France : génocide au Rwanda en 1994, un aveu partiel de culpabilité pour cacher la vérité (F. Beltrami)

Il y a deux ans, le président français Emmanuel Macron a annoncé la création d’une commission d’enquête d’historiens pour faire la lumière sur le rôle de la France dans le génocide de 1994 au Rwanda. Le gouvernement a placé l’historien Vincent Duclert à la tête de la commission, ouvrant les archives relatives au dossier du Rwanda. Les conclusions de la recherche historique ont été remises à la présidence il y a deux jours et partiellement révélées aux médias en offrant l’exclusivité à France Presse. Les conclusions du rapport critiquent «l’échec de la France au Rwanda», soulignant toutefois que «rien ne prouve» qu’elle était «complice» du génocide qui, selon l’ONU, a causé 1 000 000 de morts.

«Le rapport marque une étape considérable dans la compréhension et l’évaluation de l’engagement. J’encourage la poursuite du travail de connaissance et de mémoire sur le génocide des Tutsi avec l’ouverture dans les prochains jours des principales collections d’archives sur ce dossier. La France poursuivra ses efforts pour lutter contre l’impunité des personnes responsables de crimes de génocide “. Dit le président Macron aux médias nationaux.

«Le gouvernement du Rwanda salue le rapport de la Commission Duclert, qui représente une étape importante vers une compréhension commune du rôle de la France dans le génocide de 1994 contre les Tutsis. Un rapport d’enquête commandé par le gouvernement rwandais en 2017 sera publié dans les semaines à venir. les conclusions enrichiront celles de la Commission Duclert», a déclaré le Ministère ruandais des Affaires Etrangères.

Le point central du communiqué rwandais est la dernière phrase qui stipule que son propre rapport d’enquête sur les événements de 1994 sera publié prochainement dans le but de compléter le rapport du commissaire Duclert. Le gouvernement de Kigali, tout en le saluant, juge le rapport Diclert incomplet. «Le rapport indique que rien dans les archives consultées ne démontre la complicité de la France, mais note que la France est depuis longtemps mêlée à un régime qui a encouragé les massacres racistes. Selon le rapport, la France est cependant restée aveugle à la préparation d’un génocide par les éléments les plus radicaux de ce régime. La complicité du gouvernement français n’est cependant pas nouvelle, comme le montrent divers rapports et livres d’auteurs français. La France est accusée d’avoir aidé le régime génocidaire au Rwanda à l’époque et d’avoir un rôle direct dans le génocide». Lit un éditorial publié le 26 mars dans le principal journal rwandais The New Times.

Pour comprendre les réserves exprimées par le Rwanda, il est nécessaire de contextualiser les événements historiques non seulement de la période spécifique du génocide (avril – juillet 1994) mais aussi des périodes avant et après l’Holocauste, pour arriver à la situation actuelle qui voit le groupe terroriste rwandais Forces Démocratiques de Libération du Rwanda FDLR contrôlent tout un pays: le Burundi et préparent un plan d’invasion majeur pour regagner le pouvoir perdu en 1994. Un exercice historique et journalistique obligatoire pour contextualiser les demi-vérités contenues dans le rapport Diclert mais pas facile à exécuter.

Génocide. Nombres et révisionnisme

Dans la nuit du 6 avril 1994, l’avion présidentiel sur lequel voyageait le chef de l’Etat rwandais Juvénal Habyrimana, revenant des pourparlers de paix d’Arusha, a été abattu par deux missiles sol-air alors qu’il atterrissait à l’aéroport international de Kigali. Le meurtre a été commandé par la Première Dame: Agathe Habyarimana, le Général Théoneste Bagosora, le Ministre de la Défense Augustin Bizimana, le Commandant du parachutiste Aloys Ntabakuze, le Chef de la Garde Présidentielle Protais Mpiranya et l’homme d’affaires Félicien Kabuga, principal financier de la milice génocidaire Interahamwe, Pascal Musabe , Chef des Interahamwe et Joseph Nzirorera, Chef de la deuxième milice génocidaire: Impuzamugambi.

