Après les soupçons constants de nouvelles bulles financières, la concurrence entre les capitaux s’est intensifiée, s’étendant à toutes les activités productives, avec une contradiction capital-environnement de plus en plus décisive comme caractérisation spécifique du conflit central et paradigmatique capital-travail. Malgré cela, ou peut-être précisément à cause de la concurrence impérialiste, les oligarchies nationales individuelles ne se sont pas mises d’accord sur la future division internationale du travail, c’est-à-dire qu’elles n’ont pas décidé où, quoi, comment et pour qui chaque pays ou agglomération produira une domination multiétatique. Par conséquent, le terrain de la confrontation et du conflit reste la guerre dans ses diverses configurations.
Dans cette compétition inter-impérialiste, le capital financier (issu de l’union du capital industriel et bancaire), qui représente la composante la plus forte du capital transnational contemporain, suit une stratégie contradictoire à celle des États : au nom de la”liberté économique”, il a besoin de les écarter mais, d’un autre côté, il a besoin d’eux comme interface avec des sociétés civiles de plus en plus dégradées et mondialisées, et pour arracher l’argent et la”paix sociale” aux travailleurs, salariés et non salariés.
Pour ce faire, il a besoin de la guerre sociale, de la guerre économico-monétaire et de
la guerre militaire avec le renforcement des appareils industrialo-militaires également à usage civil.
La relation réciproque qui existe entre le modèle de production dominant et la société des
subalternes penche encore plus clairement vers une déconstruction globale si l’on considère la relation entre la science et le militarisme. Le premier élément de clarté à cet égard est la contribution quantitative de la science à l’appareil de production militaire et technologique mondial: selon les données fournies par les études de la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires, rapportées par Angelo Baracca”Jusqu’à 49 universités des États-Unis sont complices du complexe d’armement nucléaire, de diverses manières, directes ou indirectes : de la gestion directe aux collaborations institutionnelles, en passant par l’association à des programmes de recherche ou à du personnel dans des programmes de développement” (BARACCA A (2019), Science and War).
Cette attention est absolument réciproque en vertu de ce que Scientists for Global Responsibility a rendu public dans un autre dossier documentant”Comment les entreprises de combustibles fossiles et d’armement financent les organisations professionnelles de scientifiques et d’ingénieurs” (BARACCA).
Dans cette représentation, ce ne sont pas seulement les chiffres du rapport qui comptent, mais aussi la qualité du rapport. Le scientifique est dans tous les sens du terme un homme (ou une femme) de son temps, partageant des environnements culturels et des objectifs sociaux. Dans la plupart des cas, il fait partie de la classe dirigeante, et les phénomènes qu’il traite sont généralement ceux qui sont pertinents pour le développement social (capitaliste)” (BARACCA A. 2019), Science and War. Suite de la discussion).Dans l’Union européenne, par exemple, le néolibéralisme militariste le plus féroce est inhérent à la loi fondamentale, le traité de Lisbonne, qui interdit les mesures contre la circulation des capitaux. Au lieu de cela, dans le discours officiel, l’”Europe sociale” remplit la bouche d’agents qui n’agissent que dans l’intérêt de la compatibilité avec
les lois de la guerre du capital.
Dans les réflexions clairvoyantes de Gramsci, nous trouvons des traits très actuels dans la tendance actuelle qui a été qualifiée de”demi-mondialisation” d’une vaste zone méditerranéenne, celle des PIGS fondamentalement, par le biais du processus d’intégration économique et monétaire européenne de la ”Forteresse Europe”. Ce statut de bloc belliciste induit, perpétré par l’ordolibéralisme qui imprègne les traités fondamentaux de l’UE, alimente un système de domination néocoloniale entre les pays d’Europe centrale et septentrionale et l’espace méditerranéen. Une réalité qui lie le Vieux Continent à des dynamiques aussi actuelles que celles des décennies passées, avec les spécificités du contexte européen (par exemple, compression structurelle de la souveraineté
des États, déséquilibres commerciaux, déflation salariale).
Dans cette perspective, à partir des théorisations développées par notre école de critique marxiste pour une économie anthropologique aux déterminants décoloniaux, donc anti-impérialiste pour le pluri-polarisme, dans les perspectives de transitions socialistes (désormais directement et uniquement économie socialiste décoloniale) dans le sillon d’un nouveau sudisme sur des bases marxistes, pose de manière centrale la question d’une déliaison, d’une semi-déliaison qui concerne aussi l’Europe, en dépassant toute prémisse eurocentrique et les catégories historiques, politiques, économiques, culturelles traditionnelles imposées par l’hégémonie néo-libérale et le post-modernisme, à travers la construction d’une ALBA euro-afro-méditerranéenne.
