Il dérange, cette année, pour les gouvernements atlantistes, le message de Noël du pape François, appelant à l’arrêt des actions militaires (appel auquel ils se gardent bien de se joindre) et de la fabrication et de la vente d’armes (activités dans lesquelles ils sont très actifs). Oui, parce que François s’est lassé des proclamations d’allégeance à des causes ukrainiennes et israéliennes douteuses, des tournures de phrases de la diplomatie (y compris celle du Vatican) pour justifier des actions militaires toujours exécrables, et des clercs bénissant des armes qui servent à tuer.
“Dans l’Écriture, a-t-il déclaré dans son message prononcé à la loggia Saint-Pierre, avant la bénédiction Urbi et Orbi, le Prince de la paix s’oppose au “prince de ce monde” qui, semant la mort, agit contre le Seigneur, celui qui aime la vie. Nous le voyons à l’œuvre à Bethléem quand, après la naissance du Sauveur, le massacre des innocents a lieu. Combien de massacres d’innocents dans le monde : dans le sein maternel, sur les routes des désespérés en quête d’espoir, dans la vie de tant d’enfants dont l’enfance est dévastée par la guerre. Ce sont les petits Jésus d’aujourd’hui.
Dire oui au Prince de la Paix, c’est donc dire non à la guerre, à toute guerre, à la logique même de la guerre, voyage sans but, défaite sans vainqueur, folie sans excuse”.
“Mais pour dire non à la guerre, nous devons, a souligné François, dire non aux armes. Car si l’homme, dont le cœur est instable et blessé, trouve entre ses mains des instruments de mort, tôt ou tard il s’en servira. Et comment parler de paix si la production, la vente et le commerce des armes augmentent ? Aujourd’hui, comme au temps d’Hérode, les complots du mal, qui s’opposent à la lumière divine, évoluent dans l’ombre de l’hypocrisie et de la dissimulation : combien de massacres armés se déroulent dans un silence assourdissant, à l’insu de tant de personnes ! Les gens qui ne veulent pas d’armes mais du pain, qui luttent pour s’en sortir et appellent à la paix, ne savent pas combien d’argent public est dépensé pour l’armement. Pourtant, ils devraient le savoir ! Qu’on en parle, qu’on l’écrive, pour que les intérêts et les gains qui tirent les ficelles des guerres soient connus”.
François a ensuite rappelé qu'”Isaïe a écrit un jour où “une nation ne lèvera plus l’épée contre une autre nation” ; un jour où les hommes “n’apprendront plus l’art de la guerre, mais briseront leurs épées pour en faire des charrues, et de leurs lances, ils feront des faux”. “Avec l’aide de Dieu, faisons en sorte que ce jour approche”, a-t-il ensuite imploré, énumérant les différents scénarios de guerre : “Qu’il approche en Israël et en Palestine, où la guerre ébranle la vie de ces populations. Je les embrasse tous, en particulier les communautés chrétiennes de Gaza et de toute la Terre Sainte. Je porte dans mon cœur la douleur des victimes de l’odieux attentat du 7 octobre et je renouvelle un appel urgent pour la libération des personnes encore retenues en otage. Je plaide pour la fin des opérations militaires, avec leurs conséquences effroyables en termes de victimes civiles innocentes, et pour qu’il soit remédié à la situation humanitaire désespérée en ouvrant la porte à l’arrivée de l’aide. Il ne faut plus attiser la violence et la haine, mais trouver une solution à la question palestinienne par un dialogue sincère et persévérant entre les parties, soutenu par une forte volonté politique et l’appui de la communauté internationale.
Mes pensées vont ensuite au peuple de la Syrie tourmentée, ainsi qu’à celui du Yémen qui souffre encore. Je pense au cher peuple libanais et je prie pour qu’il retrouve rapidement une stabilité politique et sociale”.
“Les yeux fixés sur l’Enfant Jésus, a-t-il poursuivi, j’implore la paix pour l’Ukraine. Renouvelons notre proximité spirituelle et humaine avec son peuple tourmenté, afin que, grâce au soutien de chacun d’entre nous, il puisse ressentir le caractère concret de l’amour de Dieu. Puisse le jour de la paix définitive entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan approcher”.
“N’oublions pas les tensions et les conflits qui secouent la région du Sahel, la Corne de l’Afrique, le Soudan, ainsi que le Cameroun, la République démocratique du Congo et le Sud-Soudan. Le jour approche où les liens fraternels se renforceront dans la péninsule coréenne, ouvrant des voies de dialogue et de réconciliation qui pourront créer les conditions d’une paix durable. Que le Fils de Dieu, qui s’est fait humble Enfant, inspire les autorités politiques et toutes les personnes de bonne volonté du continent américain, afin que des solutions adéquates soient trouvées pour surmonter les désaccords sociaux et politiques, pour lutter contre les formes de pauvreté qui portent atteinte à la dignité des personnes, pour aplanir les inégalités et pour affronter le douloureux phénomène des migrations”.
Depuis la crèche, l’Enfant nous demande d’être la voix des sans-voix : des innocents qui meurent par manque d’eau et de pain ; de ceux qui ne trouvent pas de travail ou qui l’ont perdu ; de ceux qui sont contraints de fuir leur patrie à la recherche d’un avenir meilleur, risquant leur vie dans des voyages épuisants et à la merci de trafiquants sans scrupules”.
Sante Cavalleri