“On détruit la vie sans s’en rendre compte”. Le pape au cimetière de Porta S. Paolo: “Les guerres sont toujours une défaite, toujours”

“J’ai regardé l’âge de ces soldats tombés au combat. La plupart ont entre 20 et 30 ans. Des vies écourtées, des vies sans avenir. Et j’ai pensé aux parents, aux mères qui ont reçu cette lettre : ‘Madame, j’ai l’honneur de vous dire que vous avez un fils héros’. Oui, un héros, mais on me l’a enlevé ! Que de larmes dans ces vies interrompues. Et je n’ai pas pu m’empêcher de penser aux guerres d’aujourd’hui. La même chose se produit aujourd’hui : tant de jeunes et de moins jeunes… Dans les guerres du monde, même dans celles qui nous sont les plus proches, en Europe et au-delà : combien de morts ! La vie est détruite sans que l’on s’en rende compte”. Le pape François a souligné la folie meurtrière de la guerre et des armes en visitant ce matin le “Rome War Cemetery” près de la Porta San Paolo, lieu symbolique de la Résistance à Rome, où reposent les dépouilles de 476 soldats anglophones tués en Italie pendant la Seconde Guerre mondiale (355 Britanniques, 22 Canadiens, 5 Australiens, 10 Néo-Zélandais, 28 Sud-Africains, 2 Indiens, 2 Palestiniens et un Mauricien, un Antillais et un Sud-Africain).

À son arrivée, le pape a été accueilli par le vice-président Peter Hudson CBE, le directeur régional Geert Bekaert, la directrice nationale pour l’Italie Claudia Scimonelli et le personnel du cimetière. En chemin, il a déposé des fleurs blanches sur quelques tombes et s’est recueilli pour un moment de prière.
À la fin de la célébration eucharistique, le pape François a fait une brève halte devant le cimetière non catholique de Rome, où repose Antonio Gramsci (et plus récemment Dario Bellezza, Carlo Emilio Gadda, Luce d’Eramo, la créatrice de mode Simonetta Colonna di Cesarò, et enfin Andrea Camilleri et Giorgio Napolitano).

“La célébration d’un jour comme aujourd’hui, a déclaré François dans son homélie, nous conduit à deux réflexions : la mémoire et l’espérance. La mémoire de ceux qui nous ont précédés, qui ont passé leur vie, qui ont terminé cette vie ; la mémoire de tant de personnes qui nous ont fait du bien : dans la famille, parmi les amis… Et la mémoire aussi de ceux qui n’ont pas réussi à faire tant de bien, mais qui ont été accueillis dans la mémoire de Dieu, dans la miséricorde de Dieu. C’est le mystère de la grande miséricorde du Seigneur. Et puis l’espérance. La mémoire d’aujourd’hui est une mémoire pour regarder en avant, pour regarder notre route, notre chemin. Nous marchons vers la rencontre, avec le Seigneur et avec tous. Et nous devons demander au Seigneur cette grâce de l’espérance : l’espérance qui ne déçoit jamais ; l’espérance, qui est la vertu quotidienne qui nous fait avancer, qui nous aide à résoudre les problèmes et à chercher des issues. Mais toujours en avant, en avant. Cette espérance féconde, cette vertu théologale de tous les jours, de tous les instants : je l’appellerai la vertu théologale “de la cuisine”, parce qu’elle est à portée de main et qu’elle nous vient toujours en aide.

“L’espérance qui ne déçoit pas : nous vivons dans cette tension entre mémoire et espérance”, a résumé le pape, qui a suggéré : “Aujourd’hui, en pensant aux morts, en chérissant la mémoire des morts et en chérissant l’espérance, demandons au Seigneur la paix, pour que les hommes ne s’entretuent plus dans les guerres. Tant de morts innocents, tant de soldats qui laissent leur vie. Mais cela, pourquoi ? Les guerres sont toujours une défaite, toujours. Il n’y a pas de victoire totale, non. Oui, l’un gagne sur l’autre, mais derrière, il y a toujours la défaite du prix payé.
Prions le Seigneur pour nos morts, pour tous : que le Seigneur les accueille tous. Et prions aussi pour que le Seigneur ait pitié de nous et nous donne l’espérance : l’espérance que nous irons de l’avant et que nous serons tous avec Lui quand Il nous appellera. Qu’il en soit ainsi.

Sante Cavalleri