Rwanda. Tensions entre Kinshasa et Kigali. L’ambassadeur du Rwanda convoqué

Le vice-Premier ministre congolais chargé des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur du Rwanda en République Démocratique du Congo le mardi 29 mars 2022 à Kinshasa. C’est ce qu’a annoncé Patrick Muyaya, ministre de la Communication et des Médias. Le diplomate rwandais expliquera les accusations de l’armée de son pays en soutien au groupe armé M23 (Mouvement du 23 mars) qui a tenté en 2012 de renverser le dictateur congolais Joseph Kabila avec le soutien du Rwanda et de l’Ouganda.

“Par rapport aux déclarations du porte-parole militaire, le collègue étranger a envoyé l’ambassadeur rwandais pour venir donner des explications à ce sujet et voir dans quelle mesure ce problème du M23 et des groupes résiduels qui continuent de semer la terreur dans ce partie du pays », a déclaré le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya à TV5MONDE.

L’armée congolaise (FARDC) confirme avoir arrêté deux militaires des Forces de Défense du Rwanda (RDF), qui auraient soutenu des combattants aux côtés des miliciens du M23 lors des dernières attaques enregistrées dimanche soir jusqu’au lundi 28 mars contre ses positions à Tchanzu et Runyonyi, dans le territoire de Rutsuru (Nord-Kivu).

Dans un communiqué diffusé lundi à Goma, le général de brigade Sylvain Ekenge, porte-parole adjoint de l’armée congolaise, rapporte que deux militaires rwandais ont été arrêtés. Ils appartiendraient au 65ème bataillon de la 402ème brigade des RDF

C’est la troisième fois, depuis octobre 2021, que les FARDC accusent le Rwanda de soutenir l’Armée révolutionnaire du Congo, la nouvelle identité de l’ex-M23, dans ces attaques contre ses positions à Rutshuru. Ces incidents surviennent alors que la RDC et le Rwanda apparaissent comme des partenaires depuis l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi. Plusieurs accords commerciaux ont même été signés entre les deux pays.

Des sources diplomatiques africaines contactées par Place Saint Pierre expriment leurs craintes que le récent renforcement des relations bilatérales entre l’Ouganda et le Rwanda, qui a mis fin à une guerre froide entre les deu pays qui durait depuis 2000, ne soit le préambule d’une vaste opération militaire dans l’est du Congo pour contrôler les matières premières. matériels et l’anéantissement du groupe terroriste rwandais Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) responsable du génocide de 1994 au Rwanda.

La junte militaire burundaise serais également dans le viseur de cette hypothétique vaste opération militaire. Le plan serait soutenu par les États-Unis qui jugent le président Félix Tshisekedi incapable de rétablir l’ordre dans l’est du pays et de garantir la stabilité dans la région des Grands Lacs. Washington se moquerait également d’un changement de régime au Burundi. L’Ouganda compte deux divisions au Nord-Kivu, dans l’est du Congo, qui combattent le groupe islamique ougandais ADF (Alliance des Forces Démocratiques).

Ces déclarations ne sont pas suivies par des confirmations des représentations diplomatiques rwandaise, ougandaise et américaine à Kinshasa.

Fulvio Beltrami