Pourquoi les associés les plus fiables d’Habyrimana et sa femme l’ont-ils éliminé? Le Président été en train d’accepter un accord de paix qui prévoyait le partage du pouvoir avec le Front Patriotique du Rwanda – FPR , la guérilla tutsi dirigée par Paul Kagame. Agathe (appelée la Veuve Noire) et les différents Généraux virent dans ces accords un coup fatal à la domination hutue et, surtout, à la mafia économique qu’ils avaient créée qui pillait le pays. La stratégie du président Juvénal était de mettre fin à la guerre civile qui avait commencé en 1991 (qu’il était en train de perdre) en créant un gouvernement d’unité nationale chargé d’organiser de nouvelles élections.

Juvénal était convaincu qu’il les gagnerait car la majorité de la population (Hutu) voterait sur la base de la loyauté ethnique. Le FPR et Paul Kagame serait été vaincus non sur le champ de bataille mais aux urnes. Leur retour dans la guérilla aurait suscité la condamnation de la communauté internationale. Son épouse et les généraux se sont opposés au plan car ils craignaient que l’aile hutue modérée du régime et certains partis d’opposition importants se joignent à Kagame, augmentant les chances de sa victoire électorale.

Ce n’est pas un hasard si les premières victimes du génocide étaient des Hutus: le Premier Ministre Agathe Uwilingiyimana, le Président de la Cour Constitutionnelle Joseph Kavaruganda, le Ministre de l’Agriculture Frédéric Nzamurambaho, le Chef du Parti libéral Landwald Ndasingwa (avec son épouse canadienne) et le Chef des négociations de paix d’Arusha, Boniface Ngulinzira. Les exécutions, dirigées par le major Bernard Ntuyahaga, Commandant des unités de la garde présidentielle, visaient à décapiter les dirigeants hutus modérés afin de ne pas représenter un obstacle au lobby mafieux créé au sein du régime racial et dirigé par la Veuve Noire.

Les victimes du génocide étaient 1 million de personnes en 100 jours. Huit cent mille Tutsis et deux cent mille Hutus modérés tués par les milices génocidaires, l’armée et la police rwandaises. Une simple moyenne mathématique indique que les forces génocidaires adhérant à l’idéologie de la mort HutuPower (Pouvoir aux Hutus) ont tué 10 000 personnes par jour pendant les 100 jours de l’Holocauste. La réalité est encore plus horrible. 70% des victimes ont été tuées au cours des trois semaines d’avril avec une moyenne de 33 400 victimes par jour.

Au cours des 79 jours restants, les forces génocidaires ont entrepris de traquer les fugitifs, parvenant à tuer les 300 000 autres victimes. Parmi eux, 120 000 personnes ont été tuées entre juillet et août 1994 dans le nord-est du Rwanda, près de la frontière avec le Zaïre (aujourd’hui République Démocratique du Congo). Ces zones faisaient partie de la “Zona Franca” établie par l’armée française de l’opération Turquoise, les massacres se sont donc déroulés sous les yeux de la France …
A côté du génocide se trouvent deux actions révisionnistes. La première, mené par les forces génocidaires, la France et certains secteurs de l’Église catholique, était la théorie du double génocide perpétré par les Tutsis contre les Hutus qui a eu lieu entre le Rwanda et le Congo après la victoire de Paul Kagame. Ce génocide n’a jamais eu lieu selon des enquêtes indépendantes de l’ONU qui n’ont constatées que des massacres de réfugiés rwandais au Congo lors de la première guerre panafricaine de 1996 qui a évincé le dictateur zaïrois Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu Wa Zabanga, connu en Occident sous le nom de Mobutu. La deuxième action révisionniste a été menée par l’actuel gouvernement rwandais. Depuis 2012, officiellement, le Rwanda ne parle que des victimes tutsies, définissant les événements comme “Génocide des Tutsi”. Dans cette révision, la mémoire de 200 000 Hutus modérés qui se sont opposés aux massacres et ont été assassinés par leur propre groupe ethnique a été effacée.
Implication de la France avant le génocide.
Les rythmes impressionnants du massacre n’ont été possibles que grâce à la participation de la population hutue, infectée par des décennies de propagande raciale anti-tutsie. La haine que le régime HutuPower avait instillée parmi la majorité des Hutus rwandais contre leurs frères tutsis n’explique pas l’efficacité du génocide si l’on ne tient pas compte du fait que l’Holocauste a été minutieusement préparé au moins 2 ans plus tôt.
C’est là que la France entre en jeu.

