Lors de la fête de la Communauté de Sant’Egidio, Zuppi exhorte tout le monde (y compris les ministres) à “travailler pour la paix”, c’est-à-dire pour ce qui n’existe pas encore aujourd’hui. C’est-à-dire pour ce qui n’existe pas encore aujourd’hui” (S.C.)

“Que tous choisissent la paix et que le Seigneur donne la paix”. L’appel fort lancé par le Card. Matteo Maria Zuppi à “travailler pour la paix. C’est-à-dire pour ce qui n’existe pas encore aujourd’hui”, a conclu ce soir l’homélie de la messe pour le 56e anniversaire de la Communauté de Sant’Egidio, qu’il a présidée dans la basilique Saint-Paul.

Zuppi, qui vient de cette expérience, a rappelé qu’il s’agit d’une “Communauté fille du Concile” : “C’est ce qu’elle veut être dans la tempête écrasante du monde”. Elle veut aussi être une prophétie”, a-t-il poursuivi selon l’agence ANSA, “pour commencer à voir, à réaliser aujourd’hui ce qui sera demain”. Chaque petit et humble service rendu à son prochain est prophétique, parce qu’il tisse les fils de la société. Il ne se laisse pas plier, dit le pape François, par l'”indiérisme”, mais essaie de vivre la passion de l’amant. Être la prophétie du monde à venir, qui demande aujourd’hui de le construire, de le rendre possible, au milieu des cris des nombreuses victimes, des pauvres. Le choix d’un monde plus solidaire, plus fraternel, où personne n’est étranger parce que tous sont voisins”.

Étaient également présents à la liturgie les ministres Matteo Piantedosi, Guido Crosetto et Orazio Schillaci, représentants en réalité d’une coalition qui n’a même pas eu le courage de demander un “cessez-le-feu” pour Gaza, où bon nombre des armes qui tuent et des bombes qui détruisent et dévastent sont de production italienne. D’autres personnalités, dont le secrétaire général de la CGIL, Maurizio Landini, ont exprimé une position différente, mais trop timidement soutenue, à tel point que les médias ne l’ont même pas enregistrée.

“Contemplons Evangelii gaudium, la joie de l’Evangile”, a insisté M. Zuppi, “les nombreux dons qui, à travers la Communauté de Sant’Egidio, ont béni la vie de tant de personnes. Un grand peuple, qui a reçu tant de bonne eau, qui étanche notre soif et fait de notre cœur une source”. “Ne nous lassons pas de nous étonner de voir à quel point les voies du Seigneur sont devenues les nôtres, a-t-il poursuivi, et que la petite graine semée le 7 février 1968 ne cesse de porter beaucoup de fruits. C’est pourquoi aujourd’hui nous louons le Seigneur”, a souligné M. Zuppi, “nous n’ignorons pas les limites, au contraire, nous ressentons l’inquiétude pour tout ce qui reste à faire, l’anxiété de faire plus pour tous ceux dont nous sentons la souffrance dans les événements dramatiques du monde, dans les affres d’un terrible accouchement que le monde est en train de vivre”. Le président de la Conférence épiscopale italienne a parlé d’une “joie qui se heurte à un monde qui continue à se briser à cause des guerres”, “un monde où nous voyons tant de violence, de terrorisme généralisé, de pauvreté”.

“Une culture de la violence semble gagner de plus en plus d’espace”, a-t-il noté, “elle semble être omniprésente, convaincante, face à la recherche de sécurité, elle semble donner plus de sécurité et la majorité des gens se referment sur eux-mêmes”. “Une tendance qui nous mène à la ruine”, a-t-il averti. Mais ce n’est qu’en sortant de nous-mêmes que nous comprenons qui nous sommes”, a poursuivi M. Zuppi, “et c’est l’une des raisons pour lesquelles nous remercions la Communauté : elle nous a fait sortir de nous-mêmes et aimer les autres”.

Le cardinal a ensuite remercié “l’initiateur” Andrea Riccardi, le président Marco Impagliazzo et tous ceux qui travaillent avec lui, “pour que cette communion ainsi articulée soit toujours une famille, avec un trait de fraternité qui n’est jamais considéré comme acquis”. Il a également remercié “ceux qui aident le cheminement de la Communauté de tant de manières”. Elle “veut vraiment être une maison, une famille”.

Selon M. Zuppi, “la Communauté n’a pas reculé dans la médiocrité et le compromis avec le tyran de l’individualisme. La radicalité du début est devenue le roc d’un amour fidèle, elle est devenue passion”. Rappelant Gaudium et Spes, il a déclaré : “La joie et l’espérance, c’est précisément ce dont le monde a besoin, marqué par tant de désillusions, par le poison du pessimisme.

En conclusion, le président de la Conférence épiscopale italienne a remercié “nos frères en Ukraine, et aussi ceux, malheureusement nombreux, dans d’autres territoires armés.

La mission dans l’Église italienne et au service de la paix a également été évoquée dans son message de bienvenue par le président de la Communauté de Sant’Egidio, le professeur Marco Impagliazzo. “Enracinés dans cette ville et dans l’Église de Rome, unis à son évêque, le pape François, à qui nous exprimons nos sentiments d’affection et de gratitude, nous avons pu élargir nos horizons et notre engagement au monde entier. La présence de tant de membres du corps diplomatique, représentant tant de pays où la Communauté vit et travaille, en témoigne. Merci de votre présence. Cette ouverture universelle nous a mis en contact avec tant de situations de douleur et de pauvreté : aujourd’hui, je suis heureux de saluer parmi nous certains de nos frères et sœurs qui nous ont rejoints depuis l’Ukraine, et je les remercie pour leur endurance et leur inestimable travail humanitaire”.

Sante Cavalleri