présidence. Influence également exercée au Burundi voisin. Comme forme de détournement, la piste du terrorisme islamique international a été créée, affirmant que les ADF étaient exploités par le DAESH, ISIL. Cette connexion n’a jamais été prouvée toute restant au niveau hypothétique.

Le ministre congolais des Affaires étrangères Christophe Lutundula, qui a déclaré Mathias Gilmann PERSONA NON GRATA en exigeant son départ, est connu pour sa haine contre la minorité tutsi et le Rwanda. Sympathisant convaincu des terroristes rwandais en juin dernier, il est allé jusqu’à nier leur existence en affirmant que les FLDR tout-puissants et hyper visibles ne sont rien d’autre qu’une invention et des fake news du Rwanda pour justifier l’agression du Congo. Pour Lutundula, les FDLR n’existent pas. Des sources diplomatiques africaines affirment que le 27 juillet Lutundula se serait réjoui des violences contre la MONUSCO, espérant leur départ immédiat.

La note verbale officielle contre Mathias Gilmann émise le 28 juillet n’a été rendue publique qu’aujourd’hui, mercredi 3 août, alors que la décision de Kinshasa contre la porte parole de la MONUSCO faisait depuis quelques jours l’objet de négociations entre les Nations Unies et le gouvernement de Kinshasa. Des sources diplomatiques rapportent que le gouvernement congolais était sur le point de retirer la demande de quitter le pays, confirmée comme un acte de vengeance et de représailles après l’échange de tirs entre casques bleus de l’ONU et forces de sécurité congolaises le dimanche 31 juillet à Kasindi, frontière avec Ouganda.

Suite aux accords entre la Présidence, les mobutistes, les multinationales, les généraux congolais et les terroristes des FDLR, la présence de 16 000 casques bleus représente un danger et un obstacle pour le business pétrolier millionnaire des Virunga. Affaire qui, pour être consolidée, doit être précédée par la défaite du groupe armé tutsi M23 et par un nettoyage ethnique radical contre la minorité congolaise tutsi présente au Nord-Kivu.Sans exclure un conflit contre le Rwanda, utilisant la rhétorique de la haine ethnique, afin d’éliminer un dangereux concurrent économique.

Les entrepreneurs rwandais contrôlent toujours une grande partie de l’économie de Goma, contestée par les FDLR et leurs pseudonymes. Une fois l’industrie pétrolière lancée, Goma deviendra l’épicentre logistique de l’extraction pétrolière dans le parc voisin des Virunga. Le Rwanda représente également un problème pour l’exploitation de l’immense champ gazier du lac Kivu dont les eaux sont partagées entre les deux pays. Depuis 2017, le Rwanda a commencé des extractions de gaz à petite échelle dans ses eaux territoriales avec l’aide d’entreprises allemandes. Le Congo revendique l’exploitation de 100% des réserves de gaz du lac Kivu et veut empêcher le Rwanda d’exploiter sa part de gaz présent dans son ac territoriale que.

On apprend que lundi 1er août une réunion de crise s’est tenue à la Présidence à l’initiative du président Tshisekedi, en présence des ministres Patrick Muyaya, Julien Paluku et Modeste Mutinga. La réunion semble avoir abouti à la décision d’accéder aux demandes des mobutistes, des généraux congolais et des terroristes des FDLR pour un retrait immédiat de la MONUSCO. Après le départ de la mission des Nations Unies, toutes les tâches jusque-là effectuées par cette mission des Nations Unies seront transférées aux agences du système des Nations Unies, notamment le PNUD.

La situation devient également de plus en plus précaire dans les relations entre le Congo et le Rwanda. Mardi 02 août, une fusillade entre militaires congolais et rwandais a eu lieu dans le village frontalier de Murambi, dans la zone du Nyiragongo. Dès les premières reconstructions, les unités de l’armée rwandaise ont ouvert le feu sur une petite unité de soldats congolais qui avaient traversé la frontière sans déclarer leurs intentions. La fusillade a duré quelques minutes. Les deux gouvernements ont refusé de déclarer des victimes évoquant un “malentendu”. Des sources de la société civile locale soulignent que ces types de “malentendus” sont de plus en plus fréquents depuis juin dernier.