Le président cubain Miguel Díaz-Canell, actuel successeur du commandant Fidel Castro, a été reçu avec tous les honneurs au Vatican où il a rencontré le pape François pendant 45 minutes, dont 40 en tête-à-tête, selon des sources vaticanes, au cours desquelles ils ont certainement parlé des tensions internationales à la suite de l’opération militaire russe en Ukraine et de la tentative du cardinal Zuppi de se rendre à Kiev et bientôt à Moscou. Zuppi, l’envoyé de François à Kiev et bientôt à Moscou.
M. Díaz-Canel, accompagné de son épouse Lis Cuesta Peraza, est arrivé à 9 h 50 heure locale et a été accueilli par le régent de la Maison pontificale, Mgr Leonardo Sapienza, à l’entrée de la salle de cérémonie du complexe conçu par Pierluigi Nervi, où, outre la salle Paul VI, qui accueille les audiences générales, et la salle du Synode, il y a un deuxième bureau privé du pape avec quelques pièces adjacentes.
Après l’entretien privé, le premier en tant que président de Diaz-Canel avec le Souverain Pontife, il y a eu le moment – prévu par le protocole mais non moins significatif – de l’échange de cadeaux. François a remis à Diaz-Canel une œuvre en bronze représentant une colombe portant un rameau d’olivier, avec l’inscription “Soyez des messagers de paix”, ainsi que le Message pour la Paix de cette année, le document sur la fraternité humaine et le livre sur la Statio Orbis du 27 mars 2020, édité par le LEV.
Pour sa part, M. Díaz-Canel a offert au pape une sculpture en argent, en bronze et en bois, intitulée ” El Lector “, ainsi que deux volumes de poètes cubains.
Le président cubain a ensuite rencontré à la Secrétairerie d’État le cardinal Pietro Parolin et le sous-secrétaire pour le secteur multilatéral de la section des relations avec les États et les organisations internationales, Mgr Daniel Pacho. “Au cours des entretiens avec la Secrétairerie d’État, informe le Bureau de presse du Saint-Siège, l’importance des relations diplomatiques entre le Saint-Siège et Cuba a été abordée, en évoquant la visite historique de saint Jean-Paul II en 1998, dont c’est le 25e anniversaire. Ils se sont ensuite attardés sur la situation du pays et sur la contribution qu’offre l’Église, en particulier dans le domaine de la charité.
Dans la suite de la conversation, certains sujets internationaux d’intérêt mutuel ont été abordés et l’importance de poursuivre l’engagement de toujours promouvoir le bien commun a été soulignée”.
La première visite au Vatican d’un président cubain depuis la révolution de 1959 a été effectuée par Fidel Castro lui-même le 19 novembre 1996, lorsque le commandant en chef a été reçu par Jean-Paul II dans la bibliothèque privée du palais apostolique au Vatican. Deux ans plus tard, en janvier 1998, Jean-Paul II, dans un geste historique lourd de sens politique, s’est rendu à Cuba d’où il a lancé son double appel : “Que Cuba s’ouvre au monde avec toutes ses magnifiques possibilités et que le monde s’ouvre à Cuba”.
Des paroles prophétiques prononcées par saint Jean-Paul II à l’aéroport international José Marti de La Havane, le 21 janvier 1998, vingt ans après l’élection d’un pape issu de la Pologne communiste. De ce voyage historique découle le dégel entre les États-Unis et Cuba, la réalisation du programme du pontificat indiqué par Karol Wojtyla en 1978 : “Ouvrez les frontières des États, des systèmes économiques et politiques, les vastes champs de la culture, de la civilisation et du développement. N’ayez pas peur !
La poignée de main entre Fidel Castro et saint Jean-Paul II a été suivie par celle de Raul Castro avec Benoît XVI qui, lors de sa visite à Cuba en 2012, s’est également rendu au domicile de Fidel où il a eu une conversation mémorable avec le lider maximo.
C’est donc Raul, lors d’une escale technique en Italie d’un peu moins de 24 heures, qui s’est rendu en mai 2015 pour une audience privée avec le pape François, qui a reçu le président cubain (et frère de Fidel) au Vatican (dans le même studio conçu par Ds Nervi, utilisé aujourd’hui). “Je suis très heureux et je suis venu vous remercier pour ce que vous avez fait pour commencer à résoudre les problèmes entre les États-Unis et Cuba”, a déclaré le président de l’époque. “J’ai été très impressionné par la sagesse et la modestie du pape”, a déclaré Raul immédiatement après son audience privée au Vatican avec Bergoglio. J’ai lu tous ses discours et j’ai dit au premier ministre italien Matteo Renzi : “Si le pape continue ainsi, je reviendrai à l’Église catholique. Je suis du parti communiste qui n’a jamais admis les croyants, même si maintenant des pas ont été faits”. Ce seront 55 minutes de dialogue à huis clos, que Raúl lui-même qualifiera plus tard devant la presse de “magnifique conversation”. Il est de notoriété publique que Raúl Castro et le pape François ont par la suite tissé une amitié personnelle qui perdure et que le souverain pontife a évoquée lors d’une interview télévisée.
En septembre 2015, la première visite de François sur l’île cubaine, soutenant davantage “l’ouverture de Cuba au monde et du monde à Cuba”, a suivi le travail de médiation de Bergoglio et du Vatican que Raul Castro, a contribué de manière décisive à la fin (malheureusement plus tard levé par Trump et Biden avec de nouvelles sanctions pénales) de l’isolement qui avait duré plus de cinquante ans.
Quelques mois plus tard, en 2016, Cuba a joué un rôle historique et très positif en organisant et en soutenant la rencontre qui s’est tenue à La Havane en 2016 entre le pape François et le patriarche Kirill de Moscou et de toutes les Russies, la première conversation entre les chefs des deux Églises depuis le schisme de 1054.
Tous deux ont remercié Cuba, son peuple et son président de l’époque, le général Raúl Castro.
Et aujourd’hui, si, comme cela semble certain, François et Diaz-Canel (qui s’est récemment rendu à Moscou) ont discuté de la manière de faciliter la tentative de négociation pour l’Ukraine, une nouvelle page s’ouvrira qui verra le Vatican et Cuba travailler à nouveau ensemble pour la paix.
Salvatore Izzo