Le gouverneur militaire de la ville de Goma, le Lieutenant Général Ndima Kongba Constant, a ordonné hier en fin de soirée l’évacuation partielle de la capitale de la province du Nord-Kivu frappée dimanche dernier par une éruption du méga volcan Nyiragongo. La décision a été prise après une réunion de toute urgence avec les experts de la protection civile et des volcanologues. Goma compte 1,5 million d’habitants.
Dix quartiers à évacuer: Bujovu, Le Volcan, Mabanga Nord, Mabanga Sud, Virunga, Murara, Mapendo, Mikeno, Majengo. La commande a été diffusée sur la Radio Télévision Nationale RTNC, par la radio des Nations Unies: Radio Okapi, radio locale privée et messages transmis via SMS et WhatsApp. La mission de maintien de la paix de l’ONU au Congo: la MONUSCO a évacué tout le personnel non indispensable qui a été transféré à Bukavu, la capitale de la province du Sud-Kivu et le Rwanda voisin.
La décision difficile a été prise suite à la détérioration de la situation post-éruption. Depuis dimanche dernier, il y a eu 200 tremblements de terre d’une magnitude comprise entre 4,1 et 5,2 sur l’échelle de Richter, qui ont provoqué de profondes fissures dans diverses parties de la ville. Dans certains d’entre eux, de la lave souterraine est visible. Les gaz toxiques qui s’échappent ont déjà causé la mort de 7 personnes. Les tremblements de terre les plus intenses ont été ressentis aussi à Bukavu, Bujumbura – Burundi et Kigali, Rwanda.
Les experts affirment qu’il existe un risque de seconde éruption associé à un séisme majeur qui pourrait plonger la ville dans le lac Kivu. Les premières données fournies par le gouvernement congolais parlent de 20 000 sans-abri, 35 victimes confirmées au moment de l’éruption, 7 dans les jours suivants en raison de l’asphyxie au gaz et 40 personnes portées disparues.
Dans le port de Goma, nous assistons à une scène cinématographique catastrophique. Des milliers de personnes affluent vers les quais dans l’espoir de prendre place sur les bateaux en direction de Bukavu. Les autorités militaires mettent en garde contre le danger de s’échapper via le lac Kivu en raison des activités volcaniques souterraines intenses dans le lac qui pourraient causer d’autres tragédies en coulant des bateaux surchargés de personnes.
Des milliers d’autres cherchent désespérément refuge au Rwanda voisin. Ces pauvres fuient, emportant avec eux des matelas, des vêtements, des photos, des diplômes, des certificats immobiliers. Les personnes âgées sont retenues par leurs proches, tandis que les cris de terreur des enfants déchirent les cœurs. La situation de chaos et de désespoir est indescriptible.
Le Ministre rwandais des Urgences et des Catastrophes Naturelles, en étroite collaboration avec le gouvernement congolais, a immédiatement mis en œuvre un plan extraordinaire pour accueillir la masse des réfugiés fuyant Goma. Un budget extraordinaire a été mis à disposition par le gouvernement rwandais pour s’occuper des premiers secours: tentes, nourriture, eau potable, couvertures, soins de santé. Le Rwanda accueille déjà environ 4 000 frères congolais qui ont fui dimanche soir.
L’armée rwandaise est en alerte maximale. Il existe un risque réel d’infiltration terroriste au sein de la masse des réfugiés de Goma, précisément lors de la visite officielle à Kigali du Président français Emmanuel Macron. Des mesures de confinement ont déjà été activées pour délimiter les zones où elles seront implantées comme camps d’accueil.
La province du Nord-Kivu, ainsi que celle de l’Ituri, sont soumises depuis un mois à l’État de siège, déclaré par le Président de la République Félix Tshisekedi pour combattre les terroristes rwandais FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda) responsables du génocide de 1994 et divers autres petits groupes armés qui leur sont associés.
Les renseignements régionaux rapportent que divers chauffeurs de taxi-motos opérant dans la ville de Goma sont soupçonnés d’être des cellules terroristes des FDLR. Les forces de défense rwandaises devront faire face à la tâche difficile de contenir une éventuelle menace terroriste, tout en assurant une assistance humanitaire complète à la population civile congolaise fuyant la fureur du méga volcan Nyiragongo.
Il y a trois jours, une attaque terroriste au Rwanda par un groupe armé associé aux FDLR en provenance du Burundi voisin. La colonne des terroristes a été interceptée par la défense ruandaise et anéantie. Il s’agit du Front de Libération Nationale (FNL), la branche militaire du parti extrémiste MRDC (Mouvement Rwandais pour le Changement Démocratique) allié aux FDLR et activement soutenu par l’Ouganda
Son chef, Paul Rusesabagina, a été arrêté en août 2020 lors d’un raid des forces spéciales rwandaises à Dubaï alors qu’il se rendait au Burundi pour entrer en contact avec des chefs militaires du FDLR. Rusesabagina (présentée comme victime par certains partisans européens) est jugée pour 13 chefs d’accusation: terrorisme, incendie criminel, enlèvement et meurtre.
Les terroristes FDLR et FLN sont présents en masse au Burundi voisin et collaborent avec l’actuelle junte militaire, illégalement au pouvoir depuis 2020 après la mort du chef de guerre Pierre Nkurunziza qui a régné au Burundi dans la terreur de 2005 à sa mort en juin de l’année dernière.
Le Burundi fait l’objet de sanctions internationales pour crimes contre l’humanité commis depuis 2015 contre des opposants politiques, journalistes, membres de la société civile et minorité ethnique tutsie.