Au procès du palais de Londres, l’avocat de l’IOR poursuit Diddi sur la voie du délire (S. Cavalleri)

“Les sommes destinées au Saint-Père ont été détournées pour être utilisées dans des investissements spéculatifs, il est donc nécessaire de rendre aux fonds le lien qu’ils avaient et de les remettre à l’entière disposition du Pontife pour les besoins de l’Église”. “Ces fonds devraient être déposés auprès de l’IOR”. C’est avec ces motivations que l’avocat Roberto Lipari, qui assiste la banque du Vatican dans le procès en cours au Vatican sur les investissements de la Secrétairerie d’État, a demandé “la condamnation des accusés et la détermination de leur responsabilité pénale” ainsi que la “condamnation à la restitution de ce qui a été illicitement détourné”.

“La personne offensée par le comportement des défendeurs est avant tout le Saint-Père”, puisque l’attribution au Pape des 700 millions d’euros versés au fil des ans par l’Institut aux fins du Pontife et mis de côté par la Secrétairerie d’État a été contrecarrée, a expliqué M. Lipari, qui a quantifié le préjudice moral et de réputation subi par l’IOR à 987.494 euros supplémentaires.

La partie civile semble donc avoir adhéré sans esprit critique aux conclusions du promoteur de justice Alessandro Diddi, qui sont en réalité totalement incohérentes car dépourvues de preuves. En particulier, M. Lipari a également contesté le rôle des dirigeants de l’Aif de l’époque, le président René Bruhlart et le directeur Tommaso Di Ruzza, accusés d’abus de pouvoir, “qui non seulement ont violé la loi, mais ont asservi le personnel de l’Aif à des fins illégales”. Enfin, “ils ont ridiculisé le système financier du Vatican”, a déclaré l’avocat Lipari.

Il nous semble que c’est exactement le contraire du ridicule. Il convient de souligner, par exemple, que la condamnation est également demandée pour “une hypothèse”, comme l’a appelée l’avocat de l’IOR dans son acte d’accusation, celle relative à l’étude d’un investissement pétrolier en Angola, qui, une fois qu’il a été établi qu’elle était inappropriée, n’a pas été délibérée : mais on demande également que le fait même d’avoir examiné cette hypothèse entre dans le calcul des sanctions à infliger, compte tenu “des dommages à l’environnement (qu’il n’y a évidemment pas eu, le projet n’ayant jamais été réalisé, ndlr), du fait qu’il s’agissait d’un pays accusé de ne pas respecter les droits de l’homme (et ce jugement franchement discutable, qualifie le professionnalisme des représentants de l’accusation, ndlr) et aussi des relations présumées entre Falcon Oil et un marchand d’armes français, Pierre Falcone”. Un authentique délire. Comme de prétendre, comme l’a fait l’avocat Lipari, que
d’affirmer, comme l’a fait l’avocat Lipari, que “la peculation a offensé le sacrifice de ceux qui fournissaient les offrandes à l’Eglise”, sans prouver qu’une telle peculation a été commise.

“Peculato, entre autres, qui concernait, dit Lipari, toujours en se gardant de prouver qu’il y en a eu, non seulement les offrandes des fidèles, mais aussi les bénéfices dégagés chaque année par l’Ior et mis en réserve par le Secrétariat d’Etat pour la mise à disposition des dons de l’Eglise . “Il ne s’agissait pas seulement de l’obole de Saint-Pierre, qui ne dure pas, explique-t-il, mais aussi des fonds de l’IOR ou des legs mis en réserve.
“Ce sont ces fonds qui ont été détournés par le Card. Becciu et Fabrizio Tirabassi pour s’endetter”, a-t-il ponctué sans pouvoir prouver ou quantifier un quelconque enrichissement indu des prévenus et en particulier de Card. Giovanni Angelo Becciu, qui est la véritable victime de la calomnie et de la conspiration dans cette affaire. Selon l’accusation, il s’agirait d’un détournement de fonds lors de l’achat du palais de Londres, qui n’était certainement pas au nom des accusés, ni traçable en tant que propriété de ces derniers. En ce qui concerne le palais de Londres, l’avocat a également parlé d’un “investissement incompatible avec le droit canonique”. Là encore, sans expliquer pourquoi.

Bref, le procès se poursuit comme à l’accoutumée : à chaque audience, on fait quelques pas dans le délire, sans se soucier de la souffrance morale infligée à des innocents et finalement à l’Église.

Sante Cavalleri