Les migrants et mineurs non accompagnés en danger sur la route des Balkans

En 2020, plus de 4000 migrants et réfugiés ont atteint la frontière nord-est de l’Italie après avoir parcouru la route des Balkans. C’est pas cette importante route d’arrivée que le quart des migrants rejoignent la Botte. Parmi eux, de plus en plus d’Afghans, Irakiens et Syriens qui fuient les violences et les persécutions, à la recherche d’une protection en Italie. Cependant, aujourd’hui, les autorités croates, slovènes et italiennes sont en train de repousser systématiquement les migrants à la frontière, les raccompagnant en-dehors de ces pays traversés, jusqu’à la Bosnie, où ils se retrouvent dangereusement pris par le froid et l’épuisement.

Une délégation italienne du groupe social-démocrate du Parlement européen a décidé de se lancer dans une mission afin de “déterminer les responsabilités concernant ces retours en chaîne” : les quatre eurodéputés italiens Massimiliano Smeriglio, présent à Trieste, le “médecin des migrants” de Lampedusa Pietro Bartolo, Brando Benifei et Alessandra Moretti sont ainsi allés sur “la première ligne”. “Nous sommes à quelques centaines de mètres de la frontière avec la Bosnie, mais la police nous empêche d’avancer, avec un barrage de contrôle improvisé” ont-ils dénoncé sur les réseaux sociaux.

“Pouvoir inspecter est notre droit et notre devoir, nous voulons atteindre la frontière” pour “la voir de nos propres yeux”, poursuivent-ils racontant avoir été bloqués par les policiers croates bien avant la frontière avec la Bosnie. Après l’intervention du Ministère des Affaires étrangères italiens et de l’Ambassade italienne à Zagreb et Sarajevo, en Bosnie, le groupes de parlementaires européens a enfin pu rejoindre le camp bosniaque de réfugiés à Bihac, où ils ont été accueillis et “briefés par les agents de l’Office international des migrations et les ONG” intervenant dans ce camp.

En Bosnie, parmi les 2500 migrants privés de logement d’accueil sur le territoire, au moins 50 mineurs non accompagnés sont aujourd’hui à la rue, dormant dehors ou dans des refuges de fortune, sans aucune aide ni protection, avec de graves risques pour leur santé et leur sécurité, entre pandémie de Covid-19 et dangers d’abus et violences. C’est ce qu’a dénoncé l’organisation Save the Children: “ces mineures vivent dehors dans le froid glacial ou dans des bâtiments occupés abusivement ou abandonnés, dans des camps improvisés ou des résidences privées, sans aucune supervision d’un adulte”. Alors que les température passent sous zéro degré la nuit en cette période hivernale, ces adolescents sont à court de nourriture, d’eau, privés de soins hygiéniques et sanitaires et sans cadre scolaire, et ont besoin en urgence d’un toit, d’un lieu d’accueil sûr et chaud pour être pris en charge.

Dans les divers centres d’accueils du pays, par ailleurs, environ 500 mineurs non accompagnés et 450 enfants accompagnés de leurs familles, ont été pris en charge. Mais après la fermeture de deux importants camps l’an dernier, en Bosnie le nombre de places disponibles a drastiquement diminué. Ces migrants et réfugiés ne peuvent être enregistrés qu’une fois accueillis dans les centres officiels. Sans cet enregistrement, les mineurs non accompagnés ne peuvent ainsi pas avoir accès à un tuteur légal, et restent invisibles aux yeux du système de protection.

“Nous dormons depuis un mois dans un bâtiment squatté. Nous avons tenté de traverser la frontière et maintenant on nous empêche de retourner dans les camps. Chaque fois que nous y retournons, on nous dit qu’il n’y a pas de place pour nous. Ici, on a très froid, alors qu’au camp, on est mieux” a témoigné un jeune afghan de 15 ans qui vit dans une usine abandonnée avec un autre jeune de son village d’origine.

La région nord-ouest, à la frontière des pays d’Europe occidentale, s’est transformé en grand hot spot pour les migrants. Mais à cause d’une situation désespérée et de l’absence de parcours légaux ou solution pour les mineurs et leurs familles, tous continuent de tenter de passer la frontière pour entrer dans l’Union européenne par la Croatie, malgré les annonces de refoulements violents.

Cette route des Balkans “se prolonge naturellement en Italie, à partir de Trieste le long de la partie nord du notre pays, jusqu’à Vintimille (frontière française), et elle est empruntée par des dizaines de mineurs non accompagnés chaque année”, a expliqué Daniela Fatarella, directrice de Save the Children en Italie. “Les nombreux refoulements de migrants et demandeurs d’asile dénoncés par les organisations de la société civile aux frontières avec la Slovénie sont particulièrement alarmants”, violant même la loi italienne Zampa qui stipule depuis 2017 que tout mineur étranger arrivant en Italie non accompagné d’un parent ou adulte ne peut être repoussé à la frontière et doit être intégré dans un système d’accueil et protection.

L’ONG de défense des droits des enfants appelle donc à s’assurer, en urgence, de la vérification de l’âge des personnes à la frontière, afin d’identifier au mieux ces mineurs isolés. “L’Union européenne et les États membres ont le devoir de donner des réponses adéquats afin de mettre fin à cette tragédie et éviter qu’elle se reproduise à l’avenir à ces frontières ou toutes autres frontières de l’UE. La création de voies sûres et encadrées d’accès à la protection internationale et la réforme du règlement de Dublin (la demande d’asile est la responsabilité du pays de première entrée des migrants) doivent être la priorité, tout comme la garantie de l’accès à un système de protection pour les mineurs non accompagnés”.

Source : Redattore sociale