Aujourd’hui, pour nous tous, socialistes révolutionnaires, il s’agit d’indiquer clairement l’un des fondements théoriques les plus profonds de la pensée anti-impérialiste et des perspectives socialistes, avec les déclinaisons en construction aujourd’hui sur l’économie décoloniale, la vision et la réalité du pluri-polarisme dans une dimension théorique élargie et les processus de fabrication du plurivers.
“L’idée d’un univers pluriel d’alternatives au capitalisme est quelque chose de relativement récent, dont la présence reste encore marginale dans le débat politique, bien qu’elle soit l’aboutissement naturel de l’affirmation des récents mouvements anti-systémiques, des luttes pour dépasser l’héritage colonial et le patriarcat, de la refonte de la pensée marxiste, socialiste et libertaire. Au cours des dernières décennies, en particulier, la critique du développement s’est avérée être le principal domaine dans lequel une alternative aux grands projets sociaux de la modernité, y compris les grandes expériences de gestion collectiviste de l’économie, pouvait être pensée.
Cela a également impliqué une lecture différente de l’histoire plus récente et la remise en cause des principales utopies sur les sociétés libérées. Dans ce cadre, l’irruption de visions non coloniales dans la construction d’alternatives sociales a joué un rôle central, même si elle n’a pas encore pleinement démontré sa capacité à transformer les catégories révolutionnaires et la vision de notre avenir.
La critique décoloniale est apparue avant tout comme une lutte pour dépasser l’idée d’un projet civilisateur porté par l’Occident. Mais décoloniser les catégories, c’est aussi être capable de définir différemment les processus de changement, en situant l’analyse en dehors du déterminisme historique de la civilisation occidentale, en dehors des hiérarchies qui l’ont soutenue et qui soutiennent encore l’architecture de la société globale. Les différentes initiatives visant à penser, concevoir et expérimenter l’idée d’une société plurielle et viable dans laquelle différents principes de construction de la réalité peuvent coexister font partie de ce processus. Ces expériences ont émergé dans un moment historique marqué par de grandes transformations qui impliquent en profondeur
toutes les formes de vie sur la planète et qui conduiront de toute façon à une grande
métamorphose de la société globale.
Le projet Pluriverso est donc né à un moment crucial de l’histoire du capitalisme, mais aussi de ses mouvements d’opposition. Cependant, sa traduction italienne paraît à un stade très différent de celui de la première édition du texte, bien qu’une année seulement se soit écoulée. La planète est confrontée à une crise sanitaire globale, une autre démonstration tangible de la contradiction écologique dans laquelle évolue le développement capitaliste ; en même temps, elle accélère le processus de crise économique autour duquel s’articulera la politique mondiale dans les années à venir. La différence, cependant, ne concerne pas seulement la condition particulière dans laquelle se trouve le capitalisme mondial, mais se définit aussi par les nouveautés internes de la pensée critique”. (Le temps du plurivers d’ORTHOTES).
Une référence qui parvient à dépasser la particularité et la contingence pour s’imposer comme le fondement de toutes les révolutions anti-impérialistes qui ont la capacité et la force de proposer une connaissance critique de la culture des peuples dans les cosmovisions indigènes, en les insérant, comme nous l’a enseigné Mariátegui, dans un projet d’intégration internationale qui est à la base de la transition révolutionnaire.
“La prochaine révolte des peuples d’Europe, leur prochain mouvement pour la liberté républicaine et l’économie de gouvernement, peut dépendre, écrivait Marx, plus probablement de ce qui se passe dans l’Empire céleste – au pôle opposé de l’Europe – que de n’importe quelle cause politique existante” (MARX K. (1853), The British Domination in India, New York Daily Tribune, 25 juin 1853, in MARX K. et ENGELS F. (2008), India China Russia, par MAFFI B. Il Saggiatore, Milan, page 43).
“On peut prédire avec certitude que la révolution en Chine jettera une étincelle dans le baril de poudre surchargé du système économique actuel et fera exploser la crise générale” (ibid.).
