JMJ de Lisbonne. Le Pape François à Scholas Occurrentes: “pour faire face à la crise, marcher ensemble et aller de l’avant, grandir” (S.C.)

“Le pape François a déclaré aux étudiants de Scholas Occurrentes que le chemin de l’homme, la vie humaine, consiste à faire du kaos un kosmos, en citant Carl Gustav Jung. “À partir de ce qui n’a pas de sens, de ce qui est désordonné, créer un cosmos. Avec un sens ouvert, accueillant, inclusif”.

Cette citation fait également référence à la fresque murale, l’une des plus grandes au monde, réalisée à Cascais par les élèves de Scholas, une organisation fondée par l’archevêque de Buenos Aires de l’époque, Jorge Mario Bergoglio, qui l’ont “complétée” en traçant trois cercles en vert. Il s’agit du projet “La vie entre les mondes”, une initiative qui a impliqué des personnes de différentes nationalités et religions dans la création de l’une des plus grandes fresques murales au monde : “C’est comme la chapelle Sixtine”, a souri François.

“Je ne veux pas être catéchiste ici”, a plaisanté le pape lors de la rencontre au siège portugais, dans la ville située à quelques kilomètres de Lisbonne, où le dernier souverain italien, l’ancien roi Umberto, a passé son exil doré.

Le pape a répondu aux questions des enfants, comme il le fait toujours lors des diverses rencontres organisées dans les locaux de Scholas au cours de cette décennie. Il a souligné que le récit biblique de la création lui-même, dans un “langage poétique”, le montre : à partir de rien, quelque chose naît.

“Dieu”, a expliqué François, “fait un jour la lumière et se met à transformer les choses”. “Dans notre vie, il se passe la même chose : il y a des moments critiques, très chaotiques, où l’on ne sait pas comment se tenir. Nous passons tous par ces moments…”. Et c’est là que le “travail personnel” et le travail “de groupe” prennent le dessus. “Vous créez le cosmos. Ne l’oubliez jamais”, a-t-il déclaré aux jeunes de Scholas.

S’exprimant en espagnol, le souverain pontife s’est surtout attardé sur le concept de “crise”. Celles qui ont une signification négative mais dont peuvent aussi naître des fruits de bien. “Dans les crises, nous devons marcher, rarement seuls, et c’est également important. Faire face à la crise ensemble et aller de l’avant, grandir”, a-t-il précisé, “une vie sans crise est comme de l’eau distillée. Elle est aseptisée, insipide, on ne peut pas la boire, elle ne sert à rien, sauf à être conservée”. La crise, en revanche, selon Jorge Mario Bergoglio, “doit être faite sienne, elle doit être acceptée, affrontée et résolue”. C’est aussi parce qu’à partir d’elle, c’est-à-dire à partir de ce “kaos” que “chacun de nous” expérimente dans la vie, un “kosmos” peut naître.

François a offert au siège de Scholas au Portugal une icône relatant la parabole du Bon Samaritain, qui lui est si chère. “Personne n’est sûr d’être un bon samaritain, mais nous devons l’être pour tout le monde”, a exhorté le pape François, rappelant l’histoire de l’homme à terre, blessé, ignoré par les passants, notamment parce qu’il saignait et que “selon la loi de l’époque, celui qui touchait du sang restait impur”. “Combien de fois la pureté rituelle est-elle préférée à la proximité humaine”, a observé le pape. “Et puis un Samaritain arrive, mentalité un peu dévergondée, commerçant… pas pur… et celui-ci s’arrête, le voit et éprouve de la compassion”. “Je vous laisse avec une question : qu’est-ce qui vous fait ressentir de la compassion ? Ou bien avez-vous un cœur si sec que vous ne pouvez pas ressentir de compassion ? Que se passe-t-il ?”, a demandé le souverain pontife aux jeunes. “Parfois, dans la vie, il faut se salir les mains pour ne pas se salir le cœur”.

“Je vous donnerai ma bénédiction, mais vous, a-t-il conclu, promettez-moi de prier pour moi. Priez pour que le Seigneur me bénisse. Et si vous ne priez pas, envoyez-moi des ondes positives”. Avant de quitter Cascais, le Pape a béni un olivier, symbole de paix.

S.C.

Sur la photo : la fresque de plus de 3,5 km de long, née des rencontres interreligieuses,
intergénérationnelles et interculturelles organisées en préparation de la visite du pape François. Elle s’intitule “La vie entre les mondes” et a été réalisée par l’ensemble de la communauté sur le site de Scholas à Cascais, où des jeunes de différents pays se sont rencontrés pour partager leurs peines et leurs rêves et ont créé une œuvre d’art immersive, c’est-à-dire qu’ils ont fait de la “salle de classe sans murs” une réalité.