Le Saint-Siège alerte sur la multiplication des camps de déplacés internes

“Il est impossible de rester silencieux face aux images déroutantes de ces paysages de camps de réfugiés et de déplacés dans le monde entier”, a dénoncé le Dicastère pour le Service du Développement humain intégral. Dans un document sur le phénomène massif des déplacés internes, la Section Migrants et Réfugiés du Dicastère a lancé un appel ce 5 mai afin de trouver des “solutions alternatives, équitables et durables hors de ces camps, et la consultation et l’implication des communautés de déplacés internes”.
Un appel aussi pour que “les autorités compétentes garantissent un accès aux services de bases et aux conditions de vie digne aux déplacés internes”, ces personnes “qui ont tenté de fuir un destin insupportable, pour finalement finir dans des logements de fortune et toujours dans le besoin de tout”.
Fin 2018, selon l’Observatoire des déplacements internes (Idmc), 41,3 millions de personnes dans le monde ont été déplacées à l’intérieur de leur pays: “le nombre le plus élevé jamais enregistré”, peut on lire dans le rapport ‘Orientations pastorales sur les déplacés internes’. Selon la définition fournit par le guide sur les déplacés des Nations-Unies (en 1998), les déplacés internes sont “ces personnes ou groupes de personnes qui ont été forcés ou contraints de fuir ou quitter leur habitation ou lieu de résidence, en particulier à cause d’un conflit armé ou pour en éviter ses effets, d’une situation de violence généralisée, de violation de droits humains ou de catastrophe, naturelle ou provoquée par l’homme, et qui n’ont pas franchi la frontière d’Etat international reconnu”.
Encadrer la protection des déplacés internes
De son côté, le Dicastère ajoute une autre cause de déplacement interne : “les gouvernements et sujets du secteur privé, y compris les milices privées, groupes extrémistes et multinationaux sont tout autant responsables de l’acquisition, programmée ou arbitraire, de certains territoires. Le but est souvent la réalisation d’infrastructures et autres projets immobiliers, mais aussi d’activité d’extraction, cultivation intensive et appropriation de terrain (…) laissant la personne expropriée sans compensation ou relogement et créant ainsi un déplacement interne”.
L’Église “reconnaît et apprécie les efforts de la communauté internationale pour reconstruire un cadre normatif dans le but d’une protection des déplacés internes, tout comme l’engagement de nombreux membres de la société civile en réponse à l’urgence du déplacement interne”, lit on dans l’introduction. Mais “ceux-ci ne peuvent se substituer au rôle primordial des gouvernements nationaux et des autorités locales” : fournir une “série de considérations clés qui puissent servir aux Conférences épiscopales, Églises locales, congrégations religieuses et organisations catholiques, les agents pastoraux et tous les fidèles (…) dans le développement d’un programme pour l’aide effective aux déplacés internes”.
C’est le but aussi de ce document du Dicastère, qui réaffirme que “l’Église reconnaît et réitère le droit à la vie, à la liberté et à la sécurité des personnes dans leur pays d’origine”: “toute personne, quelque soit son statut migratoire, devrait pouvoir rester dans leur maison, dans la paix et la sécurité, sans le risque d’être forcés à être déplacé”.
Sensibiliser le public
L’Église est ainsi appelée “à encourager les médias et la société en général, ainsi que les gouvernements, à sensibiliser le public sur les difficultés subies” par les déplacés internes. Selon le Dicastère, les déplacés internes “devraient être considérés ‘réfugiés’ au même titre que ceux officiellement reconnus par la Convention sur les réfugiés de 1951, parce qu’ils sont victimes des mêmes types de violences”.
Pour éviter des “tensions” parmi les communautés qui les accueillent, souvent dans des conditions précaires, la Section Migrants et Réfugiés du Dicastère demande à l’Église “une approche d’aide humanitaire large et équilibré de la part de tous les acteurs”, et invite les États qui fournissent une aide d’adapter ce soutien “pour y inclure un développement d’infrastructures sanitaires, éducatives et de services sociaux dans les lieux d’accueil dès l’arrivée” de ces déplacés.

Sur le plan international, conclut le document, “une responsabilité partagée entre gouvernements nationaux et administrations locales” est essentiel, encourageant “la participation des déplacés internes dans tous les processus décisionnels qui les concernent”.