“Entre la fondation de la République populaire de Chine en 1949 et 1976, année où Zhou Enlai et Mao Zedong sont morts et où la Chine s’est profondément transformée, au-delà des données purement macroéconomiques, l’espérance de vie est passée de 40 à 65 ans (en Inde, au cours de la même période, elle est passée de 38 à 54 ans) ; la population chinoise est passée d’environ 550 millions à environ 900 millions ; le taux d’alphabétisation est passé de 20 % à plus de 65 % ; l’émancipation des femmes a atteint de grands sommets. Au cours de ces années, le gouvernement est resté fermement entre les mains du parti communiste chinois, qui a également développé en interne et déversé dans la
société une confrontation large et souvent amère sur les questions de la construction d’une société socialiste, tout comme la confrontation avait souvent été large et amère au cours de l’évolution précédente de la guerre populaire”. (La linea di Mao, Roberto Sassi (in Contropiano année 30 n°1 – mai 2021).
Ce que Marx n’aurait certainement pas pu prévoir, c’est une dynamique révolutionnaire qui
remettrait en question la primauté et la domination de l’Occident, mais avec un processus de transition long, tortueux et ouvert. L’intuition fondamentale qui, cependant, émerge puissamment de son analyse est la charge révolutionnaire contenue dans les sociétés de son temps placées dans une condition d’exploitation coloniale et la perspective universelle du marché international et des contradictions capitalistes qu’il recèle.
“En étudiant Lénine et Marx, Mao est en mesure de saisir, grâce à l’arrière-plan constitué par la dialectique classique chinoise, l’essence de la méthode que Marx applique avec une clarté particulière dans le premier chapitre du premier livre du Capital (cf. Il’enkov, 1961), et que Lénine trouve dans les Cahiers philosophiques (cf. Kouvélakis, 2016) alors qu’en URSS et en Occident, à cette époque et aussi bien plus tard, on sous-estimera l’importance de ces textes”. Il suffit de dire que les Quaderni Filosofici, pour les théoriciens soviétiques du Dia-Mat, étaient des”Notes de Lénine sur Hegel qui reflètent la pensée de Hegel et non celle de Lénine” tandis que, encore dans les années 1970 en Italie, Lucio Colletti en rejetait l’importance théorique. De même, du révisionnisme de la IIe Internationale au structuralisme d’Althusser, la méthode dialectique utilisée par Marx, en premier lieu dans le
Capital, est considérée comme dépassée.
Le point nodal est celui de la centralité de la contradiction : Mao radicalise la dialectique, réduite à une ”somme d’exemples” (Lénine, 1914) par l’interprétation dogmatique des ”trois lois” d’Engels, et applique le renversement de la praxis (l’Umwälzung der praxis de la 11e thèse de Marx sur Feuerbach) à la dialectique chinoise classique. La pensée de Mao se situe entre l’Orient et l’Occident, atteignant le double résultat d’enraciner le marxisme-léninisme en Chine et de l’enrichir de la dialectique classique chinoise. Nous pouvons voir concrètement comment cette méthode fonctionne dans certaines des caractéristiques constitutives de la praxis/théorie/praxis maoïste”. (R. Sassi, ibid.).
La Russie, contrairement à l’Inde, a connu sa propre révolution concrète essentielle lors des
événements historiques de la révolution socialiste d’octobre. Dans la seconde moitié du 19e siècle, Engels a mis en garde contre les illusions faciles concernant le développement automatique d’une révolution socialiste à partir des misères de la société féodale: réitérant les hypothèses du développement nécessaire et maximal des forces productives, historiquement représentées dans le système de production capitaliste et la domination de la bourgeoisie, Engels a souligné l’absence de conditions révolutionnaires objectives à son époque pour une transition soudaine vers le socialisme dans la ”dernière grande poussée de la réaction en Europe de l’Est” (ENGEL) de la réaction en Europe de l’Est”( ENGELS F. (1875), The Social Conditions in Russia, Volksstaat, 16, 18 et 21 avril 1875, in
MARX K., ENGELS F. (2008), India China Russia, par MAFFI B., Il Saggiatore, Milan, p. 224).
Le contexte de la Russie tsariste, tel qu’il est écrit par Engels, est celui d’un État voué à la production agricole, avec des terres insuffisantes pour les paysans, une pénurie de main-d’œuvre pour les propriétaires terriens, une usure débordante, des intérêts sur les dettes publiques”nivelés” par rapport aux autres dettes publiques, et un gouvernement despotique pris entre des concessions libérales et un repli immédiat.
