Va-et-vient dans la salle d’audience entre Pg. Diddi et Card. Becciu qui répond avec dignité et patience à des accusations infondées (S.C.)

Città del Vaticano, 18 mag. (askanews) -

“Le Promoteur continue à raconter des faits sur moi qui sont totalement éloignés de la réalité, que je rejette fermement, tout comme je rejette chaque accusation. Aucune n’est exclue. Et je le fais au nom de la vérité”. Telles sont les paroles du Card. Giovanni Angelo Becciu, qui est intervenu dans l’hémicycle pour répondre par une brève déclaration spontanée aux accusations grotesques du promoteur de justice Alessandro Diddi, qui illustre son château accusatoire sans être en mesure de fournir la moindre preuve de crime contre le cardinal qui, depuis 64 audiences, a dû subir une telle humiliation.

“Becciu fait semblant de ne pas comprendre la lecture des faits faite par le Bureau et les enjeux qui en découlent. Je suis désolé, mais nous nous en remettrons”, a rétorqué Diddi au cours de la troisième partie de l’acte d’accusation dans le procès en cours au Vatican sur les investissements financiers de la Secrétairerie d’État.

Au début de l’audience d’aujourd’hui”, a rapporté le “pool” de journalistes admis dans la salle polyvalente des Musées du Vatican, “le président du tribunal du Vatican, Giuseppe Pignatone, a lu le calendrier des audiences, qui se poursuivront lundi et mardi prochains “et éventuellement mercredi”. Le procès se poursuivra ensuite avec les parties civiles, les 27, 28 et 29 septembre, et les interventions des défenses lors des audiences suivantes, prévues les 5, 6, 19, 20, 26 et 27 octobre. Les audiences se tiendront également les 8, 9, 10, 20, 21, 22 novembre et les 4, 5 et 6 décembre, date à laquelle Pignatone prévoit de clore les débats. Le verdict est attendu avant Noël.

A ce stade, l’avocat de Becciu, Viglione, a demandé la possibilité pour son client de faire quelques déclarations spontanées (nécessaires pour éviter de laisser la version du procureur comme seule version des faits jusqu’à presque la fin de l’année, quand il semble évident que toute cette farce se terminera par un acquittement, puisqu’aucun crime d’aucune sorte n’a été prouvé dans le procès), ce que Pignatone a accepté. Puis Diddi a repris son réquisitoire.

“Le professeur Diddi insiste tout d’abord sur les 50 millions annuels donnés par l’IOR au Pape pour les besoins du Siège apostolique et déposés sur les comptes de la Secrétairerie d’État, en exprimant des doutes sur leur utilisation”, a expliqué Becciu, rappelant qu’à son arrivée à la Secrétairerie d’État, en 2011, “cette tradition était déjà consolidée et je me souviens que la somme était répartie entre Radio Vatican, l’Osservatore Romano et les nonciatures apostoliques.”
“Encore une fois, on m’accuse avec véhémence”, poursuit Becciu, “d’avoir empêché le Card. Pell et le Secrétariat pour l’économie (SPE) d’effectuer des contrôles sur le bureau administratif de la Secrétairerie d’État : je répète que l’argent géré par la Secrétairerie d’État constituait le fonds souverain du Pape depuis l’époque de Paul VI (et est resté confidentiel depuis), ne faisait pas partie du budget consolidé du Saint-Siège et ne rendait des comptes au Pontife et à la Secrétairerie d’État que tous les six mois”.
“La modification des prérogatives de la Secrétairerie d’État qui la plaçait au-dessus des autres Dicastères ne pouvait pas être décidée par le Substitut, comme l’a laissé entendre Diddi, mais par le Saint-Père seul et unique. La preuve? Il a fallu un motu proprio pour changer la nature et les compétences de la Secrétairerie d’État”, a argumenté le cardinal sarde avec beaucoup de dignité et de patience.

“Sur les investissements, c’est comme si le promoteur de la justice m’avait pris pour le chef du bureau de l’administration du Secrétariat d’État, alors que je jouais le rôle de suppléant”, a-t-il souligné. En effet, “toutes les activités que Diddi m’a attribuées devaient être et ont été réalisées par le chef du bureau, Mgr Perlasca. Personne parmi ceux qui ont eu affaire au Palais de Londres et qui sont intervenus dans ce processus n’a mentionné mon nom. Le Promoteur m’a attribué des responsabilités que je n’avais pas : je me suis toujours conformé aux dossiers préparés par le bureau et contresignés par Mgr Perlasca, et de même pour le Palais de Londres, simplement parce qu’on m’avait chaleureusement présenté comme une affaire rentable pour le Saint-Siège. Si on m’avait présenté un inconvénient quelconque, j’aurais certainement rejeté la proposition. L’autorisation d’investir les sommes déposées à l’UBS de Lugano m’a cependant été donnée par le secrétaire d’État de l’époque”.

Becciu a également répondu à l’accusation surréaliste selon laquelle il aurait proposé l’achat de concessions pétrolières en Angola, ce qui, selon le procureur Diddi, n’était que de nature spéculative, mais il est un fait qu’une telle opération n’a pas eu lieu et que le simple fait d’en avoir discuté ne peut constituer un délit. De même, “en ce qui concerne l’investissement dans Falcon Oil, je me suis limité”, a précisé Becciu, “à parler de cette proposition afin qu’il puisse vérifier les avantages éventuels, en précisant qu’en me répondant, il ne devait pas regarder mon visage, et encore moins notre amitié”. Cette proposition a en effet été rejetée par la suite, “ce qui prouve que les investissements ont été décidés par le bureau administratif et seulement ratifiés par moi”.

“Le promoteur, a déclaré le cardinal, m’a accusé à plusieurs reprises de ne pas me comporter comme un pater familiae dans l’administration des biens du Saint-Siège, mais je rejette fermement cette accusation également. J’en veux pour preuve ce qui s’est passé avec le card. Pell, même si je suis désolé de parler d’un homme mort : alors que beaucoup pensaient que nos relations parfois tendues étaient dues à mon opposition à ses réformes, en réalité j’essayais seulement de souligner que celles-ci entraînaient des coûts exorbitants pour la Secrétairerie d’État. Imaginez : il a alloué 25.000 euros par mois au personnel qu’il a fait venir d’Australie, il a alloué 12.000 euros à sa secrétaire, et il a aussi fait venir un fonctionnaire de l’APSA qui touchait 2.500 à 3.000 euros et il lui a alloué 9.000 euros. Je ne pouvais pas me taire, car le secrétaire d’État avait publié une circulaire bloquant les avancements à l’ancienneté et les recrutements.
Cela démontre”, a conclu le cardinal, “que lorsque je vois des choses erronées, je n’ai pas peur d’affronter les gens et de leur faire corriger les distorsions, car pour moi, le bien de l’Église et du Saint-Siège passe avant tout, dans l’intérêt exclusif desquels j’ai toujours travaillé”.

Sante Cavalleri