Contrairement aux conclusions du rapport Duclert, il existe une documentation abondante et des preuves sur l’implication active et consciente de la France dans les préparatifs du génocide. Paris était au courant du plan d’extermination et l’a soutenu et facilité. L’analyse par la journaliste d’investigation Linda Melvern des documents issus des archives parisiennes de l’ancien président François Mitterrand montre comment l’invasion du FPR de Kagame en octobre 1990 a été considérée par Paris comme une attaque claire par un voisin anglophone dans un pays francophone.

En 1991, la France a empêché Kagame de conquérir le Rwanda, combattant personnellement les rebelles tutsis, les repoussant de l’autre côté de la frontière vers l’Ouganda. Les soldats français soutenus par la Garde Présidentielle du Zaïre se sont battus en prime ligne pour défendre le régime racial rwandais car ses forces armées étant incapables de résister à l’affrontement militaire contre les rebelles de Kagame.

Lorsque Paris a constaté que la défaite infligée au FPR était une victoire à la Pyrrhus, la croyance a surgi parmi le gouvernement de Mitterrand de l’existence d’un plan anglo-américain pour diminuer l’influence (et les affaires) françaises dans la Région des Grands Lacs. Cette conviction a dictée la nécessité de soutenir sans réserve le régime HutuPower de Habyarimana et par la suite le gouvernement provisoire formé par son épouse et ses Généraux après avoir liquidé le président rwandais et les ministres hutus modérés. La thèse était basée sur les alliances de Kagame: l’Ouganda, Éthiopie, États-Unis, Grande-Bretagne, Israël, avec le consentement du Canada.
La tâche d’arrêter l’avancée anglophone a est confiée à un réseau secret d’officiers militaires, d’hommes politiques, de diplomates, d’hommes d’affaires et d’agents des services secrets français. Un réseau coordonné personnellement par le président François Mitterrand, facilité par le fait que la politique étrangère dirigée vers l’Afrique n’est pas de la responsabilité du Parlement mais d’un département obscur et semi-clandestin de l’Eliseo appelé ” Cellule Africaine de l’Elisée ” (connue sous le nom de France Afrique) agissant de manière autonome et ne répondant qu’au Président de la République. Sa tâche principale est de défendre le droit économique prédateur de la France sur les ressources naturelles des anciennes colonies africaines et des pays africains sous influence francophone, dont le Rwanda et le Burundi.

Entre 1992 et 1994, la France a inondé le Rwanda d’armes qui seront utilisées pour le génocide. Les preuves ont été trouvées à l’Ambassade de France après la fin du génocide, mais non reconnues par Paris, qui les considérait comme de faux produits par la guérilla Paul Kagame pour consolider davantage sa victoire. Les registres trouvés à l’Ambassade de France répertorient toutes les livraisons d’armes, dont 1 million de machettes en provenance de Chine avec des fonds issus d’un projet de développement agricole proposé par la coopération française et la coopération européenne. Outre les armes, la France a garanti une coopération militaire qui comprenait la participation directe des conseillers militaires et des unités françaises présentes au Rwanda dans les affrontements contre les rebelles de Kagame.

Une liste d’officiers rwandais établie par des officiers de l’armée rwandaise au sein du ministère rwandais de la Défense et datée du 5 mars 1994 montre trois instructeurs militaires français travaillant comme «assistants techniques» dans le bataillon de reconnaissance. Dans l’armée de l’air rwandaise, il y avait deux instructeurs de vol français, un navigateur, un contrôleur aérien et un mécanicien. Dans les para-commandos, sous le colonel Aloys Ntabakuze, il y avait quatre officiers supérieurs français dont un major dans l’armée française. Les enquêtes de Madame Linda Melvern ont été confirmées par un rapport de Human Rights Watch et de la commission d’enquête française de l’Assemblée nationale (2004) qui a trouvé de graves irrégularités dans la livraison d’armes au Rwanda au cours des années 1990 à 1994.

