“Les forces russes feront de leur mieux pour contribuer à établir une situation pacifique au Nagorno-Karabakh”, l’enclave azérie habitée par 120 000 Arméniens. C’est la promesse du ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, lors d’une conférence de presse à l’issue de la 78e session de l’Assemblée générale des Nations Unies. “Maintenant que les dirigeants d’Erevan et de Bakou ont résolu la question de la reconnaissance mutuelle de la souveraineté des deux pays, il est temps pour une vie pacifique, pour sa mise en place, pour renforcer la confiance”, a déclaré le chef de la diplomatie russe. “Le contingent russe de maintien de la paix contribuera de toutes les manières possibles à cela”, a assuré Lavrov.
En réalité, l’armée azérie a eu besoin de seulement 24 heures pour obtenir la reddition de l’enclave arménienne : les combats, qui ont fait une centaine de morts, se sont en effet terminés le 20 septembre, lorsque les dirigeants de la minorité ethnique ont accepté les conditions de Bakou, marquant ainsi la fin de facto de la république autoproclamée d’Artsakh, nom donné par les indépendantistes au Nagorno-Karabakh.
Après la reddition, des négociations ont débuté dans la ville d’Yervlakh entre les autorités du Nagorno-Karabakh et celles de l’Azerbaïdjan, tandis que le Karabakh a déjà été presque entièrement occupé militairement par l’Azerbaïdjan et que l’armée locale n’a aucune chance de résister, bien que l’on puisse s’attendre à des tentatives de rébellion.
Pourquoi Moscou n’est-elle pas intervenue pour protéger la population arménienne, qui a subi un bombardement brutal ? Deux sont les raisons du désengagement des derniers jours : le fait que la Russie soit engagée militairement en Ukraine et la décision controversée d’Erevan de programmer, pendant les mêmes jours que l’offensive azérie, un exercice avec les États-Unis. Une grave erreur stratégique en période de tension militaire croissante avec les voisins de l’Azerbaïdjan, alors que ce sont justement les militaires russes qui auraient dû protéger la minorité arménienne sur le territoire azéri, mais qui n’ont certainement pas été motivés à défendre ceux qui s’allient avec le pays qui arme l’Ukraine et qui n’ont pas réussi à ouvrir le corridor de Lachin, la seule voie d’accès aux vivres et aux médicaments pour les 120 000 Arméniens du Nagorno-Karabakh. Une situation embarrassante pour la Csto, l’organisation d’assistance militaire mutuelle des anciennes républiques soviétiques.
Il en résulte que l’Azerbaïdjan n’a pas rencontré de résistance de la part des troupes russes déployées dans la région, précisément pendant les jours choisis pour l’exercice conjoint entre l’Arménie et les États-Unis, “Eagle Partner 2023”, qui avait pour but de “favoriser la coopération avec les États-Unis et de préparer les forces armées à participer à des missions internationales”. Ce n’était pas une idée géniale pour l’Arménie, surtout après le retrait honteux des États-Unis d’Afghanistan, de faire confiance aux États-Unis, dans des régions traditionnellement éloignées de leur influence.
Pendant ce temps, l’Azerbaïdjan, grâce à la médiation d’Erdogan, renoue son amitié avec la Russie, nécessaire pour la “démilitarisation” des forces dans la région contestée avec l’Arménie. Pendant ce temps, le premier convoi de la Croix-Rouge internationale est entré dans le territoire sécessionniste depuis que, en début de semaine, les forces azéries avaient lancé l’offensive éclair. La mission a traversé le corridor de Lachin pour apporter 70 tonnes d’aide humanitaire à la population.
Il convient de rappeler qu’à l’Angelus du 1er novembre 2020, jour de la Toussaint, le pape François avait invoqué la paix dans la région : “N’oublions pas ce qui se passe au Nagorno-Karabakh”, avait-il dit, “où les affrontements armés succèdent à de fragiles cessez-le-feu, avec une augmentation tragique des victimes, des destructions de maisons, d’infrastructures et de lieux de culte, et une implication de plus en plus massive des populations civiles”. De là, son appel émouvant aux parties en conflit pour mettre fin “à l’effusion de sang innocent”. La violence ne se résout pas par la violence, concluait François, mais seulement par “une négociation sincère”. Enfin, ses pensées et sa proximité allaient à tous ceux qui souffraient à cause de la guerre.
Irina Smirnova