Aux yeux du collaborateur fraternel de Marx, tous ces éléments constituaient la poudrière d’une révolution, mais ”initiée par les classes supérieures du capital”, les éléments d’un ”1789 russe”, comme l’écrivait Marx lui-même.
L’incapacité de la bourgeoisie à se convertir pleinement en révolution bourgeoise exigeait que les revendications des masses prolétariennes russes -notamment face aux misères et aux conséquences de la Première Guerre mondiale-, et les atroces inégalités sociales et productives de la Russie de 1917 créent les bases et les conditions matérielles pour la gestation d’une révolution complète, une révolution socialiste fondée sur l’alliance des ouvriers et des paysans. La révolution a été la première expérience dans la construction de la transition socialiste qui, dès le départ, a dû s’appuyer sur le développement des forces productives comme enjeu vital tant pour la survie interne du système socialiste que pour sa survie au regard du contexte international: celui de l’encerclement de l’URSS
sur plusieurs fronts et, enfin, celui de la Seconde Guerre mondiale.
Aujourd’hui, plusieurs des anciens pays coloniaux animent, par rapport aux approches et politiques internationales de la Chine, la perspective du multicentrisme et, certains d’entre eux, poursuivent également celle de la transition économico-politique et socialiste. L’apport théorique et réflexif de la Chine populaire et de l’Asie combine une perspective originale d’universalisation non euro-atlantique des relations internationales, aussi sur la relation État-marché et sur le rôle stratégique de la subjectivité pour la transition.
“Dans les relations internationales, toujours fermement gérées par Zhou Enlai, nous trouvons une caractéristique sous-jacente qui s’est maintenue jusqu’à aujourd’hui, et qui a été efficacement résumée comme suit: ”La plus grande préoccupation des communistes chinois était au départ la fragilité de la nation et la durabilité du processus révolutionnaire dans un pays exterminé et arriéré, et en outre en l’absence d’une classe ouvrière digne de ce nom. Le PCC a estimé que dans ces conditions, on ne pouvait pas demander au communisme chinois de prendre en charge la palingénésie prolétarienne universelle. Et cette attitude nationaliste est encore aujourd’hui l’étoile directrice du Parti” (extrait d’un entretien avec Alberto Bradanini, ancien conseiller commercial puis ambassadeur à Pékin, Contropiano.com, 11/04/2019). À côté de cette orientation, aux résultats parfois déconcertants (comme la politique de détente avec les États-Unis en pleine guerre du Vietnam ou la reconnaissance diplomatique du régime de Pinochet, pour ne citer que quelques exemples), la grande habileté diplomatique de Zhou Enlai pour tisser, à partir de la conférence de Bandung (1955), “le Mouvement des non-alignés, brisant le siège dans lequel se trouvait la Chine et donnant vie à un organisme qui, pendant des décennies, a contribué à la paix mondiale et au développement de l’indépendance nationale des pays du tiers-monde” (R. Sassi, Ibidem).
La théorisation de Gramsci sur la question du Sud, l’héritage de la tradition du tiers-mondisme et de Bandung, et les processus de déliaison en cours innervent désormais la réflexion critique sur le produit fini des contradictions de l’UE. La rupture d’Europol se présente, essentiellement, comme un désengagement d’un système de domination pour les peuples d’Europe comme le premier terrain fondamental d’émancipation, au sens général, en phase avec un vaste front de peuples et de pays, alternatif à la mondialisation. Cette voie pose de manière centrale le thème de l’alternative au système, de l’émancipation et de la recomposition du travail salarié, ouvrier et paysan (dans le sillage de la leçon gramscienne et de la mise en œuvre des théories latino-américaines), à partir de la
référence concrète aux expériences de semi-détachement menées dans le monde, à la relation renouvelée entre la construction et la démocratisation de l’État et les processus d’auto-organisation sociale -avec une riche production à cet égard en Amérique latine- et des processus réels tels que l’ALBA, en tant qu’acte concret de semi-détachement en cours, analysé par Garcia Linera, Mignolo et de nombreux autres spécialistes du processus révolutionnaire en Amérique latine.
C’est sur cette réalité concrète que repose la perspective de l’unité du Sud, à commencer par celle de l’Europe, pour une ALBA euro-afro-méditerranéenne qui, en plus d’arrêter son processus de” demi-détachement” de l’Europe du Sud, vise à archiver la polarisation mondiale, avant tout pour l’affirmation d’un contexte mondial multicentrique.