Le fax sur le génocide du général Romeo Dallaire. Des preuves accablantes que la France était au courant des plans d’extermination totale.
Le 11 janvier 1994, le Général canadien Roméo Dallaire, commandant de la MINUAR (mission ONU de maintien de la paix au Rwanda), a adressé au siège de l’ONU un rapport sur la situation politique et militaire du Rwanda, plus tard connu sous le nom de “Le Fax du Génocide”. Le rapport du Général Dallaire était basé sur le témoignage sous serment d’un informateur au sein des milices génocidaires nommé «Jean-Pierre»: Kassim Turatsinze. L’informateur avait fourni des preuves irréfutables qu’un plan génocidaire était en place. Turatsinze avait aussi remise à Dallaire des listes détaillées des victimes et des dépôts d’armes à livrer aux civils pour massacrer les tutsi. Le Général canadien a demandé aux Nations Unies la permission d’intervenir militairement contre ces milices génocidaires pour éviter l’Holocauste. La demande a été rejetée par les Nations Unies en raison de la forte pression de la France, membre permanent du Conseil de Sécurité. Pour être sûr que Dallaire pleuvait pas avoir la possibilité de faire des actions «autonomes», la France a réussi à convaincre l’ONU de retirer la plupart des casques bleus présents au Rwanda, ne laissant à Dallaire qu’une poignée d’hommes, manifestement insuffisante pour arrêter un génocide.

La France, acteur majeur du génocide

Au début du génocide, la France a lancé l’Operation Amaryllis, une opération militaire impliquant 190 parachutistes, aidés par l’armée belge et la MINUAR, pour évacuer les expatriés du Rwanda. En réalité, c’était une opération en faveur du gouvernement génocidaire rwandais. Avec les expatriés français, les familles de plusieurs membres éminents du régime qui massacraient la population ont été évacuées. Les militaires français ont refusé d’évacuer tout Rwandais d’origine tutsie. Au point de rassemblement, les militaires français ont également séparé les familles mixtes, permettant aux citoyens français d’être évacués mais pas leurs femmes et leurs enfants s’ils étaient d’origine tutsie. Ces derniers ont été remis aux milices génocidaires qui les ont massacrés sur place. C’est ce qui ressort des témoignages recueillis entre Rwandais et Français par l’historien expert des Grands Lacs: Gérard Prunier.

Tout au long d’avril et mai 1994, les forces rebelles qui avaient occupé des territoires dans le nord du pays ont été bloquées par les défenses de l’armée rwandaise tandis que les milices génocidaires Interahamwe et Impuzamugambi massacraient la population à Kigali, dans les principales villes et dans la campagne. En première ligne, il y avait des instructeurs militaires français qui ont participé directement aux combats contre les rebelles de Paul Kagame pour arrêter leur offensive sur Kigali pour leur empêcher aussi d’arrêter le génocide en cours et pour libérer le pays. Sur le plan diplomatique, la France s’est engagée à empêcher la communauté internationale de reconnaître qu’un génocide était en cours au Rwanda, préférant parler d’une guerre ethnique indistincte. La communauté internationale n’a reconnu la nature du génocide que grâce à la position claire du Vatican. Le pape Jean-Paul II (alias Karol Józef Wojtyła) a été le premier chef d’État occidental à définir la guerre civile au Rwanda comme un génocide.
Opération Turquoise pour sauver le régime racial rwandais.

En juin 1994, les rebelles de Kagame avaient réussi à percer la ligne de front de l’armée rwandaise. La France a alors décidé de lancer l’opération Turquoise, déguisée en mission humanitaire pour recevoir l’approbation de l’ONU. L’objectif déclaré de Paris était de créer des zones humanitaires pour les personnes déplacées, les réfugiés et les civils en danger dans les provinces du nord-est du Rwanda à la frontière avec le Zaïre. Le commandement de l’Opération Torquoise était à Goma (province du Nord-Kivu Congo) et le commandement logistique – opérationnel à Bukavu (province du Sud-Kivu, Congo), villes limitrophes du Rwanda.
En réalité, l’objectif était de diviser le Rwanda en deux en créant un territoire contrôlé par l’armée rwandaise et un autre par les milices génocidaires. En fait, ce qui restait de l’armée rwandaise s’est réfugié dans la zone «humanitaire» sous contrôle français. Après la conquête de Kigali par Kagame, les milices Interahamwe et Impuzamugambi ont également été accueillies dans la zone humanitaire. L’objectif principal était de forcer Kagame à accepter un gouvernement d’unité nationale avec le génocide.

Alternativement, celui de créer deux zones géographiques distinctes : deux Rwanda. Un partie contrôlée par les forces de libération du FPR de Kagame. L’autre par les forces génocidaires de la Veuve Noire et de ses généraux. Selon Human Whatch Rights, l’opération Turquoise avait le seul but d’empêcher une victoire du FPR. HRW a rapporté que certains officiers militaires à Paris avaient ouvertement parlé de “briser le dos de Kagame”.

