Venezuela : le Vatican appelle à une “solution interne, pacifique et démocratique”

“Je crois que la situation n’a pas du tout changé. Les mêmes problèmes se perpétuent et on ne sait pas quelles sont les perspectives”. Ce sont les mots du cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’Etat du Vatican, qui répondait aux questions des journalistes sur la crise au Venezuela lors d’un Symposium international ce 6 février à Rome sur la “pédagogie de la sainteté – un défi universel pour les fidèles laïcs”, en présence du cardinal Baltazar Enrique Porras Cardozo, archevêque de Mérida et administrateur apostolique de Caracas.
Depuis des années, le pays est attaqué par les Etats-Unis qui essaient de l’étouffer avec un embargo dont le but est de ruiner le gouvernement chaviste, élu légitimement.
Dans cet objectif, ils soutiennent le putschiste Juan Guaidò, salué publiquement la veille par Donald Trump dans son discours devant le Congrès, où le dirigeant venezuelien était présent. Le président américain s’est tourné vers lui: “Voici un homme courageux qui porte en lui les espoirs, les rêves et les aspirations des Venezueliens: Juan Guaidò”.
Le cardinal Parolin semble vouloir prendre ses distances avec cette ingérence, lorsqu’il explique: “la proposition est de trouver une solution qui soit interne, pacifique, démocratique, qui permet à tous de dialoguer et de trouver réellement des solutions qui, avant-tout, apportent une aide à la population pour sortir de cette situation difficile”.
“Nous sommes en chemin”
Cette position a été exprimée par Parolin a plusieurs reprises, comme en 2017 dans une interview à l’agence de presse russe Tass, quand il a fait part des indications du Saint-Siège pour le Venezuela qui “est toujours le même chemin: il faut se rencontrer, créer un climat de confiance, éviter les conflits et les tensions et respecter la justice et les règles de la démocratie”. Le cardinal avait alors déjà dénoncé “la grave crise humanitaire que traverse le pays” et lancé “un appel à la communauté internationale et aux pays amis du Venezuela pour offrir une aide désintéressée et pacifique afin qu’il y ait une évolution positive”.
Appelé à la Secrétairerie d’Etat en 2012 alors qu’il était nonce à Caracas, interrogé au sujet des polémiques qui touchent aussi l’Eglise, Parolin a appelé à faire attention à l’interprétation des choses, quand certains pensent l’Eglise comme un “lieu d’affrontements de factions diverses, de groupes de pressions, de pouvoirs”.
“Dans l’Eglise il y a de tout, a-t-il ajouté. Parce que même dans l’Eglise il y a le péché, dont nous devons nous repentir tous les jours. Ça veut bien dire que nous ne sommes pas encore dans le royaume de Dieu accompli: nous sommes en chemin. Mais la réduire à ces catégories me semble humiliant pour la réalité de l’Eglise, et ne voir qu’avec ce point de vue n’est pas donné raison à ce qu’est vraiment l’Eglise. L’invitation est d’aller au-delà de ces critères et ces catégories, et voir en revanche tout le bien qui est fait dans l’Eglise, tout le positif accompli pour les hommes et le monde d’aujourd’hui, même dans les difficiles relations humaines”.
Au sujet de la crise sociale, politique et économique du Venezuela, le cardinal Parolin a constaté que les problèmes persistaient encore et rendaient difficiles les perspectives d’avenir.
La sainteté comme espérance
Lors de cet évènement organisé par la Fondation Action Catholique Ecole de sa sainteté
“Pie XI”, en collaboration avec le Secrétariat du Forum international de l’Action catholique, le Secrétaire d’Etat du Vatican a concentré son discours sur la sainteté comme “annonce toujours actuelle de l’espérance à adresser au monde”.
C’est une attraction dont les “jeunes ont en particulier besoin”, eux qui attendent “aujourd’hui plus que jamais”, des témoins et “non des maîtres”, des frères et soeurs “attirants et heureux” qui les stimulent par “leur exemple et non par des prédications, car la présence et le message de Jésus interceptent les rêves de beauté qu’ils portent dans leur coeur”, dans in contexte où “la vertigineuse vitesse extérieure correspond à une fragilité intérieure croissante”.
La sainteté, a-t-il ajouté, est “une oeuvre gratuite et sans condition du Saint-Esprit, qui se déverse sur le corps ecclésial et sur chacun”: elle présuppose l’accueil et la collaboration “active de notre part”, avec toutes les dynamiques “salvatrices” “où Dieu n’accomplit rien en s’imposant mais toujours et seulement en se proposant et nous responsabilisant”.