RDC. L’Eglise Catholique intervient pour calmer les esprits et rétablir la paix (F. Beltrami)

Après le bain de sang qui a eu lieu à Goma et Butembo il y a quatre jours en raison des manifestations contre la mission de maintien de la paix de l’ONU au Congo : la MONUSCO, une tranquillité précaire s’est abattue sur les deux villes du Nord-Kivu. Timidement les activités reprennent malgré les invitations des organisateurs des violences à mettre en œuvre la “ville morte” (grève blanche) jusqu’au bout pour forcer les casques bleus de l’ONU à quitter le pays après 23 ans de présence. 

Certains citoyens de Goma contactés se déclarent horrifiés et terrifiés par la violence préméditée primitive et brutale des organisateurs des manifestations qui a causé la mort de 13 jeunes, blessé 80 autres et tué trois casques bleus : un militaire et deux policiers. Lorsqu’on leur demandé s’ils connaissaient les vrais responsables de cette orgie violente, ils ont répondu: «Tout le monde sait qui sont les responsable mais personne n’ose citer leur nom. Ils sont trop dangereux. Celui qui les trahit est tué de la pire manière ». 

Les violences contre la MONUSCO sont l’aboutissement d’une stratégie très violente de contrôle des ressources naturelles de l’est du Congo mise en œuvre depuis 21 ans par trois acteurs principaux de la tragédie congolaise : les Mobutistes, l’ancienne classe politique qui a survécu à la chute du dictateur Mobutu SSese Seko en 1996 qui a réussi à maintenir un contrôle indirect sur le pays ; les Généraux des FARDC (armée congolaise) incapables de combattre sérieusement mais hyper corrompus ; les terroristes rwandais FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda) responsables du génocide de 1994 au Rwanda et de dizaines de milliers de meurtres de civils dont celui survenu le 22 février 2021 près de Goma ayant comme victime l’Ambassadeur italien Luca Attanasio. 

Les trois acteurs ont tous les deux les mains dans le gâteau et contrôlent le commerce des minerais, des hydrocarbures et l’économie des provinces de l’Est du pays, les plus riches du Congo. Ils ont le pouvoir de vie et de mort sur les citoyens en exerçant leur contrôle avec une terreur et une violence primitives et impitoyables.  

Alors que la MONUSCO évacue progressivement (sans officialiser la nouvelle) vers le Rwanda voisin son personnel civil, directement menacé par les terroristes FDLR qui contrôlent les gangs de voyous responsables des récentes violences, les « petits » (les pions) qui ont accepté de être la façade officielle de cette folie : l’aile jeunesse du parti du président de l’UDPS et les jeunes de l’association LUCHA qui (ironie du sort) professent être non-violents, continuent de lancer des appels à de nouvelles manifestations sanglantes et organisent des plans subversifs dans l’ensemble villes du Sud-Kivu : Bukavu et Uvira pour répandre le feu de la violence dans tout l’est du Congo. 

Face à cette situation dramatique qui risque de dégénérer, de créer des dégâts irréparables (le but des trois acteurs est de déclencher une guerre contre le Rwanda voisin et un génocide de la minorité tutsi au Congo), l’Église Catholique est intervenue en mettant toute son autorité morale dans joue.  

Monseigneur Sikuli Paluku Melchizedech, Évêque de la Diocèse de Butembo-Beni a fait une proposition d’évaluation des accords entre le gouvernement de Kinshasa et les Nations Unies, relatifs à la présence de la MONUSCO sur le sol congolais. Interviewé aux antennes de la radio catholique Radio Moto, Mgr. Sikuli Paluku Melchizedech, a également proposé une évaluation régulière du travail de la MONUSCO pour le bien-être de la population. Mgr Paluku a souligné les échecs des casques bleus dans la protection de la population mais aussi les bénéfices de leur présence. Sans les casques bleus, tout l’est du Congo serait aux mains d’une violence aveugle. 

Monseigneur Paluku a rappelé que depuis 20 ans la population des provinces de l’Est ne cesse de souffrir et d’être victime de violences sans précédent. La proposition qu’il a avancée vise à créer un mécanisme d’évaluation du travail de la MONUSCO où la population peut participer à travers ses représentants choisis parmi la société civile. Une surveillance qui pourrait aussi concerner l’Eglise Catholique, considérée comme un antidote aux manifestations violentes.

Tout proposant une évaluation et un suivi de la MONUSCO, Monseigneur Paluku offre non seulement un instrument de paix valable mais se désolidarise des éléments subversifs qui incitent la population à la violence et exigent le départ immédiat des 16 000 casques bleus présents dans le pays.

Comme dans le cas des citoyens de Goma contactés par téléphone, Monseigneur Paluku connaît également les véritables auteurs de ce cycle sanglant de violences mais évite de les nommer tant ils sont puissants qu’ils peuvent frapper même les représentants de l’Église Catholique grâce à la malheureuse alliance avec le gouvernement de Kinshasa et l’armée congolaise qui dure depuis 20 ans. Alliance basée sur le contrôle des minerais et des hydrocarbures qui perdure à ce jour .

Félix Tshisekedi, qui a pris la présidence en janvier 2019 grâce à un accord secret avec l’ancien dictateur Joseph Kabila, a voulu rompre cette alliance pour ramener la paix et l’ordre dans le pays. En mai 2021, il déclare l’ État de Siège au Nord-Kivu, remplaçant l’administration civile par l’armée pour mieux lutter contre les gangs armés et les terroristes des FDLR. Après 14 mois, l’État de Siège s’est avéré être un boomerang pour Tshisekedi, trahi par les mêmes généraux qu’il avait nommés pour contrôler le Nord-Kivu.

Il a récemment été contacté par la Triade qui contrôle le pays qui a lui suggéré de cesser d’être un “phénomène” et de se comporter comme un normal président congolais corrompu et bourré d’argent. Les jeunes de son parti en première ligne pour inciter à la violence contre les casques bleus de l’ONU à Goma et Butembo montrent que le président Tshisekedi a écouté les conseils qu’il a reçus, choisissant de devenir un “président congolais normal” pour éviter des conséquences dramatiques pour lui et sa famille.

Fulvio Beltrami