Au cours de la brève opération Turquoise, les troupes françaises se sont affrontées directement contre les rebelles du FPR qui ont infligé de lourdes défaites en raison de l’interdiction de la Maison Blanche et du Pentagone d’utiliser l’aviation militaire française stationnée à Brazzaville (République du Congo – française) et Bangui (République Centrafricaine). En juillet 1994, l’état-major général de l’armée française a dû constater l’impossibilité de défendre les territoires de la zone humanitaire. En conséquence, il a organisé le retrait des forces génocidaires dans le Zaïre voisin, forçant près d’un million de civils à devenir des réfugiés.
La réorganisation militaire des forces génocidaires réfugiées au Zaïre

Après la défaite des forces militaires françaises de l’opération Turquoise, infligée par l’armée de libération du Front Patriotique du Rwanda dirigé par Paul Kagame et le retrait des forces génocidaires rwandaises protégées par l’armée française, Paris réorganise la reconquête du Rwanda à partir du Zaïre (République Démocratique du Congo).
Lors de la retraite de l’armée rwandaise et des milices génocidaires Interahamwe et Impuzamugambi, la France a activement participé à forcer 1 million de civils (Hutus) à devenir des réfugiés au Zaïre. Ces civils ont été utilisés pour transformer les camps de réfugiés installés à Bukavu, Goma et Uvira (est du Congo) en camps d’opérations militaires pour les forces génocidaires dans le but de les réorganiser et de promouvoir la reconquête du Rwanda.

Du Zaïre, ce qui restait des forces génocidaires a été réorganisé et réarmé. La France a joué un rôle de premier plan en permettant à ces forces génocidaires de contrôler les camps de réfugiés rwandais au Sud et au Nord Kivu, leur permettant de mettre la main sur les millions de dollars payés par la communauté internationale pour aider les réfugiés au Rwanda. De nombreux historiens émettent l’hypothèse d’une collaboration (néfaste) du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Capables de puiser dans des fonds, des armes et des fournitures de formation illimités en France, et disposant d’un réservoir de jeunes à recruter dans les camps de réfugiés, les forces génocidaires ont lancé 14 attaques contre le Rwanda entre 1995 et 1996.
Parmi la myriade d’ONG étrangères aidant les réfugiés, seuls Médecins Sans Frontières ont dénoncé que les génocidaires contrôlaient des centaines de milliers de réfugiés, les utilisaient comme boucliers humains et comme source de recrutement pour leurs actes terroristes contre le Rwanda. MSF a décidé d’arrêter l’aide humanitaire pour ne pas mettre fin au financement occidental entre les mains de ces génocidaires qui les utiliseraient pour acheter des armes, envahir le Rwanda et mettre fin à l’extermination des Tutsis. Les autres ONG ont poursuivi leurs activités “comme d’habitude” en faisant semblant de ne pas voir les preuves.

Après de nombreux demandes officielles du nouveau gouvernement rwandais adressées aux Nations Unies et au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) de séparer les forces génocidaires des réfugiés dans les camps installés à Goma, Bukavu, Uvira, le 9 septembre 1996, les troupes rwandaises envahissent le Zaïre pour mettre fin à la menace génocidaire. Une invasion orchestrée avec des troupes de l’Angola, du Burundi, de l’Éthiopie, de l’Ouganda prétendant soutenir un mouvement de libération congolais inconnu dirigé par Desirè Laurent Kabila, un ancien révolutionnaire des années 1960 qui a combattu avec Che Guevara dans son entreprise infructueuse pour libérer le Congo, puis recyclé en un trafiquant d’or entre Buizza (district de Bujumbura, Burundi) et Dar Es Salam, Tanzanie.
2000. Paris crée le groupe terroriste FDLR.
La première guerre panafricaine devait mettre fin à la triste parenthèse génocidaire. Au contraire, la menace génocidaire dans la Région des Grand Lacs, duré jusqu’à nos jours grâce à l’intervention de la France qui a réorganisé en 2000 ce qui resté des forces génocidaires rwandaises en créant les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda – FDLR.

