“L’Europe a besoin d’un sursaut d’espoir”. Et après la messe au stade de Marseille, il rencontre les survivants de l’attaque de Nice

“Papa François a décrit l’état d’esprit prédominant aujourd’hui en Europe dans l’homélie de la messe au Vélodrome de Marseille comme suit: ‘Un cœur froid et plat mène la vie de manière mécanique, sans passion, sans élan, sans désir. Et tout cela, dans notre société européenne, peut rendre malade : le cynisme, le désenchantement, la résignation, l’incertitude, un sentiment général de tristesse’. Quelqu’un les a appelées ‘passions tristes’, c’est une vie sans élan”, a observé le Pape, pour qui “nos métropoles et de nombreux pays européens comme la France, où coexistent des cultures et des religions différentes, représentent un grand défi face aux exagérations de l’individualisme, aux égoïsmes et aux fermetures qui engendrent la solitude et la souffrance”.

“Je pense aux nombreux sursauts de la France, à une histoire riche en sainteté, en culture, en artistes et en penseurs qui ont passionné de nombreuses générations”, a ajouté François, soulignant que “même aujourd’hui, notre vie, la vie de l’Église, de la France, de l’Europe ont besoin de cela : de la grâce d’un sursaut, d’un nouveau sursaut de foi, de charité et d’espoir”, l’indication de la voie à suivre : “Nous avons besoin de retrouver la passion et l’enthousiasme, de redécouvrir le goût de l’engagement pour la fraternité, d’oser à nouveau le risque de l’amour dans les familles et envers les plus faibles, et de trouver dans l’Évangile une grâce qui transforme et rend la vie belle”.

“Face au mystère de la vie personnelle et aux défis de la société, ceux qui croient – a expliqué le Pape – ont un sursaut, une passion, un rêve à cultiver, un intérêt qui les pousse à s’engager personnellement. Ils savent que le Seigneur est présent en tout, qu’il appelle, qu’il invite à témoigner de l’Évangile pour construire avec douceur, à travers les dons et les charismes reçus, un monde nouveau”.

À la fin de la cérémonie, à laquelle a également assisté le président de la République française, Emmanuel Macron, avec sa femme Brigitte, François a pu saluer “les frères et sœurs venus de Nice, accompagnés de l’évêque et du maire, et survivants de l’effroyable attentat du 14 juillet 2016”. “Nous adressons une prière à la mémoire de ceux qui ont perdu la vie dans cette tragédie et dans tous les actes terroristes perpétrés en France et dans le monde entier”. “Le terrorisme – a-t-il conclu – est lâche. Et ne cessons pas de prier pour la paix dans les régions dévastées par la guerre, en particulier pour le peuple ukrainien martyrisé”.

Enfin, le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque métropolitain de Marseille, a pris la parole pour remercier le Pape. “Très Saint Père, cher Pape François ! Comment vous remercier ? Les mots ne suffisent pas à exprimer l’immense gratitude qui vient de nos cœurs à la fin de cette journée inoubliable. Déjà hier soir, quand vous êtes monté à Notre-Dame-de-la-Garde dès votre arrivée, pour faire comme nous, Marseillais, quand nous montons pour confier notre vie à la Vierge Marie, déjà avec ce geste, vous êtes devenu Marseillais ! Et puis, quand peu avant le coucher du soleil, vous avez participé à ce moment de recueillement avec tous les leaders religieux de notre ville en hommage à ces migrants qui cherchaient l’espoir et n’ont trouvé que l’indifférence et en fin de compte la mort, dans ce grand cimetière qu’est devenue notre mer, là, cher Pape François, nous avons compris que, sans faire le tour de la France, vous avez voulu attirer les regards de notre pays sur cette Méditerranée et éveiller nos consciences à la responsabilité que nous avons envers cet espace qui fait partie de notre histoire et de notre géographie”.

“Ce matin – a poursuivi le cardinal en s’adressant au Pape – après avoir rencontré dans le quartier de Saint-Mauront, sans doute l’un des plus pauvres de France, des personnes en grande précarité, vous avez rejoint les évêques, les jeunes, le président de la République et toutes les personnalités engagées concrètement au service de la paix en Méditerranée. Vous avez encouragé nos Églises sur les cinq rives à poursuivre ce travail de concertation, commencé à Bari puis à Florence et continué ici à Marseille. Merci pour vos paroles fortes et courageuses. Et ce soir, dans ce stade, quelle belle célébration ! Et quelle atmosphère ! Un Pape dans un stade, cela s’est déjà vu. Mais un Pape au Stade Vélodrome, non, cela ne s’était jamais vu ! En venant ici, c’est comme si vous étiez allé chez chacun des Marseillais, chez eux ! Si vous saviez à quel point nous en sommes fiers et heureux ! Je crois que ce soir, même la ‘Bonne Mère’ a les larmes aux yeux ! ‘Et nous, en vous accueillant pour la première fois pour une messe en France, nous nous sentons, comme on dit ici, toujours les premiers !’. ‘Merci, Saint-Père ! Marseille, et avec elle toute la France – a conclu Aveline – n’oubliera jamais l’immense don que vous nous avez fait. Nous nous confions à votre prière et soyez assuré que nous ne vous oublierons pas dans nos prières !”.

Sante Cavalleri