François et la Pax Mongolica. “Que les tensions soient résolues sur la base de la rencontre et du dialogue, et que les droits fondamentaux soient garantis à tous ! (S.C.)

“Travaillons ensemble pour construire un avenir pacifique”. “Que les sombres nuages de la guerre s’éloignent, qu’ils soient balayés par la ferme volonté d’une fraternité universelle dans laquelle les tensions se résolvent sur la base de la rencontre et du dialogue, et les droits fondamentaux sont garantis à tous !” Tel est l’appel lancé par le pape François, “pèlerin de l’amitié” arrivé “sur la pointe des pieds” en Mongolie, “terre majestueuse” riche “d’une histoire céleste” grâce à la capacité des générations à “reconnaître l’excellence des peuples qui composaient l’immense territoire impérial et à la mettre au service du développement commun”. Une “pax mongolica” bien nécessaire aujourd’hui.

La géographie attribue à ce pays lointain un rôle important dans la paix mondiale, et c’est à partir de là que le Pape renouvelle à la communauté internationale la demande d’un “engagement urgent et qui ne peut plus être différé pour la protection de la planète Terre”. Cette protection concerne également les “grands défis mondiaux du développement et de la démocratie”. “La Mongolie d’aujourd’hui, en effet, avec son vaste réseau de relations diplomatiques, son adhésion active aux Nations unies, son engagement en faveur des droits de l’homme et de la paix, joue un rôle important au cœur du grand continent asiatique et dans le scénario international”, a expliqué François, qui a fait l’éloge du pays d’Asie centrale pour sa volonté de contribuer “à l’arrêt de la prolifération nucléaire” en se présentant au monde comme un pays dépourvu d’armes nucléaires.

Un pays qui, contrairement à son grand voisin chinois, a également aboli la peine de mort, un fait civique important que François a tenu à souligner sur la place Sükhbaatar d’Oulan-Bator, construite à l’endroit où le héros révolutionnaire du même nom a déclaré son indépendance de la Chine en 1921. La cérémonie de bienvenue s’est déroulée au pied de l’imposante statue du leader Chinggis Khaan, en présence du président Ukhnaagiin Khürelsükh et de centaines de soldats en uniforme ou à cheval en armure.

François s’est exprimé en italien et s’est dit “honoré” et “heureux” de se rendre “sur cette terre fascinante et vaste”, liée au Saint-Siège par des relations diplomatiques, à propos desquelles il a rappelé le 30e anniversaire, cette année, de la signature d’une lettre visant à renforcer les relations bilatérales, ainsi que les racines historiques des relations réciproques qui ont débuté en 1246, avec l’échange de lettres entre Guyug, le troisième empereur mongol, et le pape Innocent IV, lettre dont le Souverain Pontife a remis aujourd’hui une copie au président en signe d’une amitié qui grandit et qui se renouvelle.

L’autre grand thème du voyage est la défense de la Création, et François évoque la sagesse de générations d’éleveurs et d’agriculteurs mongols, “toujours attentifs à ne pas perturber le délicat équilibre de l’écosystème”, une tradition qui “a beaucoup à apprendre à ceux qui, aujourd’hui, ne veulent pas s’enfermer dans la poursuite d’un intérêt particulier à courte vue”, mais qui souhaite transmettre à la postérité une terre encore accueillante et fertile”, qui est “le fruit d’un plan bienveillant de Dieu” qu’il faut “reconnaître et promouvoir avec délicatesse et attention, en contrant les effets de la dévastation humaine par une culture de l’attention et de la prévoyance, reflétée dans des politiques d’écologie responsable”.

Une attention à la maison commune qui témoigne de la “profonde connotation spirituelle” de l’identité mongole : “Il est beau” que le pays “soit un symbole de liberté religieuse”, puisque la Constitution elle-même proclame la liberté de pensée et de religion, dans une nation qui s’est toujours caractérisée par le “respect” des traditions sacrées. L’idéologie athée n’a pas réussi à “éradiquer” le sens religieux et aujourd’hui le peuple se reconnaît dans la “valeur essentielle de l’harmonie et de la synergie entre les croyants de différentes confessions”, qui contribuent “au progrès moral et spirituel des peuples”.

Les religions, rappelle François, sont appelées à travailler ensemble pour contrer les dangers de “l’esprit de consommation qui aujourd’hui, en plus de créer tant d’injustices, conduit à un individualisme qui oublie les autres et les bonnes traditions reçues”. Mais chacun doit être vigilant face au risque de “déviations sectaires” afin de représenter au contraire des appuis fiables dans la construction de sociétés saines et prospères, où les croyants s’efforcent de faire en sorte que la coexistence civile et la planification politique soient de plus en plus au service du bien commun, représentant aussi un frein au dangereux ver de la corruption qui pour le Pape reste “une grave menace pour le développement de tout groupe humain, se nourrissant d’une mentalité utilitariste et sans scrupules qui appauvrit des pays entiers”. De cette façon, la communauté catholique de Mongolie,

Bien que “petite et discrète”, elle aussi peut participer “avec enthousiasme et engagement à la croissance du pays, en diffusant la culture de la solidarité, du respect de tous et du dialogue interreligieux, et en luttant pour la justice, la paix et l’harmonie sociale”.

“J’espère que, grâce à une législation clairvoyante et attentive aux besoins concrets, les catholiques locaux, aidés par des hommes et des femmes consacrés venant nécessairement d’autres pays, pourront toujours offrir sans difficulté leur contribution humaine et spirituelle à la Mongolie, au bénéfice de ce peuple”, a poursuivi François, espérant en particulier que les négociations en cours pour un accord bilatéral entre la Mongolie et le Saint-Siège représenteront “un canal important pour atteindre les conditions essentielles à la réalisation des activités ordinaires dans lesquelles l’Église catholique est engagée” : activités cultuelles, mais aussi initiatives dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’assistance, de la recherche et de la promotion culturelle. “Je suis certain, conclut-il, que les catholiques mongols sont et seront prêts à apporter leur contribution à la construction d’une société prospère et sûre, en dialogue et en collaboration avec toutes les composantes qui habitent cette grande terre bénie du ciel.

Sante Cavalleri