Le président congolais Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a déclaré l’état de siège dans les provinces orientales de l’Ituri et du Nord-Kivu suite à l’aggravation des violences qui ont également impliqué l’ambassadeur italien Luca Attanasio massacré de manière barbare à proximité de la capitale provinciale du Nord-Kivu: Goma le 22 février 2021.
L’illustre Ambassadeur Attanasio, très aimé de la population et estimé des autorités congolaises, est malheureusement la plus illustre victime des quelque 1834 civils assassinés depuis janvier 2021 par le groupe terroriste rwandais des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) composé des génocidaires qui ont perpétré l’holocauste au Rwanda en 1994 et qui depuis plus de 20 ans contrôlent des zones des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu riches en minéraux précieux.
Toujours selon des estimations approximatives de l’association américaine Human Watch Rigths, les forces négatives ont forcé 1,5 million de personnes à quitter leurs maisons et leurs activités agricoles de subsistance, devenant déplacées à l’intérieur du pays à la merci de la charité et de l’aide humanitaire offerte par le gouvernement de Kinshasa en collaboration avec Agences des Nations Unies et ONG congolaises et internationales.
Au cours de cette longue période de terreur, les FDLR ont construit un réseau de petits groupes armés autochtone opérant sous leur commandement dans l’est du Congo, maintenant réinstallé à Bujumbura, au Burundi. Grâce à la complicité évidente du dictateur Joseph Kabila (2001-2018) les FDLR ont pu profiter d’un commerce illégal de diamants, d’or, du coltan (minéral primaire pour la production de composants de Haute Technologie: des Smartphones aux satellites) chiffré à 4,8 millions de dollars par mois. Divers acheteurs régionaux et internationaux de ces minéraux sanglants: Ouganda, Allemagne, Belgique, Chine, Russie.
En Ouganda, il y a quatre ans, une raffinerie d’or a été créée à Entebbe qui recycle l’or FDLR des mines artisanales des régions de Lubero et Masisi, au Nord-Kivu. Paradoxalement, le Rwanda a également bénéficié de ce trafic de minerais géré par ses ennemis mortels, grâce à des intermédiaires congolais. A cet effet, une immense raffinerie de coltan a vu le jour qui, suivant la même méthodologie que la raffinerie d’or ougandaise, recyclent le coltan des FDLR en lui faisant passer pour du coltan, extrait des mines fantômes au Rwanda.
Malgré le renouvellement de cette immense affaire d’économie illégale, le gouvernement rwandais a été contraint d’intervenir militairement au Congo contre les FDLR en raison des tentatives répétées de ce groupe armé d’envahir le Rwanda et pour exterminer la minorité ethnique tutsie. Les FDLR, grâce à leur représentation politique en exil en France, ont pu tisser un réseau de soutiens politiques également en Europe liés aux avantages économiques évidents et, en partie, au partage de l’idéologie de la suprématie raciale HutuPower (Pouvoir aux Hutus).
Les immenses bénéfices du trafic illégal de minerais précieux ont permis aux FDLR de contrôler d’autres groupes armés congolais mineurs et d’établir dans les provinces pauvres de l’Est un système de contrôle et de protection sociale similaire à celui mis en place dans le sud de l’Italie par la Mafia et la Camorra.
Depuis 2015, les FDLR aussi contrôlent la vie politique, militaire et économique du Burundi voisin grâce à l’alliance avec le régime burundais menée jusqu’en 2019 par le chef de guerre Pierre Nkurunziza et (après sa mort causée par Covid19) par le Général Neva (alias Évariste Ndayishimiye) autoproclamé président et le Major Alain Guillaume Bunuyoni nommé Premier Ministre malgré l’enquêté par la Cour Pénale Internationale pour crimes contre l’humanité par lui commis lors de manifestations populaires contre le troisième mandat présidentiel de Nkrurunziza (2015-2016).
Les FDLR et le régime burundais partagent le produit du commerce illégal des minerais congolais et de l’idéologie nazie de la suprématie raciale: HutuPower. Il y a de forts soupçons de pénétration dans cet affaire colossale des organisations mafieuses italiennes à travers leurs «représentants» qui vivent et opèrent à Goma, Nord Kivu et Bujumbura, au Burundi.
L’Assemblée Nationale et le Conseil des Ministres ont entériné la décision du Président Tshisekedi conformément à l’article 85 de la Constitution qui donne au Président de la République le pouvoir de proclamer l’état d’urgence ou l’état de siège lorsque des circonstances graves menacent, de manière immédiate, l’indépendance et l’intégrité du territoire national provoquant l’interruption du fonctionnement régulier des institutions et des victimes parmi la population.
Comme l’explique le Premier Ministre Jean-Michel Sama Lukonde du nouveau gouvernement Tshisekedi (où les femmes occupent des ministères clés de la Justice à la Défense), l’état de siège autorise le gouvernement à remplacer l’administration civile avec l’administration militaire, contrôlée par trois membres de la Cour Constitutionnelle conformément à l’article 158 de la Constitution. Selon des sources locales, la décision de suspendre l’administration civile en la remplaçant par l’administration militaire a été prise par le Président de la République après des soupçons de collaboration de divers agents publics avec des terroristes FDLR et des groupes armés affiliés.
