Rwanda. Paul Kagame envoie 1 000 soldats au Mozambique

Au Rwanda, un communiqué du gouvernement, publié vendredi, annonce l’envoi de 1 000 soldats au Mozambique. Le contingent sera déployé à Cabo Delgado, la région où sévit la menace insurrectionnelle et terroriste.

Les autorités du Rwanda ont déclaré, dans un communiqué ce vendredi 9 juillet, le début d’une opération militaire au Mozambique. Après le déploiement de formateurs militaires portugais, l’Union européenne (UE) devait être la première à envoyer une armée au Mozambique. Elle devait aussi être suivie de près par l’OTAN. Toutefois, le premier contingent de soldats à intervenir à Cabo Delgado sera rwandais.

Le président du Rwanda, Paul Kagame, a promis cette intervention militaire le 28 avril. C’était à l’occasion d’une visite de son homologue mozambicain Filipe Nyusi, que le chef d’Etat rwandais avait signé un accord militaire. Toutefois, les termes du document sont restés secrets, en raison du déroulement de cette rencontre à huis-clos.

Selon le communiqué de Kigali : « A la demande du gouvernement du Mozambique, le Rwanda commencera aujourd’hui le déploiement d’un contingent de 1 000 soldats et policiers à Cabo Delgado. Une province du Mozambique, actuellement touchée par le terrorisme et l’insécurité ».

Cependant, ce qui est intéressant dans l’annonce du gouvernement du Rwanda, est la liste des tâches de ce contingent. Toujours selon le communiqué, ces « militaires et policiers » travailleraient sur trois fronts. Premièrement, ils soutiendraient les forces armées du Mozambique (FADM). Deuxièmement, ils collaboreront avec les forces de la Communité de l’Afrique australe (SADC). Enfin, et surtout, ils travailleront à la réforme du secteur de sécurité (RSS).

Des soldats rwandais au Mozambique, la guerre des ténèbres

Cette dernière annonce ressemble énormément à celle de Josep Borell. Qui a qualifié l’envoi des forces portugaises au nom de l’UE « d’aide à la réforme du RSS ». Dans tous les cas de figure, les 600 soldats portugais devront travailler avec les forces rwandaises. Et dès le début de l’intervention occidentale au Mozambique, sous l’égide de l’UE et de l’OTAN, le Rwanda sera déjà sur la ligne de front.

Ensuite, peu de monde a répondu aux appels à l’aide successifs du président mozambicain Filipe Nyusi. En 2018, le chef d’Etat mozambicain était contre la présence armée étrangère sur le territoire. Néanmoins, une annonce du département d’Etat américain, dénonçant une relation présumée entre les insurgés des ADF et l’Etat Islamique (Daech), l’a convaincu du contraire.

Toutefois, L’ONU a démenti la classification américaine. Selon les experts des Nations unies, aucune présence de Daech n’est notable au Mozambique. Plusieurs études militaires de terrain montrent que les ADF sont un mouvement insurrectionnel violent aux revendications politiques. Et que les terroristes des Al-Shabaab, dirigés par Ahmad Omar dit Abu Ubaidah, n’ont aucune relation avec leur commandement central en Somalie.

Donc, Cabo Delgado est actuellement une zone d’ombre. Au-delà du fait que la major française Total y ait perdu un investissement d’exploitation gazière de 20 milliards de dollars, aucune autre information ne filtre. Les rescapés font état d’une région chaotique, où tous tirent sur tous, les FADM inclus. Mais en aucun cas des crimes terroristes « conventionnels » n’y sont dénoncés.

Il s’agit toutefois d’un champ de guerre, où des crimes contre l’humanité sont commis régulièrement. La prise de Palma par les groupes armés a dénoncé, par ailleurs, des crimes racistes de la part des paramilitaires sud-africains. Aussi, le mouvement d’origine ougandaise ADF aurait aussi tué des centaines de civils et de soldats.

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