Ainsi se souligne la dimension d’unité des producteurs et sujets de travail et de travail nié, dans la possibilité des voies possibles actuelles vers des transitions post-capitalistes et anti-impérialistes.
Une alternative qui part du Sud global. C’est le fil conducteur historique du semi-détachement, de la désoccidentalisation et de la décolonisation en réponse à la mondialisation capitaliste et impérialiste, caractérisée par un rapport de domination entre blocs hégémoniques et hégémonisés.
A y regarder de plus près, ce sont là des chemins historiques copieusement parcourus par une théorie de la domination, : comme la question sudiste de Gramsci, en tant que problème de caractérisation du Sud entendu comme désintégration sociale du Sud global, et du bloc de développement comme processus induit et de l’enfermement aux marges de l’histoire des masses populaires.
Discuter et mettre en œuvre des processus de transition vers le socialisme et de planification signifie évidemment penser en termes internationalistes. Pour cette raison, le rôle des alliances internationales doit être valorisé en tant qu’instrument de relance d’une lutte à l’échelle mondiale, qui peut s’étendre de manière diversifiée à partir des importants processus de changement dans les différents pays de la pluripolarité et impliquer ceux de l’ALBA, à partir du grand domaine héroïque de la révolution socialiste cubaine.
L’analyse devra encore être développée en suivant toujours la ligne tracée par la vision de la validité réelle des voies théoriques et de la réalisation pratique à travers la méthode du matérialisme historique, et dans et pour l’hégémonie culturelle des subordonnés, dans une perspective internationaliste, à travers l’interprétation pluripolaire, et en particulier dans la déclinaison Gramscienne. Il serait très important de parvenir à une redéfinition et à une requalification, dans la pratique des mouvements syndicaux et politiques, des termes théoriques et de mise en œuvre de la philosophie de la pratique et de l’identification du potentiel d’action des nouvelles subjectivités des ouvriers, paysans, salariés, commerçants, petits entrepreneurs et donc des nouveaux sujets du travail et du travail refusé, du non-travail, et avec l’idée d’un gouvernement politique et économique dans une nouvelle perspective de la réalisation potentielle des modèles de transition post-capitalistes, et dans une tendance de rupture socialiste révolutionnaire.
Aujourd’hui, dans cette phase de crise économique systémique aggravée par la crise sociale de la pandémie et de la guerre, le souffle de ceux qui veulent une humanité différente doit être élargi.
Les mêmes formes, la même sophistication des armes et des systèmes de destruction massive, des armes de nuisance aux armes bactériologiques, les conséquences désastreuses de leur utilisation, ne sont plus conditionnées de manière décisive par la seule volonté, mais aussi par l’irrationalité du capitalisme lui-même (A .Shack) . Les résultats des études montrent une étape supplémentaire dans la subordination du développement scientifique à la logique du bénéfice du secteur militaire, à commencer par la libéralisation de l’expérimentation biogénétique et l’impossibilité de”distinguer les usages offensifs et défensifs de la recherche biotechnologique [.. .] ](Ibidem) , entre recherche
pour la production de vaccins et applications militaires spécifiques.
Reprenant une citation de Karl Marx : “Toute science serait superflue si l’essence des choses et leur forme phénoménale coïncidaient directement”, on arrive à cette conclusion: ”De plus, si un nombre croissant de scientifiques – poursuit Baracca – se sont consacrés à l’étude et à la production d’armes chaque fois plus meurtrières, c’est un choix fait par ces scientifiques, je ne vois pas comment on peut penser qu’ils n’ont pas la responsabilité” (ibidem).
Il faut recommencer à repenser les phases historiques de la politique de transformation, les cycles révolutionnaires comme Cuba l’a fait en changeant souvent ses manières de vivre la planification et la transition socialiste. Nous devons établir un lien entre la stratégie de changement et les étapes tactiques.
Nous ne pouvons pas nous opposer sans un parti doté d’une capacité révolutionnaire.
Une idée fondamentale aussi pour tous ces jeunes occidentaux qui veulent s’interroger sur l’état actuel des choses. Pour cela, ils doivent tourner leur regard vers la pensée de Marti, Bolívar, Lénine, Gramsci, Mao, Guevara, Fidel Castro et Chavez afin d’étudier concrètement les voies de l’émancipation.
