Cinq ans après l’encyclique, Laudato si’ actualisée pour inclure l’urgence pandémique et la dignité au travail

Papa Francesco con il casco dei minatori durante l'incontro con i lavoratori, prima tappa della visita pastorale, Cagliari, 22 settembre 2013. Pope Francis with the safety helmet of miners during the meeting with local workers, at the start of a day-long trip to the Sardinian capital, Cagliari, 22 September 2013. Pope Francis made one of his strongest attacks on the global economic system on Sunday, saying it could no longer be based on a "god called money" and urged the unemployed to fight for work. ANSA / US L'OSSERVATORE ROMANO ++HO NO SALES EDITORIAL USE ONLY++
“En ces temps difficiles, qui risquent de changer en profondeur la société dans laquelle nous vivons, nous sommes appelés à prendre soin les uns des autres, à ne pas s’enfermer dans l’égoïsme, à promouvoir et défendre la vie humaine dès son accomplissement, à offrir des soins médicaux à tous, à nourrir la solidarité internationale, à combattre la culture du déchets, à étudier et construire ensemble de nouveaux systèmes économiques et financiers plus équitables, à s’engager au dialogue, la paix, au refus de la violence et de la guerre”.
C’est ce qu’affirme le document élaboré par le groupe de travail entre dicastères du Saint-Siège, sous l’appellation “En chemin pour la maison commune”, dans lequel est suggérée une série de “propositions opératives” sur l’écologie intégrale – au centre de l’encyclique de 2015 Laudato si’- et qui invite les Eglises particulières “à donner un exemple de cohérence” avec ce qui est indiqué dans l’encyclique cinq ans après sa publication, à travers “des initiatives éducatives et une formation à l’écologie intégrale, comme la collecte et le tri des déchets, l’utilisation de moyens de transport moins polluants, de consommation circulaire, de meilleurs systèmes d’isolation des bâtiments, d’efficience énergétique, d’investissement éthique, d’abolition du plastique à usage unique, l’entretien des espaces verts”.
Le travail digne et le refus des discriminations
La première recommandation est celle de “promouvoir le travail digne et le respect des travailleurs, en refusant tout type de discrimination, en reconnaissant à tous les niveaux une même dignité pour les femmes, tout comme la valeur de chaque type d’emploi, qu’il soit digne de la personne”. Des salaires justes, des horaires flexibles et compatibles avec la vie de famille, des opportunités d’emploi stable surtout pour les plus jeunes…
Mais aussi, dire non au chômage, à “l’exploitation inhumaine” et aux “nouvelles formes d’esclavage” comme la traite humaine, et dire oui en revanche à “la mise en valeur de la personne humaine dans les nouvelles technologies”, “favoriser et assurer l’accès à la justice, y compris pour les personnes pauvres ou peu instruites” et “repenser, avec prudence, le système sanitaire”, les propositions sur le plan politique. C’est aussi un appel à étendre l’accès aux soins et aux pharmacies à toute la population, avec une attention particulière pour les plus pauvres et vulnérables.
En ces temps de coronavirus, le document suggère également d’examiner “les dangers lié à la diffusion rapide d’épidémies virales et bactériologiques dans le contexte d’un monde caractérisé par une urbanisation et une mobilité humaine toujours plus fortes”.
Concrétiser le concept d’écologie intégrale

La deuxième urgence selon ce texte inter-dicastère, c’est l’engagement de l’Eglise en faveur d’un accès plus large à l’eau et le rejet du gâchis des énergies grâce à un changement de mode de vie “spécialement dans les régions les plus riches de la planète”. Le chemin à suivre : pour le Saint-Siège, il faut un nouveau concept de “citoyenneté écologique” pour empêcher aussi la déforestation et l’exploitation abusive de vaste zone verte de la planète comme l’Amazonie, et le risque de catastrophe environnementale. Il est proposé, pour protéger l’écosystème marin, de “réduire la quantité d’eau pollué et de plastiques dans l’océan, en cessant de se servir de la mer et de l’océan comme des décharges”, ainsi qu’en s’engageant à “affaiblir la piraterie, la traite des personnes, les trafics illégaux de drogues ou autre en mer et dans les ports”.

Le texte explique qu’il faut “concrétiser le nouveau paradigme d’écologie intégrale” proposé par Laudato si’, et cela signifie avoir “une vision à long-terme, pour la concrétiser dans des lieux et espaces dans lesquels cultiver et transmettre l’éducation et la culture, créer une conscience, former à la responsabilité politique, scientifique et économique, et, en général, agir avec responsabilité”.

“Eliminer les vies humaines n’est pas une politique acceptable pour protéger la planète et promouvoir le développement humain intégral”, condamne le document, exhortent à “défendre la famille, cellule de la société, et la vie humaine de sa conception à la mort naturelle, et la fragilité de la Création comme une question de justice”.

“Mettre en application des initiatives concrètes pour défendre et promouvoir la vie humaine au niveau social, éducatif et pastoral” dans les écoles et les paroisses, est l’autre invitation de ce texte, avec celle de “développer le concept de péché contre la vie humaine”, en particulier face “aux nouveaux défis dans le contexte de la bioéthique”, comme l’avortement, l’euthanasie, le suicide.

Promouvoir la famille, lutter contre les fake news

La mesure la plus urgente sur le thème de la famille, poursuit ce document, est de “promouvoir des politiques intelligentes de développement familiaux de façon à combattre le soit-disant hiver démographique, spécialement en Occident”. “L’école, qui a perdu son leadership de la transmission des savoirs, devrait avoir droit à une nouvelle centralité”, explique le texte qui fournit aussi des indications précises pour chaque niveaux scolaires.

Quant aux médias, conclut le document de propositions d’actualisation de Laudato si’, leur devoir est “d’empêcher la diffusion de fausses informations crées dans le but de nier l’existence d’une crise environnementale” et “se préoccuper de faire entendre la voix de ceux qui n’en ont pas, les encourageant et favorisant le recueil de témoignages ce ceux qui souffrent ou peuvent raconter les abus, la pollution, les épisodes de droits humains bafoués”.