Giuliano Montaldo, l’enthousiasme d’un garçon qui a eu quatre fois vingt ans sans trahir ses idéaux égalitaires (N. Galiè)

L’un des plus grands réalisateurs italiens est mort à plus de quatre-vingt-dix ans, Giuliano Montaldo, auteur de films mémorables comme Sacco et Vanzetti, deux anarchistes italiens injustement assassinés aux États-Unis au début du XXe siècle.

L’interprétation de Bartolomeo Sacco par Gian Maria Volontè reste l’une des plus grandioses de l’histoire du cinéma. C’est Montaldo lui-même qui a raconté qu’il a dû tourner la scène du monologue où l’anarchiste se défend au tribunal deux fois, car dans la première scène une apparition, qui jouait un agent de police américain, a éclaté en larmes. Tant était l’habileté et le caractère dramatique de l’interprétation.

Appartenant à la génération des grands réalisateurs italiens de la seconde moitié du XXe siècle, comme De Sica, Monicelli et Bertolucci, Montaldo, qui était né à Gênes, a également collaboré avec Gillo di Pontecorvo dans la réalisation de la Bataille d’Alger. Comme assistant réalisateur ou réalisateur de la deuxième unité du film, Montaldo participe à la réalisation de la Bataille qui, en 1966, raconte l’épopée du Front de libération nationale.
Ce fut un succès extraordinaire, qui permit de faire connaître à l’étranger les horreurs du colonialisme français et l’héroïsme des combattants du FLN qui s’opposèrent aux barbaries. Avec Pontecorvo, donc, même Giuliano Montaldo peut être rappelé comme l’un des partisans étrangers intellectuels de la Révolution algérienne.
Il est connu que l’art, la musique, la littérature et le cinéma ont joué un rôle essentiel dans la solidarité internationale en faveur du peuple algérien.

Montaldo raconte qu’il n’avait jamais été en Algérie auparavant et tout de suite Alger lui apparut comme une ville en grande effervescence : “L’atmosphère était de grande excitation. Il n’y avait même pas d’acteur professionnel et cela contribuait à rendre le tournage très complexe”.
Selon Montaldo, cela “faisait partie des intentions du réalisateur”. En effet, le Pontecorvo voulait que les scènes soient interprétées uniquement par des personnes du lieu qui avaient participé à la Résistance algérienne ou qui en partageaient les idéaux.

Il fut particulièrement difficile de trouver un acteur qui jouait le général Mathieu et Pontecorvo demanda justement à Montaldo s’il voulait le faire; mais il refusa et fut appelé un acteur de Paris. Ami du réalisateur, Montaldo raconte que “Quand les Algériens contactèrent Pontecorvo pour un film qui racontât leur lutte d’indépendance, il était prêt. Il mit sur le pot sa totale liberté et son autonomie et ils acceptèrent. Je me souviens de ces jours avec nostalgie. Nous étions unis et sentions la responsabilité de documenter un événement historique aussi significatif. Mais peut-être que je n’étais pas complètement conscient de l’importance de cette expérience. Je participais à un film qui allait entrer en force dans l’histoire du cinéma.
Quand à Venise il remporta le Lion d’or, je me souviens des applaudissements. Plus que les contestations, inévitables, je me souviens des applaudissements très longs et très mérités”.

Nazareno Galiè