En conclusion, il faut toujours analyser à la clé de l’économie décoloniale socialiste, à partir de la recherche proactive de modèles sociaux, économiques, productifs et environnementaux alternatifs de durabilité, de complémentarité, contre les appareils et industries de guerre. Dans le cadre de cet objectif, la nécessité de construire un modèle anticapitaliste pluripolaire, multicentrique et transitionnel différent des relations actuelles entre les pays et les peuples sera soutenue, à partir des transitions vers le socialisme à Cuba, au Venezuela, en Chine, au Vietnam, et accompagné d’un modèle productif et social différent, rendu urgent et indispensable par les contradictions aiguës du
présent.
“Révolution ininterrompue. Nos révolutions se succèdent (…) Nos révolutions sont comme des batailles. Après une victoire, il faut tout de suite proposer un nouveau but. De cette façon, les cadres et les masses seront toujours remplis de ferveur révolutionnaire plutôt que de vanité. A vrai dire, ils n’auront pas le temps de présumer, même s’ils aimeraient (…) Rouge et expert, politique et activité professionnelle, la relation entre ces éléments constitue l’unité des contradictions. Nous devons critiquer l’attitude apolitique. Il faut opposer les « politiciens » écervelés d’un côté, et les «pratiques» dénués d’orientation de l’autre (…) Ignorer l’idéologie et la politique, se soucier exclusivement des problèmes économiques : le résultat sera un économiste désorienté ou technicien, et c’est une
catastrophe (…)
Le déséquilibre est une règle générale et objective. Le cycle, qui est sans fin, va du déséquilibre à l’équilibre, puis revient au déséquilibre. Chaque cycle, cependant, nous amène à un niveau supérieur de développement. Le déséquilibre est normal et l’équilibre est temporaire et relatif. Les changements vers l’équilibre et le déséquilibre dans notre économie nationale aujourd’hui sont un changement quantitatif partiel dans le processus global de changement qualitatif. (Extrait du plan en
60 points du 19 février 1958, élaboré par Liu Shaoqi et Mao Zedong, points 21-22, attribué à Mao).
Ici aussi, il est utile de remonter à la période de la guerre populaire pour comprendre comment Mao a résolu la contradiction entre politique et technologie, en particulier entre l’homme et les armes. Tout d’abord, “Le parti commande toujours le fusil” : la force est subordonnée à la raison, aucune place n’est laissée au militarisme, ni dans les relations entre les combattants, ni dans les relations entre les combattants et le peuple. La tactique est subordonnée à la stratégie comme la technique est subordonnée à la politique. Si Gramsci disait que la révolution russe était une révolution contre le Capital, compris précisément comme le Capital de Marx, parce qu’elle violait ce “modèle d’entreprise” de la Deuxième Internationale, tiré abstraitement des études économiques de Marx sur les pays les plus industrialisés, la révolution chinoise l’était encore plus. Et elle a été victorieuse
parce qu’elle a renversé le rapport traditionnel entre l’homme et les armes (“avec du mil et des fusils nous battrons les canons et les chars de Chiang Kai-shek”), donnant à l’homme la centralité . Ce n’est pas la technique qui décide de la victoire mais la conscience politique des combattants, comme on l’a vu aussi au Vietnam et dans d’autres cas ». (R. Sassi, Ibidem).
La pierre angulaire de notre recherche-investigation marxiste en cours sera de proposer des thèmes de recherche et d’études de cas locales et sectoriels comme, par exemple, le traitement critique et de la validité dans l’actualisation des thèmes forts gramsciens et des théories anticolonialistes de la déconnexion, dans la déclinaison de la question des alliances pour l’hégémonie et sa composition politico-sociale et sa perspective de dépassement de la phase actuelle de mondialisation néolibérale.
Le tout en se plaçant dans la transition de l’unipolarité au multicentrisme dans les relations
internationales, à partir des études des réalités dans l’hémisphère sud. Devenir historique et hégémonie culturelle du Sud dans le monde contemporain : c’est-à-dire qu’il s’agit de décliner une actualisation des contextes de localisation et aussi des catégories d’une pensée-action pour une philosophie de la praxis, issue des études et des pratiques de grande référence révolutionnaires telles que Marti, Bolivar, Lénine, Staline, Gramsci, Mariatequi, Mao, Guevara, Fidel, Chavez. Et à la fois par les contributions d’universitaires européens et latino-américains, et qui couvrent également d’autres régions de l’hémisphère Sud aujourd’hui, en particulier l’Afrique et le l’Orient voisin.
Rita Martufi et Luciano Vasapollo