Ce groupe, inscrit sur la liste des groupes terroristes internationaux en 2004, devient l’acteur principal de l’instabilité politique et du trafic illégal de minerais précieux dans la région des Grands Lacs. Il est impliqué dans la deuxième guerre panafricaine au Congo (1997 – 2004) et dans les rébellions Banyaruanda (Tutsi congolais) de Laurent Nkunda (2009) et du 23 mars – M23 (2012). Grâce à l’alliance avec le dictateur Joseph Kabila (arrivé au pouvoir en janvier 2001 après avoir participé à la conspiration pour assassiner son père), les FDLR contrôlaient en 2018 des territoires à l’est du Congo de la même taille que la Belgique, territoires riches en diamants, or et coltan.

Les principaux responsables politiques des FDLR (pour la plupart recherchés internationalement pour le génocide de 1994) résident actuellement en France ce qui les protège en refusant au Rwanda de nombreuses demandes d’extradition pour pouvoir les juger. Jusqu’en octobre 2016, le quartier général du commandement politique des FDLR était à quelques mètres de l’Élise.
Le soutien de Paris aux forces HutuPower concerne également le Burundi.
L’engagement français en faveur de la cause HutuPower ne s’est pas limité au Rwanda mais a également impliqué son pays jumeau: le Burundi dévasté par une guerre civile qui a commencé en 1993. Selon diverses sources historiques, le génocide des Tutsi ne devait pas avoir lieu au Rwanda mais au Burundi exactement au 1993. Plan contrecarré par le coup d’État contre le président extrémiste Melchiorre Ndadaye organisé par le général Pierre Buyoya, ancien président décédé en France en décembre 2020. Le coup d’état a déclenché la guerre civile. Tout au long de la guerre civile burundaise, la France a soutenu les groupes rebelles génocidaires CNDD-FDD dirigés par le Seigneur avec des armes et de l’argent de la guerre Pierre Nkurunziza et les FNL dirigés par Agathon Rwasa (actuel chef de l’opposition burundaise).

À la fin du conflit, la France a soutenu sans réserves et critiques le régime CNDD-FDD arrivé au pouvoir grâce aux compromis faits lors des accords de paix d’Arusha qui prévoyaient une alternance de pouvoir entre Hutu et Tutsi. Une alternance bloquée par Nkurunziza qui a instauré un régime racial nazi modelé sur le régime rwandais de Habyarimana. La France a été, avec la Russie et la Chine, le principal obstacle à l’intervention des Nations Unies contre le régime burundais qui depuis 2015 massacre sa propre population et en particulier les Tutsis. Selon des sources de renseignements africains, Paris a également promu l’alliance politique entre le CNDD-FDD et les FDLR, désormais présents en masse au Burundi.
La France est actuellement engagée (avec certains lobbies chrétiens européens) dans la tentative de réhabilitation du régime CNDD-FDD burundais. Le message que ils essayent de faire passer au Parlement Européen est celui d’une présumée volonté du Président Évariste Ndayishimiye (alias le Général Neva) et du Premier Ministre: le Général de division Alain-Guillaume Bunyoni, de promouvoir une forte ouverture démocratique après la mort (assassinat?) du le WarLord Pierre Nkurunziza aujuillet 2020. La tentative vise à reprendre le financement de l’UE qui avait été bloqué en 2016 en raison des graves crimes commis par le régime burundais entre 2015 et 2017 à la suite du soulèvement populaire après l’annonce de Nkurunziza d’accéder à un troisième mandat présidentiel (Avril 2015).
Un groupe de 46 députés européens, la Commission d’Enquête de l’ONU sur le Burundi, Amnesty International et Human Watch Rights, à travers des rapports soignés, ont montré que la direction actuelle du CNDD-FDD au Burundi n’a pas abandonné l’idéologie HutuPower. Leur but ultime est d’exterminer les Tutsis burundais et de conquérir le Rwanda pour former un grand État HutuPower appelé «Urundi», l’ancien nom des deux pays à l’époque coloniale.

La tentative de la France de réhabiliter le régime burundais est paradoxalement entravée par les actions du régime burundais. Lors de discussions avec les délégués de l’UE, le CNDD-FDD a continué de massacrer des opposants politiques et des Tutsis. Il a lancé un recensement ethnique et condamné 46 dirigeants de l’opposition et 12 dirigeants de la société civile et journalistes à la réclusion à perpétuité. Ceux-ci avaient été désignés par l’UE comme les interlocuteurs du processus de réconciliation nationale au Burundi.

 

 

Fulvio Beltrami