“Synode de la Méditerranée” : les évêques du bassin méditerranéen se réunissent en février en Italie

“Bari, frontière de paix en Méditerranée”. C’est le thème de la rencontre organisée par la Conférence épiscopale italienne (Cei) qui réunira les évêques européens, africains et asiatiques du 19 au 23 février prochain à Bari, capitale des Pouilles, dans le sud de l’Italie. C’est le Pape François qui viendra conclure leurs travaux, deuxième visite du Pape après le 7 juillet 2018.

L’événement a été rebaptisé “le synode de la Méditerranée” et concrétise un rêve cher à Giorgio La Pira (1904-1977), connu comme “le saint maire” de Florence: faire de la mer qui touche trois continents un inspirateur de relations pacifiques entre les peuples et les religions. Un “mouvement” qui prend la direction opposée aux croisés. 

Dialogue interreligieux

Dans son livre ‘Route des Indes’, l’écrivain anglais Edward Morgan Forster, définit la Méditerranée comme “la mesure de tous les hommes”. Pendant ces cinq jours de réflexion, l’Église catholique tentera de décliner cette idée chère au Pape François, comme au maire de Florence : la paix, mesure de tous les hommes de la Méditerranée, dans leur ensemble, sous le signe de Dieu.

Le programme, encore provisoire, de cette session 2020, confirme une convergence vers des thèmes unificateurs : de la vie de chacune des communautés ecclésiales au dialogue oecuménique et interreligieux.

Le Pape devrait évoquer largement ce dernier sujet dans son allocution finale. Il se bat pour que le dialogue entre les religions porte des fruits de paix. Cette rencontre représente une grande occasion pour rapprocher les Chrétiens aux deux grandes autres religions monothéistes de la Méditerranée: l’Islam et le Judaïsme. Pour ce qui unit soit plus fort que ce qui divise.

L’Italie, le lien avec la Méditerranée

Dans un article du journal catholique l’Avvenire, Mgr Antonino Raspanti, évêque italien de Acireale et vice-président de la Cei, explique que le choix des thèmes a été motivé par “l’exigence d’une écoute directe, ouverte et sincère qui permet de partager fraternellement les différentes sensibilités, richesses et fragilités que les Églises reçoivent dans l’annonce traditionnelle de l’Évangile dans leurs divers territoires”.

Les thèmes de l’immigration, de la crise économique, des injustices et des déséquilibres qu’elles provoquent, de la perspective d’une coopération, seront autant de sujets au centre des discussions.

De son côté, le cardinal Gualtiero Bassetti, président de la Cei, a cité le père italien et politique “don Luigi Sturzo” : “se rapprocher de la Méditerranée signifie la comprendre, l’aimer, la conquérir, non pas avec le pouvoir mais avec la civilisation”. “Comment est-il possible que toute l’Europe, s’est interrogé le Cardinal, ait été conçue au Nord? Notre continent ne peut pas être déséquilibrée et conditionnée par des logiques de marchés sans construire cet indispensable tissu social de ‘la patrie commune’.”

“Je suis convaincu que l’Italie peut, encore aujourd’hui grâce à cette rencontre, être le lien à travers lequel l’Europe retrouve, dans la Méditerranée, ses racines culturelles et spirituelles. D’ailleurs, l’Europe, toute l’Europe, est méditerranéenne”, a conclu le prélat, faisant références aux discours du Pape François sur l’accueil lors de ses visites à Lampedusa et Lesbos.

Bari, “capitale de l’accueil”

Une centaine d’évêques de 19 pays des trois continents du pourtour méditerranéen sont attendus. Après un discours d’ouverture du président de la Cei, les prélats tiendront deux jours d’échanges importants les 20 et 21 février. Le 21 après-midi, les évêques iront chacun célébrer une messe dans des paroisses locales. La conclusion des travaux est prévue le 23 février, avec un synthèse de la session, une rencontre avec les Institutions supranationales, la messe en la Basilique Saint Nicolas de Bari célébrée par le Pape et son discours conclusif.

Pour la ville de Bari, c’est l’occasion d’affirmer sa centralité et son rôle de “capitale de l’accueil”, un rôle consacré prestigieusement avec cet événement. Un rôle non seulement social et religieux mais aussi très politique sur la scène internationale, qui place le maire de ville Antonio Decaro (démocrate) face à de grandes responsabilités pour suivre les traces de “saint maire” Giorgio La Pira, et poursuivre avec courage sa propre “politique extérieur” signe de paix et d’accueil.

“La volonté du Pape de revenir à Bari nous remplit de joie. L’accueillir ici avec tous les évêques de la Méditerranée nous aidera à nous rappeler que notre histoire et surtout notre avenir, sont fait de paix, de dialogue, d’espoir, d’accueil et de tolérance”, a déclaré le maire de Bari à l’annonce de ce rendez-vous.

Source: Gazzetta del Mezzogiorno
Photo: Le Pape François en visite à Molfetta (commune de Bari), 20 avril 2018