“Plus de sang innocent!” L’appel du Pape pour Gaza: “garantir aux enfants et à tous les civils un couloir sûr” “L’intérêt impérial derrière les guerres”

“Frères et sœurs, je continue de suivre avec tant de douleur ce qui se passe en Israël et en Palestine. Je pense à tant de gens, en particulier aux enfants et aux personnes âgées. Je renouvelle l’appel à la libération des otages que je demande avec force. Il est urgent et nécessaire de garantir aux enfants, aux malades, aux personnes âgées, aux femmes et à tous les civils un couloir sûr. En particulier à Gaza, où c’est urgent”. Ce sont les paroles du Pape François après l’Angélus. Pour le Pape, “il est nécessaire de garantir un couloir sûr aux civils”. “Beaucoup sont déjà morts. S’il vous plaît, a-t-il imploré depuis la fenêtre donnant sur la place Saint-Pierre, ne versez pas d’autre sang innocent, ni en Terre Sainte ni en Ukraine, ni en aucun autre endroit. Ça suffit ! Les guerres sont toujours une défaite. Toujours. La prière est le chemin doux et sacré. Non au pouvoir diabolique de la haine, du terrorisme, de la guerre. Je vous invite tous, croyants et non croyants, à vous joindre à l’Église en Terre Sainte lors de la journée de jeûne et de prière du mardi 17 octobre prochain.”

Hier, le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin a appelé le Premier ministre de l’État de Palestine, Mohammad Shtayyeh, à qui il a exprimé “la douleur du Saint-Siège et la sienne pour ce qui se passe en Palestine, en particulier à Gaza”. Il a assuré que “le Saint-Siège continuera de reconnaître seulement l’État de Palestine et ses autorités comme les représentants des aspirations légitimes du peuple palestinien”. Parolin a également souligné que “dans cette situation, il est impératif de garantir le plein respect du droit humanitaire et de veiller à ce que les civils, en particulier les plus vulnérables, les structures sanitaires et les lieux de culte ne soient pas impliqués dans le conflit”. “Le cardinal avait exprimé le même message avec force hier à toutes les parties impliquées”, écrit Vatican News.

Le Pape parle aux enfants : “Cela s’appelle l’intérêt impérial, vous l’étudierez à l’école dans les livres d’histoire”

“Les guerres sont toujours mauvaises”, a déclaré le Pape à Darío, un garçon espagnol de dix ans, dans un livre réalisé par le vaticaniste de La Stampa, Domenico Agasso, qui a eu l’idée de rassembler une série de questions posées à François par des enfants du monde entier. Il s’agit d’un livre illustré intitulé “Chers enfants… le Pape répond à vos questions” publié par Mondadori ElectaKids, qui sortira mardi prochain. Le quotidien turinois en a donné un avant-goût.

Darío demande à François : “Pourquoi y a-t-il des guerres ?” Et le Pape répond : “Parce qu’en grandissant, on risque de succomber à la tentation de devenir égoïste, de vouloir le pouvoir et l’argent. Même au prix de faire la guerre à un autre pays qui fait obstacle à cet objectif de puissance, ou qui a un leader aux mêmes fins. Tout en sachant que cela signifie tuer d’autres personnes. Trop souvent dans l’histoire, ceux qui sont devenus chefs d’État n’ont pas su freiner leur désir d’être plus forts que tous les autres, de diriger le monde. On appelle cela l’intérêt impérial, vous l’étudierez à l’école dans les livres d’histoire. Aujourd’hui, il y a tant de guerres et de violences sur la planète, et même si certains disent qu’elles sont parfois justes, je n’ai aucun doute que vous comprendrez qu’elles sont toujours mauvaises. Les guerres sont toujours mauvaises.”

Isabela, neuf ans, du Panama, demande à François : “Penses-tu qu’un jour nous parviendrons à la paix dans le monde entier ? Comment peut-on y parvenir ?”. “Oui, il ne faut pas désespérer”, répond le Pape. “La paix est possible, atteignable. J’espère que tôt ou tard les ‘grands’ comprendront qu’un monde entièrement en paix est un meilleur endroit pour vivre. Cependant, il est nécessaire que tout le monde s’engage à déposer les armes, à désamorcer la violence, à éviter les tensions et les affrontements. Et à arracher de son cœur le désir de dominer l’autre, la soif de pouvoir et d’argent. Dans nos cœurs, il ne devrait y avoir que de l’amour pour le prochain, c’est-à-dire les personnes proches et lointaines, en particulier celles qui souffrent ou qui sont en difficulté pour quelque raison. Et cela devrait également s’appliquer aux dirigeants des nations de la planète. Si nous vivions tous ainsi, il y aurait moins d’agressivité et aussi moins de peur : nous serions tous plus sereins, plus heureux. L’amour vainc la guerre et rend heureux.”

