“Je lance un appel sincère aux dirigeants locaux pour qu’ils facilitent l’accès de l’aide humanitaire et, avec la contribution de la communauté internationale, pour qu’ils travaillent à des solutions pacifiques”. C’est en ces termes que le pape François, après la prière mariale de dimanche, a exprimé sa solidarité, sa proximité et sa préoccupation pour les “chères populations” du Soudan qui, depuis plusieurs mois, sont “en proie à une guerre civile qui ne montre aucun signe d’apaisement”.
N’oublions pas ces frères et sœurs en procès”, a souligné le pape, qui a dénoncé le fait que le conflit dans le pays africain génère d’énormes dégâts : “Il fait de nombreuses victimes, des millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays, des réfugiés dans les pays voisins et une situation humanitaire très grave”.
La violence a repris au Soudan après que le cycle de négociations demandé par l’Arabie saoudite et les États-Unis s’est achevé cette semaine à Djeddah sans qu’un accord de cessez-le-feu n’ait été conclu. L’espoir suscité par l’ouverture de négociations en Arabie Saoudite entre les militaires loyalistes du général-président Abdel Fattah Abdelrahman al-Burhan et les miliciens des Forces de soutien rapide de l’ancien numéro deux de Khartoum, Mohamed Hamdan Dagalo, s’évanouit. La situation sur le terrain s’est à nouveau réchauffée, avec la reprise des combats à travers le Soudan. Le 2 novembre, au moins quinze civils ont été tués lorsque des obus d’artillerie sont tombés sur des maisons dans la capitale Khartoum. Le lendemain, plus de vingt personnes ont trouvé la mort dans un attentat à la bombe sur un marché à la périphérie de la ville. Le 7 novembre, un important incendie s’est déclaré dans une grande raffinerie située à 70 kilomètres de Khartoum, le RSF et l’armée s’accusant mutuellement d’être responsables de l’incident.
Dans les mêmes jours, rapporte Middle East Eye, le FSR, dirigé par le frère de Hemetti, Abdul Rahim Hamdan Dagalo, a gagné du terrain et a réussi à étendre son contrôle sur une grande partie du Darfour. Selon le site spécialisé dans l’actualité du monde arabe, l’armée soudanaise n’est présente qu’au Darfour Nord, dont la capitale est Al Fashir.
Le conflit a fait plus de 9 000 victimes, selon une estimation de l’ONG Acled. Plus de six millions de personnes ont été déplacées dans d’autres régions du pays, au Sud-Soudan et dans les États voisins en raison des violences, et la plupart des infrastructures soudanaises sont aujourd’hui détruites.
Dans le pays africain, souligne Vatican News, on craint une répétition du conflit ethnique meurtrier du Darfour il y a 20 ans. Clémentine Nkweta-Salami, coordinatrice humanitaire résidente des Nations unies pour le Soudan, a déclaré lors d’une conférence de presse des Nations unies que “la situation est horrible et sinistre”. Les généraux en guerre se sont engagés à mettre en place un forum humanitaire, avec la participation des Nations unies. Le secteur de la santé est décimé, avec plus de 70 % des installations hors service. Des épidémies de choléra, de dengue, de paludisme et de rougeole se sont déclarées. “Nous constatons une augmentation de la faim”, a déclaré le coordinateur humanitaire. Environ 12 millions de personnes bénéficient de l’aide des Nations unies, soit la moitié de celles qui sont dans le besoin. L’appel est lancé aux donateurs pour obtenir plus de fonds afin d’aider la population.
Irina Smirnova