Italie : onze mille mineurs isolés arrivés en dix ans

En dix ans, l’organisation Save the Children a accueilli plus de onze mille migrants mineurs et à peine majeurs, arrivés seuls en Italie, sans aucun adulte référent avec eux. Tous ceux qui ont trouvé une nouvelle, même si provisoire, maison dans le Centre italien “CivicoZero” à Rome, célèbre ce 19 décembre la dixième année d’activité.

Pendant ces dix ans, les travailleurs du centre ont croisé de nombreuses histoires de mineurs, parfois encore enfants, d’autres adolescents, arrivés sur le sol italien avec un long et dangereux voyage et qui ont pu recevoir, dans ces moments d’extrême fragilité, des aides de premières nécessités, comme des douches, des vêtements, des repas, et aussi un soutien légal et un accompagnement, une assistance humanitaire, des cours d’italien, des activités artistiques et d’expression personnelle, jusqu’à la recherche d’un emploi ou une formation, et des activités culturelles.

Tant d’ateliers qui poussent à la protection et l’inclusion qui ont été fréquentés ces dix dernières années par des jeunes dans ce centre de via Bruzi 14, dans le quartier populaire romain de San Lorenzo, géré par la Coopérative CivicoZero, et qui s’inscrit dans un grand projet national qui s’étend jusqu’à Milan, Turin et Catane en Sicile. Ces jeunes ont ainsi l’opportunité d’être soutenus par des professionnels, éducateurs, psychologues, conseillers juridiques, et médiateurs culturels. 

“Depuis toutes ces années, nous avons assisté à une profonde mutation des flux migratoires qui impliquent des mineurs, mais ce qui n’a jamais changé c’est la même demande, très forte, de protection que nous font les jeunes qui arrivent de parcours traumatisants et douloureux, ainsi qu’un fort désir d’intégration. Nous répondons à ce besoin avec des lieux sûrs et informels dans lesquels les jeunes peuvent retrouver un espace pour prendre le temps de comprendre et exprimer leurs propres besoins, vivre leur adolescence à l’abri de toute exploitation ou abus, et projeter et prévoir leur plans d’avenir”, a déclaré Claudio Tesauro, le Présidente de Save the Children, l’Organisation internationale qui lutte depuis cent ans pour sauver les enfants en danger et leur garantir un avenir.

La validation en 2017 de la loi italienne “Legge Zampa”, représente un pas très important vers l’institution d’un système d’accueil et de protection des mineurs étrangers et isolés en Italie. Cette loi est considérée comme un modèle de référence au niveau européen qui a été promue et largement soutenue par Save the Children et par toutes les organisations de protection des mineurs. 

“Une loi avant-gardiste qui a donné vie à l’engagement de plus de tuteurs volontaires en Italie et constitue aujourd’hui, souligne Save the children, autant des points de références précieux pour les enfants, qu’un témoignage d’engagement quotidien pour une société plus unie et plus juste. Toutefois, la loi doit encore être mise en application sous tous ses aspects et il manque une mise en pratique fondamentale comme l’ouverture d’un parcours social avec un premier entretien d’accueil afin de donner des permis de séjour et certifier l’âge des personnes”.

“Il est aussi nécessaire d’affronter, avec des politiques adéquates, la question des enfants qui atteignent les 18 ans et dont le parcours d’intégration sociale risque d’être soudainement interrompu”, a affirmé Raffaela Milano, directrice des Programmes Italie-Europe de Save the Children.

Une fois sortis des circuits d’accueil, en Italie, ces tout jeunes adultes pâtissent en effet du manque de politiques d’intégration qui ne prennent pas en compte leurs besoins et leur prise en charge se limite souvent à quelques mois après leur majorité, avec le risque réel que le parcours d’intégration réalisé jusqu’alors soit perdu. Le risque est d’autant plus grand pour ceux qui doivent convertir leur permis de séjours demandé lorsqu’ils étaient mineurs, et qui risquent de se voir refuser leur entrée, en application du Décret sécurité (instauré par Matteo Salvini lorsqu’il était Ministre de l’Intérieur).

Parmi les 11 147 mineurs accueilli dans ce Centre de Rome en dix ans, la majorité est composée d’adolescents garçons entre 15 et 17 ans, venant principalement d’Égypte, (34%), Afghanistan (22%) et Érythrée (17%), suivis par de jeunes d’Albanie, Roumanie, Tunisie et Somalie. 

De 2011 à aujourd’hui, les équipes de terrain du CivicoZero ont effectué environ 5 850 prises de contacts avec des mineurs se trouvant des des situations d’exclusion et de vulnérabilité, exposé à des risques de déviances, d’abus, d’exploitation sexuelle ou esclavage.

Sur la meme période, plus de 6 000 mineurs en transit ont été récupérés, (soit 12% des mineurs isolés arrivés en Italie) dont des filles très jeunes, de passage dans la capitale italienne, qui comptaient poursuivre leur fuite vers l’Europe du nord.