Le Saint-Siège dénonce les législations qui piétinent les droits humains pour combattre le terrorisme

Prison de Guatanamo installée sur la base américaine à Cuba, où 40 prisonniers de diverses nationalités sont détenus depuis 18 ans sans n'avoir jamais eu droit à un procès. 

“Nos efforts communs pour prévenir et combattre les attaques terroristes doivent respecter les standards les plus élevés” a demandé à l’ONU l’observateur permanent du Saint-Siège l’archevêque Grabriele Caccia. “Les mesures anti-terroristes ne peuvent pas justifier de renoncer aux principes de l’Etat de droit et il serait inacceptable de chercher leur succès sans tenir compte des droits humains fondamentaux, car la fin ne justifie pas les moyens” a-t-il insisté en intervenant dans le cadre d’un échange sur la lutte contre le terrorisme.

Son raisonnement s’appuie d’abord sur la reconnaissance de “la cruauté du terrorisme” qui, dénonce le prélat, “viole la dignité humaine et les droits fondamentaux de l’homme, et, en prenant les civils pour cible, menace aussi la sécurité internationale et le développement durable”.Pour le Saint-Siège, “le total mépris des terroristes pour la vie et les libertés fondamentales, leurs crimes indicibles contre les femmes et les enfants, et la barbarie de leurs actes de destructions” nécessitent donc “une condamnation absolue”. De plus, “aucun motif idéologique, politique, philosophique, racial, ethnique ou religieux ne pourra jamais justifier ou excuser le terrorisme”.

Selon le représentant du Vatican à l’ONU, il est donc essentiel que toutes les mesures prises pour combattre et anéantir le terrorisme soient respectueuses de toutes les normes établies pour protéger les détenus et accusés: “un procès juste, les droits humains et les libertés fondamentales, et un scrupuleux attachement au droit international des droits humains et au droit international humanitaire”.

Le nonce apostolique relève que la situation devient “particulièrement problématique quand les mesures anti-terrorisme deviennent des obstacles à une légitime aide humanitaire”, même si “l’inquiétude de voir tomber les personnes aidées aux mains des terroristes eux-mêmes est effectivement légitime”, de telles mesures ne devraient pas pour autant “devenir un énième lourd fardeau pour la population civile” qui souffrent déjà du terrorisme, et leur faire aussi “subir la perte d’une assistance désespérément nécessaire”.

Le Saint-Siège appelle alors à une coopération internationale et multilatérale face au problème global du terrorisme. D’autant que “la violence et l’extrémisme sont souvent guidés par des facteurs économiques, politiques et socio-culturels, qui alimentent les récriminations de groupes marginaux”.

Il faut donc “prêter plus attention aux remèdes des causes profondes du terrorisme, comme l’éducation des jeunes, l’intégration des individus ou groupes, la résolution des graves inégalités économiques, la promotion du dialogue et le respect de la diversité et de l’inclusion”. Pour combattre le terrorisme, les efforts doivent donc aussi “impliquer les communautés locales, les gouvernements locaux et les organisations sur le terrain qui offrent un cadre culturel qui empêche la radicalisation des jeunes”.

D’après Mgr Caccia, il est par ailleurs nécessaire de faire de “plus grands efforts pour promouvoir la tolérance et l’inclusion des minorités à travers une promotion solide du droit à la liberté de conscience, de religion et de croyance, comme c’est écrit dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme”. En effet, “le manque de respect de telles libertés nourrit ceux enclins à la violence et l’extrémisme”. Il insiste, soulignant qu’il est “indispensable de promouvoir une distinction positive et respectueuse entre les sphères politique et religieuse, de façon à préserver autant la liberté religieuse de chacun, que le rôle irremplaçable de la religion dans la formation des consciences et dans la création d’un consensus éthique comme base pour la société”.