Femmes afghanes en danger: dans les zones capturées par les talibans, il est interdit de sortir de la maison (M.A. Goni)

De nombreuses photos circulent sur les réseaux sociaux et les médias pour représenter avec des images – qui peuvent parfois compter plus de mille mots – la situation à Kaboul ; l’un d’eux a été tweeté par le directeur de la chaîne d’information afghane Tolo News, Lotfullah Najafizada, et nous montre un homme recouvrant de peinture des affiches de femmes sur un mur de Kaboul. Plus qu’une sonnette d’alarme que la ville prépare pour le régime taliban.

Dans le pays où les femmes avaient obtenu le droit de vote en 1919 (bien avant de nombreuses démocraties occidentales) et où dans les années 1960 un texte constitutionnel leur avait confié un rôle fondamental dans la société afghane, les messages dramatiques se sont multipliés ces derniers jours chez les jeunes femmes desquelles de la ville a demandé de l’aide alors que les talibans avançaient vers la capitale; beaucoup d’entre eux voient leurs profils sociaux occultés.

Selon ce que la BBC a appris, dans les zones capturées par les talibans, les femmes ne seraient déjà pas autorisées à quitter la maison sans partenaire masculin et de nombreux travailleurs seront remplacés par des hommes dans leur travail.

Les femmes de ces quartiers auraient également reçu l’ordre de porter la burqa, emblème de ce poids physique et psychologique qui pourrait bientôt les replonger dans un cauchemar trop dramatique à revivre qui annule l’indépendance, la liberté, l’identité : la vie. La burqa est un symbole, la pointe de l’iceberg d’un monde toujours égal à lui-même dans sa misogynie enracinée.

Un rapport publié le mois dernier par les Nations Unies fait état d’une augmentation du nombre de femmes et d’enfants tués et blessés déjà entre mai et juin, coïncidant avec le début du départ des troupes américaines et d’autres troupes internationales de la région.

De nombreuses femmes afghanes qui n’étaient guère plus que des filles il y a vingt ans sont allées étudier à l’étranger et sont revenues pour devenir protagonistes dans leurs lieux d’origine. Désormais, ceux qui courent le plus de risques sont ceux d’entre eux qui ne sont pas mariés et n’ont pas d’enfants, ce qui pourrait en faire des “proies”de violences et de mariages forcés.

Un témoignage dramatique en est donné par Nahal et Mahvash, deux jeunes filles afghanes, qui ont fait des études (l’une travaille pour une organisation internationale, l’autre est journaliste, une profession qui n’est pas appréciée par les talibans), célibataires et inquiètes de ce qui pourrait arriver à les femmes non accompagnées, plus exposées aux représailles, y compris celles qui sont divorcées, qui dans cette société profondément conservatrice et patriarcale sont souvent désavouées par leurs familles et stigmatisées par la société, à tel point qu’elles n’ont même pas le droit louer un appartement et demander un prêt à la banque. Malala Yousafzai, la jeune Pakistanaise qui a fait de la lutte pour les droits des femmes afghanes sa mission, a exprimé sa grande préoccupation pour les femmes et les minorités.

Maria Anna Goni