Les opérations militaires seront lancées dans la semaine à venir. En ce moment, dans la capitale provinciale du Nord-Kivu: Goma, il y a une concentration de troupes d’élite aéroportées, d’unités mécanisées et d’artillerie lourde. Le premier objectif militaire est la reconquête des territoires de Masisi récemment conquis par les FDLR. Les troupes d’élite du Kenya voisin participent à la vaste offensive militaire.
Le président kényan Hururu Kenyatta (fils du père fondateur de la Nation: Jommo Kenyatta) a accepté d’envoyer ses troupes avec un mandat de combat complet suite à une demande du Conseil de Sécurité des Nations Unies, en vertu de la résolution 2556 de 2020. “Les troupes kényanes seront intégrées à la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République Démocratique du Congo (Monusco) pour l’appui des efforts de paix internationaux », explique le porte-parole de la Force de Défense kényane, le colonel Zipporah Kioko.
Les troupes kényanes à l’intérieur de la Monusco auront la liberté d’action en étroite collaboration avec les FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo). Cela a été possible grâce aux accords conclus entre le Congo, le Kenya, le Rwanda, l’Angola, l’Ouganda, la France, les États-Unis et la Grande-Bretagne et le récent accord de coopération militaire signé entre Kinshasa et Nairobi, comme l’ont rapporté nos sources locales.
Le rôle qui sera confié aux casques bleus de l’ONU n’est pas encore clair. Peut etre qu’ils auront le role de renseignement et d’appui logistique. Selon des sources locales, les troupes rwandaises participeront également à certains opérations militaires mais pas officiellement pour ne pas offenser la sensibilité de la population. Il convient de rappeler que lors de la deuxième guerre panafricaine au Congo (1998 – 2004), les troupes rwandaises avaient occupé les territoires de la province du Sud-Kivu et étaient soupçonnées de massacres et de violences contre des civils.
« Il s’agit d’une opération militaire vaste et très coûteuse nécessaire au Congo, à la région des Grands Lacs et à la communauté internationale pour stabiliser l’est du Congo. En fait, c’est la poursuite de l’opération Corridor Est menée par les armées congolaise et rwandaise entre 2019 et 2020 qui a infligé de lourdes pertes aux terroristes FDLR en tuant plusieurs chefs militaires sur le terrain.
L’état de siège proclamé et l’opération militaire sont nécessaires car les FDLR ont réussi à reconstituer leurs forces grâce au recrutement massif de milliers de jeunes congolais sans emploi et sans avenir depuis leurs bases sécurisées au Burundi. Ils ont été rejoints par les miliciens burundais Imbonerakure qui sont sous contrôle du groupe terroriste rwandais depuis au moins deux ans en étroite collaboration avec le Premier Ministre burundais Bunyoni.
Ce sera une guerre dure et sanglante mais le résultat final sera de restaurer la paix à l’Est du Congo et dans la Région afin que les populations profitent du développement socio-économique offert par l’abondance des minéraux et hydrocarbures présents dans les provinces orientales et grace à la réconciliation interethnique », explique une source militaire congolaise.
Les réactions après l’annonce de l’état de siège et l’offensive militaire imminente des partis d’opposition et de la société civile du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri sont principalement orientées vers la crainte que les autorités militaires puissent limiter certains droits fondamentaux comme la liberté d’expression. La majorité des acteurs civils est favorable à la décision drastique du Président de la République mais s’inquiète du contexte d’application de cette mesure exceptionnelle.
L’abbé Télesphore Malonga, professeur de droit constitutionnel à l’Université catholique de Graben et président de la société civile de Butembo s’inquiète, par exemple, de l’absence de loi précisant les modalités d’application de l’état de siège, comme le prévoit l’article 85 de la Constitution. «Jusqu’à présent, notre Parlement n’a jamais adopté la loi qui réglemente ce genre de chose. Cependant, la Constitution recommande qu’il y ait une loi régissant l’état de siège et l’état d’urgence. Dans ces circonstances, comment les libertés des personnes seront-elles gérées? ».
La source militaire contactée assure les bonnes intentions du Gouvernement mais souligne le soupçon selon lequel certaines entrepreneurs de l’est du Congo pourraient tenter de saboter les opérations militaires par le biais de manifestations populaires artificiellement créées car ils sont soupçonnés d’être les auteurs du blanchiment d’argent des FDLR dans des activités productives et immobiliers dans les villes de Goma et Bukavu.
Ces entrepreneurs, ainsi que les FDLR sont également soupçonnés d’être les promoteurs des récentes manifestations populaires contre la MONUSCO à Goma et Beni qui ont mis à rude épreuve la capacité du Gouvernement de Kinshasa à rétablir l’ordre tout en respectant les droits civils.
La source militaire explique que le premier objectif est de vaincre militairement les FDLR et leurs groupes armés affiliés. Le deuxième objectif sera de ramener l’économie de l’Est du pays à la légalité, en détruisant le réseau d’affaires créé par ces terroristes au cours des 20 dernières années qui, paradoxalement, a offert un minimum de bien-être à la population en raison de l’absence de l’Etat.
«Nous rétablirons l’autorité du Gouvernement de Kinshasa. Après avoir fait notre devoir, il appartiendra aux autorités civiles de créer les conditions matérielles du développement économique et de l’emploi des jeunes dans ces territoires tourmentés depuis des décennies par des violences et des guerres de faible intensité », explique la source militaire congolaise.
Fulvio Beltrami