Orban met son veto aux sanctions de l’UE contre le patriarche moscovite Kirill. Dieu merci

La réunion des ambassadeurs auprès de l’UE qui devait donner le feu vert formel au sixième paquet de sanctions s’est soldée par un rien. La Hongrie du Premier ministre Orban a demandé l’exclusion du patriarche russe Kirill de la liste des sanctions de l’UE et donc une nouvelle “négociation” serait ouverte avec Budapest.

Il convient de noter que la position hongroise a évité à l’Union européenne de commettre une très grave attaque contre la liberté religieuse en frappant – essentiellement sans aucune raison valable de le faire – la principale autorité de la deuxième église chrétienne. Pour souligner le silence assourdissant du Saint-Siège face à cette très grave atteinte à la liberté religieuse.

Borrell a confirmé hier que l’Union européenne a décidé d’introduire des sanctions contre le patriarche de l’Église orthodoxe russe, comme annoncé le 4 mai par la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, à propos du sixième paquet qui contient également l’embargo de huit mois pour Pétrole russe. Kirill pour l’UE serait coupable d’avoir invoqué dans son homélie du 25 avril, le lundi suivant la Pâque orthodoxe, le Seigneur pour “garder notre armée, nos autorités et tous ceux dont aujourd’hui dépend avant tout la défense de notre patrie”. Bruxelles au lieu de respecter la liberté légitime de la deuxième église chrétienne du monde, par le nombre de fidèles, veut la pousser vers un schisme en profitant de ses conflits internes, c’est-à-dire la lettre de condamnation et l’appel à la paix de 233 prêtres et diacres et de l’appel de 400 prêtres ukrainiens sous la juridiction du Patriarcat de Moscou, qui ont écrit au Conseil des Primats des Anciennes Églises Orientales pour contester Kirill.

Par ailleurs, l’UE a fait circuler un rapport datant de 2006 publié en 2020 par Forbes, pour lequel le patriarche de Moscou aurait une fortune personnelle de 4 milliards de dollars, une estimation en réalité sans fondement mais basée sur de prétendus revenus dont jouissent en Russie les exonérations fiscales notamment sur les fabricants de bière et de tabac. Le premier à demander des sanctions pour le Patriarche, le 24 avril dernier, a été le ministre lituanien des Affaires étrangères, Gabrielius Landsbergis, provoquant la réponse immédiate du Patriarcat qui avait défini « un non-sens à imposer des sanctions aux chefs religieux, [quelque chose] qui est contraire à bon sens”.

“Selon le projet préparé par von der Leyen, le patriarche Kirill – commente l’expert du Vatican Marco Politi – est considéré comme responsable du soutien ou de la mise en œuvre” d’actions ou de politiques qui compromettent ou menacent l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’indépendance de “l’Ukraine” ainsi que sa stabilité et sa sécurité.

Si vous ne saisissez pas le ridicule de ce langage pompeux, c’est que vous glissez inexorablement vers l’hystérie de la guerre froide. Comme si – rappelle Politi – l’histoire européenne et universelle n’avait pas été parsemée au cours des siècles de prêtres, de moines, de grands hiérarques religieux et d’aumôniers militaires qui n’ont cessé d’invoquer le Dieu des armées et de la victoire, de bénir toutes sortes d’armes et de chanter solennellement You Deum après des combats sanglants”.