Mary, neuf ans, hongroise, demande pourquoi le Pape dit souvent que les adultes devraient apprendre des enfants. “Parce que vous êtes sages”, répond François. “Vous avez le cœur pur, vous n’avez pas de préjugés. Vous dites la vérité en face… Vous, sans vous en rendre compte, aidez les adultes qui savent vous écouter, et en particulier vos parents, à vivre de manière plus honnête et plus généreuse. Vous, les enfants, savez donner la bonne valeur au temps de la vie : le temps d’étudier, de prier, de s’amuser, de jouer seul, avec des amis et avec les parents. Et j’espère vraiment que les parents trouveront le temps de jouer avec vous. Et puis, vous aidez les adultes à rester humbles. Parce que pour vous, ils sont simplement maman ou papa, ou en tout cas des dames et des messieurs adultes. Alors, ‘bousculez’ ceux qui sont trop narcissiques : pour vous, cet adulte n’est pas important à cause de la position prestigieuse qu’il occupe ou parce qu’il est célèbre, mais simplement en raison du rôle qu’il joue envers vous.”

Paul a aussi neuf ans, il est norvégien, et il demande à François pourquoi il devrait prendre soin de la nature. “Parce que les changements climatiques et la pollution causée par l’homme – explique le Pape – peuvent entraîner la disparition de l’humanité. Par le biais de phénomènes tels que le réchauffement climatique, la destruction de la nature, la détérioration de l’environnement, la disparition des biodiversités qui en résulte. Ainsi que de nouvelles maladies mortelles. Mais j’ai confiance, dit encore François, dans une prise de conscience collective des jeunes et des enfants sur les questions environnementales : les garçons et les filles, les enfants, grâce souvent à l’école, ont compris que l’avenir leur appartient, et il est donc nécessaire que tous prennent des mesures de toute urgence dans le présent pour sauver l’avenir”, même si actuellement “les mesures écologiques convenues au niveau international par les États sont cruciales, mais aussi les comportements de chacun d’entre nous au quotidien : le tri sélectif, l’attention à ne pas gaspiller l’eau et la nourriture, la lecture de livres expliquant en détail les problèmes de notre Terre. Nous devons tous ensemble cesser de souiller la Création, et en prendre soin, en choisissant toujours des actions pour le bien de notre environnement, car c’est notre Maison commune”, un “engagement humain et aussi chrétien”.

En provenance du Soudan, Samuel, 10 ans, dit qu’il vit dans un camp de réfugiés parmi des amis malnutris et que quand ça va bien “nous mangeons un repas par jour”. Il confie au Pape qu’il sourit presque toujours même si parfois “soudainement j’ai envie de pleurer. Parce que je voudrais m’enfuir loin…”. François dit qu’il le comprend. “Tous les enfants, les réconforte-t-il, devraient pouvoir aller à l’école et avoir des espaces pour jouer et s’amuser”. Il ajoute qu’il semble presque normal de considérer que l’Afrique “doit simplement être exploitée et non aidée”. Mais je vous en prie, poursuit-il, “ne perdez pas l’espoir en un avenir meilleur. J suis convaincu que tôt ou tard, les pays les plus riches comprendront qu’ils ne peuvent pas continuer à utiliser puis à abandonner votre terre, qu’ils investiront des ressources pour contribuer à résoudre vos graves problèmes et à amorcer une transformation sociale qui permettra à tous de vivre dignement et de rêver à un avenir prospère qui n’est pas trop lointain”.

Alessandro, 10 ans, d’Italie, demande au Pape ce qu’il pense du fait que les adultes qu’il entend ne veulent pas que des familles de pays plus pauvres “arrivent dans leur pays”. Et que s’il en était ainsi, il ne serait pas devenu “ami avec Momo”. François réitère que ce qui compte, c’est la valeur de “l’amitié sociale”. Nous devons toujours, souligne-t-il, “nous considérer tous comme des frères et sœurs, sans méfiance sur le pays d’origine, la religion ou la culture différente. Vous êtes un exemple pour ceux qui ont des préjugés sur ceux qui viennent de loin, sur les ‘étrangers’. Personne ne doit plus se sentir étranger nulle part. Et vous, les enfants, êtes très doués pour accueillir de nouveaux camarades. Vous êtes capables d’intégrer votre identité – par le jeu, le dialogue – avec l’identité de ceux qui viennent de pays lointains, souvent parce qu’ils ont dû fuir les guerres, la violence, l’injustice, la pauvreté, la faim, les persécutions. Vous, les enfants, transmettez un message très important : s’isoler est faux et contre-productif. La connaissance mutuelle crée du bien des deux côtés. À commencer par de nouvelles amitiés. Même dans ce domaine, les adultes, y compris les dirigeants des nations, devraient apprendre de vous : conserver leurs racines et en même temps s’ouvrir au monde.”

S.C.