Les adieux de Angela Merkel: « Je laisse une Union européenne dans une situation qui m’inquiète »

Standing ovation pour la chancelière allemande à l’occasion de son dernier sommet européen, ce vendredi dernier. C’était son 107e Conseil européen depuis le début de sa carrière politique en 2005. Son image de « boussole morale » que pendant plus de quinze ans a guidé un Continent brille, tandis que les fractures entre les Pays membres de l’UE jettent une ombre sur l’État de droit, la migration et l’économie.

Et sur la personne qui prendra sa place. Après 107 sommet européens, la chancelière Angela Merkel, visiblement émue, tourne une page importante de sa vie. Avec le pragmatisme et la calme qui la caractérisent et qui appartiennent à une femme qui – comme l’a rappelé l’ancien Président des États-Unis, Barack Obama – « n’aime pas être le centre d’attention », salue et remercie ceux qui, dans le monde entier, lui ont rendu hommage, même le Pape.

Mais elle revient tout de suite à la réalité amère que nous vivons, en rappelant sans périphrases que les leaders européens auront beaucoup de travail à faire, car c’est une Europe fissurée et fragilisée par la crise sanitaire qu’elle laisse derrière elle, parlant d’ « une série de problèmes non résolus ». Et le fait de réussir à surmonter les “crises passées” ne garantit pas le succès des crises actuelles ou futures. « Je laisse cette Union européenne sous ma responsabilité de chancelière dans une situation qui m’inquiète », a affirmé Angela Merkel, en se référant aux inquiétudes suscitées par le cas de la Pologne. Selon l’avis de la chancelière, les sanctions et les procès ne résoudront pas le problème de l’état de droit dans l’UE, qui au contraire est une problématique plus élargie et compliquée, étant une affaire politique et de perspective.

Si le dialogue est toujours nécessaire, respecter les valeurs communes indique le chemin suivre et constitue la base sur laquelle se fonder et recommencer. Car pour « ceux qui ont adhéré à l’Union européenne dans un deuxième moment », en tout cas « ils connaissaient très bien les Traités ». Cependant, la chancelière ne cache pas sa préoccupation à l’égard de la question Pologne, aussi qu’aux soucis liés à la migration et à la pression sur l’économie du continent européen. À cela s’ajoute le vide laissé par son départ, ce qui pourrait rendre les choses encore plus difficiles. Angela Merkel « a aidé à prendre des décisions avec beaucoup d’humanité à des moments difficiles », soulignait le Belge Alexander de Croo. Par conséquent, son départ va forcément rebattre les cartes, modifier des équilibres.

« Les réunions des Vingt-Sept « sans Angela, c’est Rome sans le Vatican, Paris sans la tour Eiffel », a déclaré le Président du Conseil de l’UE, Charles Michel. Parmi les éloges, la standing ovation et les différents hommages, la surprise générale, Charles Michel a ensuite fait diffuser un message de Barack Obama. Il a remercié la chancelière pour « les tempêtes essuyées grâce à son guide », en se définissant l’une des personnes qui confie et s’inspire d’elle dans les moments les plus difficiles. L’Europe de l’avenir manquera – dans un mot, celui choisi par le président Charles Michel – « d’un monument », une femme qui est entrée et qui restera dans l’histoire européenne et du monde entier. «  Sans Angela, c’est Rome sans le Vatican, Paris sans la tour Eiffel », a-t-il affirmé.

Arianna Barile