Journée de la femme : le Parlement européen appelle à promouvoir les droits et la dignité de la femme à l’époque du COVID-19

« N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant ». C’est par cette citation de Simone de Beauvoir qui débute le discours du Président du Parlement européen, M. David Sassoli, au débat interparlementaire du 4 mars dernier organisé par la Commission des droits de la femme et de l’égalité des genres (FEMM) à l’occasion de la Journée internationale de la femme. « Il y a un an, la crise a commencé, et cette crise a montré dès son début que les femmes, les filles, elles se sont trouvées non seulement en première ligne dans la réponse sanitaire d’urgence, mais elles ont été aussi les premières victimes sociales d’une crise dont on ne voit pas encore la fin », le premier commentaire de M. Sassoli.

La pandémie a révélé une double réalité, même controversée : d’un côté les femmes protagonistes de la lutte au virus, de l’autre côté l’écart entre les sexes toujours plus élargi et alarmant. Dans l’Union européenne, les femmes représentent 76% du personnel de santé et 86% des prestataires de soins. Mais la pandémie, comme l’a dénoncé le Président du Parlement européen, « a renforcé les injustices et les inégalités déjà présentes dans nos sociétés, et en même temps elle risque d’anéantir des décennies de conquêtes des femmes européennes en matière de droit au travail, au partage, à l’autonomie dans les relations, au respect et au droit à leurs propres choix dans les relations affectives ».

Le 8 mars doit être une occasion pour remercier toutes les filles et les femmes qui, chaque jour de leur vie, sont encore obligées à faire des efforts pour conquérir leurs droits, qui souvent sont donnés pour acquis. Pour cette raison, selon l’avis de Sassoli, « le continent qui a guidé la lutte pour les droits des femmes dans les siècles passés est appelé aujourd’hui à promouvoir l’égalité réelle des femmes en tant que bataille de tous ». À cause du COVID-19, l’objectif de l’égalité des droits entre les femmes et les hommes apparait encore plus loin : les femmes ont été en effet les premières, dans la pandémie, à avoir perdu leur emploi et à être au chômage. De plus, leur travail domestique a augmenté et très souvent elles ont dû rester à la maison pour s’occuper de leurs enfants en confinement. Pour couronner le tout, le nombre des femmes victimes de violence domestique a augmenté de façon effroyable dans toute l’Union.

La Présidente de la Commission européenne, M.me Ursula von der Leyen, la première femme présidente de cet organisme politique, dans son discours au débat interparlementaire, a remercié avant tout les femmes pour leur courage et leur compassion dont elles ont donné preuve au cours de cette année longue et difficile. Un engagement « en arrière-plan », celui des femmes dans la pandémie, parce que « même si les elles constituaient la majorité des travailleurs de première ligne dans les soins de santé, elles étaient à peine représentées dans les processus décisionnels relatifs à la pandémie. Par exemple, les task-forces nationales dédiées à la COVID-19 dans 87 pays, y compris 17 États membres de l’UE, étaient dirigées à 85,2 % par des hommes », a-t-elle affirmé.

C’est le temps de la reprise, de la reconstruction du désastre provoqué par le virus, et dans cette relance les femmes doivent jouer un rôle prépondérant. L’égalité entre les sexes devrait être une condition préalable pour toute politique. La Présidente a donc rappelé que « le règlement établissant la facilité pour la reprise et la résilience prévoit que l’égalité hommes-femmes et l’égalité des chances pour tous doivent être prises en considération et encouragées tout au long du processus d’élaboration et de mise en œuvre des plans nationaux pour la reprise et la résilience ». Afin de rejoindre ce but, il est nécessaire que le principe de l’égalité entre les sexes concerne aussi et surtout le monde du travail dans son complexe, en supprimant les grands écarts de rémunération entre les hommes et les femmes et en favorisant la leadership des femmes dans la politique et au sein des entreprises, afin de bâtir une société plus équitable. Cette dernière représente une priorité mise en évidence par le Président du Parlement de l’UE, ainsi que par la Présidente de la Commission de l’Union, les deux supporteurs de l’égalité entre les sexes en tant que fondement de la reprise.

M.me Ursula Von der Leyen a renouvelé l’engagement pris par la Commission pour l’avancement des droits des femmes de l’Union européenne, en rappelant l’adoption, l’année dernière, de la Stratégie en faveur de l’égalité entre les hommes et les femmes 2020-2025, à laquelle la Commission a ajouté tout récemment une proposition législative visant à renforcer le principe d’égalité de rémunération par le biais de la transparence des rémunérations.

La dimension de genre a assumé une importance cruciale dans toutes les sphères de la vite, la première d’entre elles étant la politique européenne parce que, comme l’a déclaré David Sassoli, « si la reprise se basera sur l’égalité entre les hommes et les femmes, cela changera la vie des personnes et des femmes, très concrètement, dans les Pays, dans les villes, dans les lieux de travail, dans les écoles, dans les universités, dans le domaine de la recherche et de la culture, dans le lieux où les femmes font la différence entre le monde ancien et le monde nouveau ».

Arianna Barile