L’écologie urbaine : un pari sur la biodiversité et les caractéristiques naturelle de l’écosystème urbain

Dimanche 4 octobre, l’ONG internationale WWF, Fonds mondial pour la nature, organise dans les parcs des métropoles italiennes, sa quatrième édition de “Nature urbaine”, une initiative qui promeut la connaissance de la nature en ville, et une participation active des citoyens. L’événement principal de cette année est la collaboration avec le musée “Jardin bonatique” de Rome où sont prévues des visites gratuites. Les botanistes italiens Giuliano Fanelli et Carlo Fratarcangeli nous donnent une définition de l’écologie urbaine.

Giuliano Fanelli, qu’est ce que l’écologie urbaine ?

Il existe deux types d’approches différentes, dont l’une vient de Chine, qui tient compte avant-tout des flux énergétiques de l’écosystème. Cette position est née de l’exigence de planifier une expansion urbaine très importante ces 30 dernières années, en considérant l’aspect durable. L’approche européenne et américaine en revanche, se concentre sur la biodiversité et les caractéristiques naturelles de l’écosystème urbain. Cette approche est née en Angleterre dans les années 1960 lorsqu’on s’est rendu compte, en étudiant la flore, que les écosystèmes urbains sont des écosystèmes en soi, même s’ils sont différents de ceux naturels, mais sont aussi très riches en espèce. Mais l’étude de l’écologie de la ville, en tant que discipline, est très ancienne et remonte au moment de la naissance de la botanique moderne. Dans les zones urbaines, il y a peu de compétitions entre les espèces. Ainsi, à Rome, il y a 1300 espèces différentes de plantes, mais aussi de nombreux insectes et oiseaux.

À Rome, il y a de nombreuses zones abandonnées, des bois, des parcs, laissés sans entretien. Quelle est l’importance de la biodiversité des ères inaltérées par l’intervention de l’homme au sein des villes ? 

La structure urbaine de Rome est particulière, c’est une ville presque aussi grande que Londres pour sa superficie, mais compte trois millions d’habitants alors que la capitale britannique en compte neuf millions. Cette baisse densité urbaine et les espaces non construits, qui sont souvent des lieux abandonnés, favorisent une très grande biodiversité qui n’est pas le fruit d’une organisation, mais la conséquence de la construction d’immeubles et d’une croissance désordonnée. La biodiversité de Rome est protégée par le système de parcs de “Rome Nature” et de réseau écologique qui connecte entre elles les ères naturelles comme les bois du parc de l’Insugherata et le parc urbain du Pineto. Ce sont des lieux fondamentaux pour reconstruire un environnement naturel.

Et comment cette nature inaltérée et les hommes peuvent-ils vivre ensemble, avec leurs différentes exigences, dans une zone urbaine ?

À Rome, il y a de nombreuses “zones vertes non conventionnelles” mais peu fréquentées des habitants qui y voient des lieux de marginalité, peu sûrs. Il s’agissait avant d’espaces dédiés à l’élevage, comme à la Caffarella. Certains venaient même y cueillir de la chicorée ou des herbes comestibles. Aujourd’hui ce sont des lieux de squat. Pour rapprocher les citoyens de ces zones vertes, des initiatives permettent d’organiser des activités.

Quelles autres villes dans le monde ont un intérêt du point de vue de l’écologie urbaine, et où y fait-on le plus attention aujourd’hui ?

La plus intéressante pour l’écologie urbaine est Berlin, où la biodiversité est un des aspects les plus importants de l’aménagement du territoire. Mais la capitale allemande est bien différente de celle italienne sur le plan de la structure urbaine, et a peu de zones “vertes” ou très naturelles. En Grande-Bretagne aussi, il y a une grande attention portée à la nature.

Carlo Fratarcangeli, quelle est la méthode d’étude de la flore citadine et quel est son avenir ?

La flore citadine peut être étudiée à partir d’une série de facteurs, comme la dimension de la ville, sa latitude, l’aménagement urbain, ou sur la base de critères de recherche, par exemple si on se concentre sur les plantes à fleur ou les mousses. On peut ainsi répertorier de A à Z toutes les espèces présentes ou selon un quadrillage de la ville. Cela donne d’importantes informations sur la répartition de chaque espèce dans la zone urbaine, sans oublier les études sur la végétation qui mettent en évidence les différentes associations de plantes souvent appelées “quercétine”. Ces études sont extrêmement importantes car elles donnent des informations sur les évolutions qui interviennent et surtout leurs possibles causes.